Fyctia
Chapitre 5.2
MARIA
Ce soir, nous mangeons à l'extérieur. Nous sommes dans un bon emplacement où nous pouvons trouver de nombreux restaurants à quelques pas de notre demeure. Il y a du monde dehors, des jeunes, des vieux ou même des familles, c'est bien animé. Au loin, je remarque un restaurant qui paraît être pas mal.
— Tiens, ça vous dit lui, il doit être bon ?! Je le pointe du doigt.
— En effet ! s'exclame Anas.
Nadir n'est pas d'accord.
— On va là-bas, je m'en fous.
— Non, il y en a d'autres meilleurs ! il s'emporte.
— Je sais pourquoi, dit sa sœur avec un sourire en coin.
Nadir la fusille du regard, ce qui me fait rire. Je suis sûr qu'il cache quelque chose lié à ce restaurant. Elle me lance une œillade en me faisant comprendre que nous allons bientôt le découvrir. Nous nous comprenons simplement par des regards.
— Ta meuf, elle travaille là-bas ? Interroge Zaïm avec un ton de plaisanterie.
— Bingo ! Crie Sana.
Nadir est à deux doigts d'attraper sa sœur par les cheveux.
— Allons-y vu que tout le monde veut manger là-bas ! dit-il agacé.
C'est ce que nous faisons. Une serveuse s'avance vers nous, mais dès que son regard tombe sur celui de Nadir, elle s'arrête et ne bouge plus de sa place pendant un instant. Ne me dites pas que c'est elle ? Quelle coïncidence. Une jolie brune aux cheveux bouclés, et je dirai qu'elle est plus jeune que moi. C'est marrant d'assister à ça, car on se croirait dans un film romantique où la fille rencontre son amour sur son lieu de travail.
— Nadir, Nadir, chuchote Sana. C'est elle, non ?
— Ta gueule, lui répond-il également en chuchotant.
Sana veut exploser de rire. Elle aime beaucoup embêter son frère et c'est amusant à voir. En revanche, ça doit être tellement gavant pour mon cousin. La fille en question s'éclaircit la gorge, retrouvant un air de sérieux et professionnel. Elle nous place à une table et puis nous prend nos commandes. Nadir ne la lâche pas du regard, elle est mal à l'aise et ça se sent. Il ne lui rend pas la tâche facile. La copine de mon cousin prend la dernière commande.
— Belle-sœur ! Je pourrai avoir une boisson en plus s'il te plaît et merci, en lui souriant.
— Sana ! peste son frère.
Les joues rouges, elle hoche la tête en lui rendant un sourire timide avant de s'en aller.
— Tu joues à quoi sérieusement, tu me fais honte devant elle, et devant tout le monde !
— C'était pour rire, elle va oublier, répond-elle en levant les yeux au ciel.
Nadir continue à passer un savon à Sana pendant que les autres rient et regardent ce spectacle. Contrairement à moi, je pose mon regard sur Zaïm sur son téléphone et qui ne prête pas attention à leur dispute. Je ne sais pas pourquoi je veux le scruter, il m'attire comme un aimant.
Si nous avions continué à se parler, quelle serait notre relation actuellement ? Meilleurs amis ? Ou peut-être... dans une relation amoureuse ? Non, je doute là-dessus.
Il lève la tête vers ma direction, il a dû sentir mon regard, malgré cela ne m'a pas poussé à le quitter des yeux. On dirait que le temps s'est arrêté.
Soudainement, une assiette apparaît devant mon champ de vision. Une serveuse dépose mon plat. Ce n'est pas la copine de mon cousin, je pense que celle-ci ne veut plus nous servir à cause de ce qu'il s'est passé.
Grâce à la serveuse, je suis revenue à la réalité. Zaïm, je le trouve très attrayant, totalement mon style et ça m'embête. Parce que je ne fais que de le mater, et ce n'est pas du tout mon genre de faire ça. C'est bien de se rincer l'œil de temps en temps, mais là, je trouve que j'exagère.
Nous bavardons tout en dégustant nos plats. Les garçons parlent de foot comme d'habitude, Anissa est sur son téléphone puis Sana et moi parlons de coiffure. De manière imprévue, elle change de sujet en me posant une question :
— Dis-moi, c'était quoi ça ?
— De quoi tu me parles ?
— Ce regard sexy, souffle-t-elle.
Je vois très bien de quoi elle me parle, mais je nie, j'ai un peu honte. Moi-même, je ne sais pas ce que c'était. Ça n'a duré que quelques secondes, comment elle a pu remarquer ? C'était si voyant que ça ?
— Tu me parles de quoi ?
— Toi et Zaïm, murmure-t-elle.
— Je ne sais pas de quel regard tu me parles, en prenant une bouchée de mes spaghettis.
Ensuite, je lui demande de l'eau en changeant de sujet. Je reporte mon regard sur lui, il a la tête tournée et je remarque une petite marque noire située légèrement en haut, derrière son oreille.
— Sérieusement, pourquoi mentir ? persiste Sana. Il se passe quelque chose entre vous ?
— C'est quoi ce qu'il a derrière son oreille ?
— Hein ?
Je lui demande de vite regarder.
— Oh, c'est un tatouage non ? Je n'ai jamais remarqué, t'as l'œil pour une myope !
— Je me disais bien, mais il est discret son tatouage, c'est pour ça que l'on ne l'a jamais remarqué.
— Les filles, vous voulez un dessert... vous regardez quoi ?
Mon cousin porte son regard vers ce qui retient notre attention.
— Zaïm montre-leur ton tatouage, elles sont curieuses ces deux-là !
— Oh ça.
Il nous montre. Qu'est-ce que c'est ? Une date ? Un nombre ? Je ne vois pas clairement. C'est si minuscule, impossible de savoir. Mais tout ce que je sais, c'est qu'il y a des chiffres, enfin normalement. Je pourrais lui demander, mais je n'ose pas.
— C'est une bêtise que j'ai faite pour mes dix-huit ans.
— Grosse bêtise même, tu sais bien les tatouages, c'est haram (péché) ! En vrai, t'aurais dû le faire au bras au lieu de là, ça aurait fait plus stylé !
— J'ai fait exprès pour que ma mère ne le voit pas, en fin de compte, elle l'a rapidement aperçu. Elle m'a pris la tête pendant plusieurs jours, vous connaissez les mamans.
Anas éclate de rire, suivit de Nadir en se moquant de lui.
— Et ton père ? je l'interroge.
Oh. Pourquoi tous les yeux grands ouverts me fixent et l'expression de Zaïm est morose ? Aurais-je dit quelque chose de déplacé ? Après tout, ce n'était qu'une question, n'est-ce pas ? Sana attrape mon bras puis me lève de force de ma chaise, je lui jette un regard confus.
6 commentaires
illusiona
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Il y a 4 mois