Fyctia

Chaque samedi, je m’occupe du très redouté « couneméle ». Ah, ah ! Vous vous demandez ce que ça peut bien être, hein, avouez ? C’est quelque chose que vous connaissez tous : les corvées du week-end. C’est-à-dire les COUrses, le NEttoyage, le MÉnage et les LEssives. Je leur ai donné un nom marrant pour que ça me paraisse moins terrible quand je m’y colle. C’est sûr que c’est plus sympa de dire : « À nous deux le couneméle ! » que « Allez, c’est parti pour quatre heures intensives de besogne ! ». Là, autant vous dire que j’abandonne avant même d’avoir commencé.

Sitôt que j’ai mis une machine en route dans la buanderie, je lance depuis l’appli Deezer sur mon portable la playlist « ménage en musique », l’envoie dans une enceinte bluetooth que je transporte avec moi au gré de mes pérégrinations, et c’est parti pour un décrassage en règle des lieux. Pas que je sois une maniaque du récurage, mais je suis censée entretenir cette maison, et puis je n’ai pas de loyer à payer, c’est donc le moins que je puisse faire. Sans compter que c’est agréable de vivre dans un endroit sain.

Après avoir aéré chaque pièce et mis à sécher ma deuxième lessive, je file sous la douche. M’occuper du jardin d’hiver est mon réconfort après l’effort. Dès que j’ouvre la porte-fenêtre coulissante qui permet d’y accéder, je suis assaillie par cette odeur de terre et d’humidité qui m’apaise et m’apporte un bien-être immédiat. Je commence tout d’abord par m’occuper de Trévor. Je remplis son bol de graines et de fruits secs, change son eau, nettoie consciencieusement les fientes sur le carrelage en terre cuite, le mobilier en rotin et la petite table en fer forgé. Mes proches me demandent régulièrement pourquoi je ne me décide pas à acheter une cage pour mon perroquet. Ça m’éviterait tout ce travail supplémentaire. Et je leur réponds à chaque fois que je préfère passer un peu plus de temps à ramasser ses déjections qui, en plus, font un très bon engrais pour les plantes, que de le voir enfermé et malheureux. Il mourait à petit feu dans cette cage ridicule où je l’ai vu la première fois. Hors de question de le remettre dans un truc pareil ! Lorsque j’ai terminé, je passe à l’étape suivante : arrosage des plantes, ajout de fertilisant biologique pour mes orchidées, rempotage quand c’est nécessaire et taille des bonzaïs.

Après tout ça, j’ai bien mérité une petite pause ! Je file à la cuisine me préparer un encas et un thé au jasmin puis retourne dans ma pièce préférée pour les déguster. Il est grand temps que je remplisse mon garde-manger. Ce midi, je n’ai trouvé que des bricoles à me mettre sous la dent : des crackers, un vieux bout de fromage et une pomme.

— Tu ne connais pas tous ces tracas, toi, m’adressé-je à Trévor. Tu es logé, nourri, dorloté.

« Dorloté ! » « Dorloté ! »

— Oui, c’est ça, dorloté.

J’attrape un crayon et un papier sur la table et, tout en grignotant, me lance dans la rédaction de ma liste de courses pour la semaine. Tout un programme…