Fyctia
5) Où en étais-je ?
— Mon petit raton d’amour, qu’est-ce que tu m’as encore fait ?!
Se levant du canapé, il se dégage des bris de bois, en faisant bien attention à pas s’esquinter les doigts.
Puis, il saute de son assise.
( Il faut bien ça vu sa hauteur.)
Et il me fusille de son regard noir charbon ( bien qu’il soit vert jungle) comme si j’étais un condamné.
— Alors ?!!
Je couine éffrontemment. Je me lamente tendrement, me portant vers lui. Évidemment, cela ne marche pas.
Cœur de pierre !!!
Il reste implacable.
Je ne sais pas quoi lui répondre et je ne veux pas me justifier. C’était la survie de toute une espèce qui était en jeu.
Nourrir mon gros postérieur est le plus important. Il y a encore bien trop de place dans mon corps pour sous-estimer ma faim.
Et lui, il attend planté au sol, comme un pignon de pin sur un conifère.
Je n’ai pas le choix. Pour le faire bouger, je dois appliquer mon plan B. Ou C, je sais plus. Il y en a tellement dans ma tête aussi.
Tel un tragédien, je prépare mon jeu. Je mentalise la scène. Je dois être à l’égal des plus grands acteurs pour avoir ma pitance. L’émotion dans toute sa pureté.
— Non ! Ne commence à faire ton malheureux. Tu sais que je ne peux pas résister.
Je lui fais mon regard de chien battu version 2.0. Slash, j’ai perdu ma famille, mon amour, mes amis. Et ma virginité en prime.
Là, parfait. Je suis pleinement dans mon rôle. Avec la mèche sur mon front, je respire le Cid. L’Humphrey Bogart tout au moins. Même si je ne suis pas embrumé. J’ai pris mes pastilles exprès.
Il va craquer, c’est sûr.
Il va craquer, c’est sûr.
Il craque. Je vois son vernis craquer.
Toutes les couches de fond de teint gerçurent sur sa face.
Je gère, c’est sûr.
— Bon d’accord. C’est Ok. Tu as gagné. Je te pardonne mais ne me refais plus un coup pareil, hein ?
Je te promets. Si seulement je pouvais... N’y résistant pas, j’essaie de croiser les doigts derrière mon dos.
Quoi ?! C’est un demi-mensonge. Cela compte comme une vérité toute entière pour moi.
Pas facile des fois de tenir ses engagements. Surtout quand on n’est pas de bon matin et qu’on a le ventre en famine.
Ah, miracle ! Il se décide enfin à bouger. Mon repas soit loué.
Bien sûr, il monte sur un escabeau. C’est son seul moyen de survie s’il ne veut pas crever de faim.
Il ouvre le frigo et porte les victuailles ( mes victuailles) jusqu’au fourneau. Tout en ouvrant un oeuf sur une poêle frémissante d’une main, il se masse le crâne de l’autre, en disant un truc comme ça:
— J’ai assez mal au citron de bon matin...
Que ce soit son humeur ou sa dextérité, je m’en bats les steaks.
S’il pouvait se presser justement.
Mais, non. Il continue.
— ... si tu pouvais mettre un peu du tien et me faciliter la vie des fois.
Il se stabilise sur un marche -pied. ( Il en a toute une panoplie.) C’est un présent pour monter sur ses grands airs. Et SURTOUT, ne pas me faire mourir de faim.
Tout en cuisinant. Alléluia. S’il y a un dieu parmi les cieux, je le remercie uniquement pour ça.
Je sens déjà le gras du bacon qui grésille et va me degouliner dans la bouche.
Le moelleux des pancakes qui m’ira parfaitement sous les dents.
Le sucré du sirop d’érable qui ne me portera pas en carie.
À moi, le repas gargantuesque gorgé de saucisses et de choux à la crème. Mon pêcher mignon.
La montagne se fait sur une assiette. Que dis-je ? Sur un plat à gratin. Mon repas se prépare petit à petit sur le plan de travail
La salive me monte déjà à la gueule.
— Cela ne serait pas une sinécure, tu sais. Cela m’aiderait que tu fasses un peu d’effort.
Oh ! Qu’il est gonflant! Je ne fais pas assez d’efforts comme ça.
Je pose déjà mon gros postérieur sur une chaise et je m’attable.
Si ça, c’est pas un effort ?!
Sa diatribe me couperait presque l’appétit. Enfin, presque.
Tout ça aurait pu gâcher mon repas. Néanmoins, il se passa bien pire.
Soudain, un grand bruit emplit l’intérieur.
Je vois sursauter mon cuisiner en chef, manquant de se brûler la tartine. Il s’affale lamentablement au sol.
Bien sûr. Moi, je suis d’un calme olympien contrairement à mon compagnon. Lui, il lui en faut si peu . Un pet de mouche et il tressaillit.
Ah ! On doit sonner à la porte.
Non, c’est trop fort pour ça et cela me fait douter. Je reste de marbre et localise l’origine du son.
Oui, vu tout le boxon...
C’est plutôt qu’on défonce le mur.
Une grosse mouette se serait-il écrasée sur notre façade ?
7 commentaires
Krissa Danos
-
Il y a 9 jours
Gottesmann Pascal
-
Il y a 15 jours
loup pourpre
-
Il y a 15 jours
MelinaSANYA
-
Il y a 16 jours
loup pourpre
-
Il y a 15 jours
Mapetiteplume
-
Il y a 16 jours