loup pourpre Mon copain, le ragondin 18) Je m’engatse

18) Je m’engatse

Oh mais quoi ? Comment ? Qui ? Où


Qu’est-ce qui se passe comme bordel dans ma maison ? !


Un peu dans le pâté et beaucoup dans le canard, je me dépêtre de mes draps de soie et, en cancanant, me lève de mon futon. (C’est un lit parfait pour moi, il faut le comprendre.)

Sortant de ma chambre, je glisse de ma moquette noir mat à mon parquet en noyer contrecollé, ciré de frais par mon valet de chambre.


Ou serait-ce une de mes soubrettes ? Me dis-je en trébuchant sur mon tapis persan. Ce sont de vrais fées du logis qui savent bien astisquer tous les contours des meubles en plus.


Restant sur cette pensée, je parcours le couloir. Frôlant un lévrier d'or, celui-ci porte la mémoire de cette galerie de l’art qui est parsemée de portraits de Seigneurs de la Renaissance à l’air si coincés. Ils ne devaient pas trop s’amuser dans la galéjade ceux-là.


Je me dirige vers mon salon, les pieds tout aussi nus que ceux d’un bébé. J’adore la sensation du parquet si lisse, si frais contre mes petits petons. Je ne peux pas m’en empêcher. C’est jouissif.


Tout à coup, je tends l’oreille.


C'est bizarre. J’entends des bruits de gorge émis depuis la salle de bain des invités.


Un intrus trop délicat ? Non. Un invité indélicat ? Oui. Cela me met tout de suite les nerfs en pelote.


*** ***


C’est une scène de crime que je vois là. Ma commode Louis XV est renversée. Faut le faire pour bousculer ce gros bébé si bien tanqué. Et puis, l’état désastreux du sol.


On dirait qu’on a appelé les pompiers, qu’ils ont sorti leur grosse tuyauterie et ont tout aspergé. Je piétine à moitié dans une flaque à l’allure douteuse et met mon nez là où il ne faut pas. Je ne sais pas de quelle liquide ils ont noyé l’incendie mais cela ne sent pas la rose. Ça sent l’armagnac. Celui qui a gerbé, ce n’est pas quelqu’un qui est soubr... eeehhh !!!! Je le sais, pour sûr.


Une furie s’empare de moi. Quel malotru a fait cela !


Je me rapproche de plus en plus de l’épicentre du drame et entends de plus en plus des bruits de gorge. Du papier toilette voléte dans l’air comme si une momie avait pris ses jambes à son cou.


Et là, je le vois. La tête dans les toilettes et le cul à découvert.




— Mais qu’est-ce que ... ? Vous allez bien.


Se retournant, il me fixe un instant le regard fiévreux et l’air hagard. Après une gerbe de vomi où je détourne le regard, il me répond d’une voix pâteuse.


— Oui, à part que votre Bento de la Mort a failli m’achever...


Je ne sais si je dois rire, pleurer ou gerber. Ah, le bento de la Comtesse de Strückmuch ! J’aurais dû le jeter direct à la poubelle mais je ne pouvais pas me douter qu’une petite poule irait planter son bec dans le sac à grains. Ou dans le porc au caramel, aux fraises et aux artichauts.


— Je vous signale que je suis encore convalescence... À ce que je sache, cela n’aide pas un malade de se prendre direct dans la gueule une intoxication alimentaire...


Sa tirade est ponctuée de re-dégobillages peu charmants. Il m’en bouche un coin-coin celui-là, à se pâmer un coq aux prises avec la cuve des toilettes. Même dans cet état, il a toujours son ton narquois mais je vois qu’il ne va pas bien. Il a l’air si pitoyable que ma colère retombe comme un soufflé. Je me penche vers lui pour le réconforter en une caresse sur le dos quand il se retourne brusquement.




Malencontreusement, nos lèvres se rencontrent. L’électricité parcourt mon corps et j’hésite une seconde de trop à reculer. Puis, le fais finalement, sortant de l’immense salle d’eau.


— Ah ! Mais faites attention derrière vous, espèce de marlou !!



L’air goguenard, il prend la pique avec bonhommie.


— Moi, un espèce de marlou ?! C’est trop vite dit avant d’avoir essayé vraiment. Quoique, vous avez à l’instant goûté à mes lèvres, était-ce bon ?


Je me fais la mine rouge telle une pivoine et bégaie, me calant maladroitement au chambranle de la porte :


— Franchement, cela m’a dégoûté. Cela avait un goût de vomito.


— Ah ! Je suis déçu de voir que ça ne vous a pas plu. Si je me lave les dents, on pourrait ré-essayer.


Ne sachant que répondre, ma langue trébuche :


— Euh ... euh... Bon. Je vais chercher une serviette humide et des anti-vomitifs pour faire passer votre mal.




Je m’enfuis fissa, ne lui laissant pas le temps de répondre. Peu de temps après, je me retrouve devant l’armoire à pharmacie de ma salle de bain privatif. Je m’observe dans le miroir et vois un coquelicot sur pattes aux mèches rousses de travers. J’ai l’air pantelant d’un chien aux abois. Je me passe un coup sur le visage et laisse couler l’eau un temps.


Penché au dessus de l’évier, je suis perdu dans mes pensées.



Là, pour moi, c’est tout un chamboulement. Ce baiser. Ce contact si charnel. Ces lèvres si douces. Cela a duré une éternité de quoi ? De gêne ? De bonheur ?

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14 commentaires

MélineDarsck

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Il y a 9 jours

Je reviendrai :)

loup pourpre

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Il y a 9 jours

Merci de ton soutien.😉

MarjorieM

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Il y a 10 jours

Je suis à jour ;)

loup pourpre

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Il y a 10 jours

Merci. 😊

DOM75

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Il y a 11 jours

🧚‍♂️

loup pourpre

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Il y a 10 jours

😁☺️

Gottesmann Pascal

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Il y a 11 jours

Ah ouais...le premier baiser aurait pu être plus romantique. En tout cas un des deux a aimé.

Amphitrite

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Il y a 11 jours

Le goût de vomi est un puissant aphrodisiaque, c'est bien connu.

loup pourpre

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Il y a 11 jours

Ah ouais ! La magie du premier 💋 💏. 😉
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