loup pourpre Mon copain, le ragondin 6) Quel fadjo ?!

6) Quel fadjo ?!

C’est quoi ça encore ?!!


Déjà que mon petit raton d’amour me fait la misère. Je n’ai pas besoin d’un truc en plus.


Me tenant le dos, je m’appuie sur le rebord de mon îlot central et me dépatouille comme je peux pour me mettre debout.


— Ah, mais quel ventre ! Tu ne penses qu'à te baffrer. Et moi dans tout ça ...


Se préoccupant peu de ma situation, mon petit compagnon fixe son repas. Il essaye de l'attraper en sautant le plus haut possible. N’y arrivant pas, il me houspille de ses mirettes vert d’eau.


— Et maintenant, tu me morigénes ! C’est le comble !! Mais .... attends ...


Un bruit de pas lourds et hésitants point de nouveau à l’extérieur.

— Attends un peu. Je vais sortir voir ce qui se passe ...



Je suis dehors et ce que je vois me sidère. Un colosse à la peau cuivrée est dans mon jardin. Il fixe un point proche.



Je tourne la tête dans cette direction et constate que c’est le mur de ma maison qu’il observe méchamment.


Oui, il est toujours en place comme il a toujours été, ducon, me fais-je la réflexion. Cela aurait été dommage qu’un individu détruit mon foyer malencontreusement. Vu mon salaire misérable, j’aurais été obligé de le reconstruire brique par brique tout seul.


Je me recentre sur le visiteur pas si désirable que ça. Quoique. Avec sa musculature qui se dessine sous son sweater violet, il me laisse rêveur.



Intrigué, je m’approche un peu de lui et c’est là que je l’entends.


Se tenant le front, il se parle à lui-même.


— Est-ce que vous allez bien ?


Cette phrase tombe de ma bouche comme un caillou dans la soupe. Honteux de s’être retrouvé là.


Que je suis con parfois ! C’est une évidence qu’il ne va bien s’il s’est pris le mur de ma maison.


Il tourne son regard en toute direction, sauf vers moi. Cela me vexe au bout d’un moment. Il marmonne quelque chose d’incompréhensible dans sa barbe bleue.


Oui, il a une barbe bleue. Ne me demandez pas pourquoi les gens aiment se teindre n’importe quoi. Même ce qu’ils ont de plus improbable.



Ça y est. J’ai compris ce qu’il faisait et il commence à me foutre les jetons.


Il compte les fleurs.


Eh oui ! Il énumère chacune comme si elles avaient un nom.


Sans pitié, il effeuille certains de mes pauvres coquelicots et autres beautés. Il aime conter fleurette ou quoi ?!




Au bout d’un dernier pétale de pâquerette enlevé, je déduis enfin que c’est un étranger.


Il a levé à peine un regard et a énoncé un "Bonjour'' d’un accent si typique et si enlevé. Et là, je me dis que c’est un français.


Comment vais-je communiquer avec lui ? Cela fait longtemps que je n’ai pas pratiquer la langue de Molière. Sauf d’un certain Scapin. Non, Scampino. D’ailleurs, c'était un coquin d’italien celui-là.



Il bredouille encore des noms sybillins dans sa légère moustache brune.


Peut-être que dans son pays, cela se fait.


Cependant, ça fait légèrement flipper dans notre patrie.


Et qu’est-ce qui tient dans sa main ? Cela brille au soleil et a un éclat métallique. Non, c’est pas possible. Serait-ce ... ?



Brusquement, il tourne la tête vers moi et avance petit pas feutré à petite démarche calenchée. Tel un loup qui dominerait sa proie. L’air neutre et froid. Presque carnassier.

Je me glace.


Resté immobile comme un poireau, je le regarde faire un moment, ce qui me paraît une éternité.


— Qu’est-ce que vous avez en main ?


Encore une bêtise que je prononce. Il ne va pas me le révéler ou me le donner. Cela pourrait l’affoler et précipiter ma chute.



L’objet est toujours dans sa main. Il ne le lâche pas. Si c’est ce que je pense. Il vaudrait mieux que je décampe et fissa.

Je panique et me prends les pieds dans mon terrain plat à l’herbe foisonnante.


Une seconde plus tard, je me demande comment j’ai fait pour m’étaler par terre.


Puis, je me rends compte que je suis mal chaussé.


Dans la précipitation, j’ai mis des chaussures deux fois trop grandes pour moi.


Oh mais quel mords-moi-le-noeud m’a refilé ses basques !


En y réfléchissant un peu, cela devrait être la semaine dernière. Certainement l’autre déguingandé numide que j’ai eu plaisir à descendre dans son nu.


J’ai l’impression que je me suis perdu dans mes pensées car je vois déjà l’homme sur moi. C’est trop tard.


Adieu la vie même si je ne t’ai pas trop aimé.



J’ai fermé les yeux. Rien ne se passe.


Tout à coup, quelqu'un gémit.


J’ai entendu beaucoup de gens le faire dans une certaine situation mais pas comme ça. Son ton est plaintif.


Interloqué, je décille, distendant mes cernes lourdes comme des poches.



Je vois alors une scène un peu trop probable.


L’homme, que je croyais être un agresseur, me tend une paire de clés.


Mes clés. Je reconnais le Rodoudou décoloré qui pend à l'arceau.


Ah, ben oui ! Comme d’hab. J’avais oublié mes clés dehors. Pas grave puisque quelqu'un me les a redonné.



Un gémissement similaire à celui d’avant parvient à ma raison. Je localise sa source.



À mes pieds, mon petit raton d’amour craille d’impatience, n’y tenant plus.


Il me regarde d’un air lamentable, quoique hâtif. Il se fait bientôt colérique et menaçant. Sous entendant ainsi une phrase comme celle-là:


Hey, hey. Ne m’oublie pas. Il faut nourrir bébé.



Je ris jaune et une pensée me vient.


Aucun souci de se faire cambrioler puisque j'ai déjà un molosse pour garder mon chez-moi.



Tu as aimé ce chapitre ?

3

3 commentaires

Krissa Danos

-

Il y a 8 jours

😂😂😂 Ça y est, je suis prise dans les filets de ton histoire ! C'est tellement drôle, si différent de ce que je peux lire habituellement. J'aime le changement et me voilà servie avec ton roman !

Gottesmann Pascal

-

Il y a 14 jours

Ah ouais sacré molosse dis donc. Un petit molosse de style cromignon choupinou a qui on a envie de faire des câlins plutôt que de s'enfuir.

loup pourpre

-

Il y a 14 jours

Oui. Il est trop choupinou et un peu parfois tenace, j’avoue.
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.