loup pourpre Mon copain, le ragondin 9) Quel fadjo ?! 2

9) Quel fadjo ?! 2

— Va donc ! Et moi, je suis la Vierge Marie.


— Vous ne me croyez pas ?!


Ma voix rauque porte tellement dans la pièce aux murs froids qu’on aurait dit celle d’un hôpital abandonné.


— Comment le pourrais-je ?! Tout est si improbable. À commencer par ce marsouin qui se prend pour un médecin.


Le dernier sus bien nommé s’offusque :


— Je vous signale que le marsouin a un nom : Derek Chris Shephard.


Le Barbe Bleue des Temps Modernes rétorque :


— C’est bien beau. Qui t'a demandé ton avis; toi, le fou d’amour disyllabique ?!


Fâché et battu comme du blé, ce dernier se cale au fond d’un angle de la pièce. Ne voulant pas recevoir plus de coups de bâton verbaux, il se tut un temps, pris par une pensée.


Ce patient si impatient est abominable ! Quel malotru !!


Soudain, mon ton résonne avec une vigueur soudaine :


— Vous ne pouvez pas parler avec tant d’impolitesse à quelqu'un ! Cela ne se fait pas, vieille branche !!


Il me fusille de son regard vert d’eau, sous un ombrage qui me donne la chair de poule.

Sa réplique se fait tel un fouet cinglant :


— Dis donc, petit bonhomme. Tu prends un peu trop tes grands airs dans cette pièce.


À quelques centimètres de moi, il me surplombe de sa cime de hauteur. Je sens son souffle chaud et puant, et, me prends cette fournaise malséante. Je réponds aussi rudement :


— Je ne suis pas votre petit bonhomme, je vous signale. J’ai trente ans.



Je le vois vaciller d’étonnement face à moi; un arbre petit mais costaud après tout. Je ne m’abats pas aussi facilement.


Il se reprend vite.


Amusé, il prend un air goguenard plus en douceur. Enfin, ce qui se rapporte à la douceur chez lui.


— Ah ! C’est chouette, tu as le plaisir de connaître la chair alors. Et tu as ta carte d’identité sur toi ? J’aimerais vérifier. Ou dois-je demander à ta maman de me la donner. Oú est-elle d’ailleurs ?


Je croyais l’avoir calmer mais non, ce n’est pas le cas. Il a une mine de chat jouant avec sa proie. Époustouflé par sa réserve d’aplomb et son gain d’assurance, mes mots se bousculent dans ma bouche. Sur sa lancée foudroyante, il persévère :


— Bien ! Reste muet. C’est là que tu es le plus beau, mon chou. Tu arriveras plus à t’étouffer qu’à me convaincre de ne pas me tirer d’ici.



Le docteur les regarde, abasourdi de percevoir cette scène folle.


Son patient n’a aucune limite. Il parle, ne se souciant ni de sa santé ni des autres.


Non mais qu’il est malade, cet ego-maniaque !


Encore plus que je le croyais.


Ce serait irresponsable de le sortir du lit d’hôpital alors qu’il a la tête grosse comme un melon.



On ne peut pas être de si fol humeur sauf si on est pris de...


Il s’éloigne de ce duo comique pour se porter dans l’encadrure de la porte de chambre et crier telle une mouette rieuse à ses petits :


— Infirmières ! On a un cas de délirium tremens sévère.


Deux blondinettes à l'allure d'armoires à glace font leur entrée. Serait-ce encore des femmes si ce n’est des hommes ? Le thanatopracteur en doute. En tout cas, l’autre qu’il a sauvé vitupère :


— Mais c'est vous qui délirez, mon gars ! Suis-je un alcoolo ?! Ai-je le nez rouge ?! Non ! Alors, laissez-moi sortir de cet asile de fous avant que je tue quelqu’un.


De ma petite hauteur, je le vois sautiller comme un écureuil enragé. Il harangue et repousse de coups de béquille le personnel médical qui essaie de l’aider.


— Le sujet se rebiffe. Nous ne pouvons pas le laisser prendre l'air. Veuillez préparer les calmants, mesdames.


Celle à l’allure frigide d’une finlandaise revenue d’hibernation prépare le médicament. L’autre soignante pas si soignée se rapproche avec l’aura d’un matador voulant mater quiconque.


— Arrière, suppôt de Satan ... !!!


Sa voix est digne d’une crécelle sous produit dopant.


Suppositoire de Satan plutôt.


J’ai quand même de la pitié pour lui. La seringue est énorme. On dirait qu’il va s’enfiler un gros cacheton.


Mais c’est vrai ...


Il mériterait d’être bandé comme une momie et pas comme un arc. Il est tellement excité qu’il marche presque au plafond. On dirait qu’on devrait faire appel à l’exorciste. Une camisole de force ne serait pas trop pour ce possédé.


Là et maintenant, ce fut un vrai carnage. Je ne relaterais pas la suite des faits pour le bien de vos santés mentales.

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4 commentaires

Amphitrite

-

Il y a 12 jours

Zut j'avais loupé des chapitres!

loup pourpre

-

Il y a 12 jours

😊

Gottesmann Pascal

-

Il y a 14 jours

La vache, la scène est impressionnante. On s'y croirait. Et je retiens le suppositoire de Satan.

loup pourpre

-

Il y a 14 jours

Y a certaines pillules qu’on a du mal à avaler... ou à se prendre.
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