monach_wattp Mon Cœur L’a Choisi Chapitre 2.2

Chapitre 2.2

ZAÏM


...C'est la première fois que je le vois aussi affaibli. Il est réellement souffrant, mais il s'efforce de ne rien laisser paraître. Le médecin m'a fait part de son allergie alimentaire. Je n'avais même pas été informé de son allergie.


— Zaïm, m'interpelle-t-il.


Il replie le journal et le dépose sur la table. Je suis assis pas loin de lui, il tourne la tête vers moi. Ce regard familier qu'il me jette, auquel je me suis habitué. Un regard dur.


— Ne fais confiance à personne, même pas à ta propre famille.


Il y a sûrement une raison derrière cette mise en garde.


— Quelqu'un a essayé de te tuer ? je demande.


Il ne dit rien et prend une gorgée d'eau, puis repose son verre. En adoptant des mouvements calmes et délicats, pour un homme de caractère strict.


— C'est moi qui parle, finit-il par me répondre.


Nous n'avons jamais été proches. Nos échanges se limitent au travail, rien de plus et de moins. Parfois, nous discutions d'autres sujets, mais cela ne dure pas plus de quelques minutes. Il est toujours sérieux... Je ne l'ai jamais vu sourire. À moins que si, une seule fois, lorsqu'il est venu me chercher au Canada. Ce bref sourire était destiné à ma mère. Lui, mes parents et le cousin de mon père, Kamel, étaient inséparables dans leurs jeunesses. C'est triste que cela soit terminé ainsi.


— Fils...


Je déteste quand il m'appelle ainsi, comme si j'étais vraiment son fils.


— Fais attention à toi, surtout au monde dans lequel tu vis, poursuit-il.


Faire attention ? C'est à cause de lui que je me suis retrouvé dans ce monde ! Il ose également me conseiller, de ne pas faire confiance à ma propre famille. Alors que tout de suite, je peux le buter. Il a une confiance si naturelle en moi parce qu'il sait que je ne tenterai jamais rien. Pourquoi? Pourquoi n'ai-je pas mis fin à tout cela en le supprimant? Seulement parce que je lui suis redevable de nous avoir libéré de mon père. Voilà, la raison.


Soudain, la porte s'ouvre brutalement. Une blouse blanche entre, pensant que c'est le médecin. Mais remarquant le visage de la personne, mes yeux s'écarquillent de surprise. Qu'est-ce qu'il fout ici ? Pointant un pistolet en direction de mon oncle ?


— Je savais que tu viendrais, déclare Vincent.


Il reste étrangement impassible face à cette situation. Un silence pesant avant que mon père ne lui réponde :


— Suis-je vraiment ton frère? lui demande-t-il avant qu'un coup de feu retentit dans la pièce...


Le simple fait de le revoir m'avait paralysé, tous les souvenirs ont refait surface. Me souvenant de tout ce qu'il avait infligé à ma mère et à moi, et j'étais effrayé. Moi, Zaïm, qui avait tué de nombreuses personnes depuis mon adolescence et je craignais toujours mon père. En y repensant, je ressens de la honte. J'aurais dû lui faire face sans être aussi fragile qu'auparavant. Cependant, le corps, lui, se remet, mais la peur est profondément ancrée. Il était clairement mon traumatisme.


J'avais remarqué un changement en lui, certainement pas en bien, mais en pire. Pire qu'autrefois. Il était devenu cinglé. Bien barjot au point de tuer la personne qu'il considérait comme un véritable frère, avec qui il avait partagé son enfance. Kamel, le bras droit de mon oncle, m'avait rapporté que mon père était en psychiatrie pendant toutes ces années. Vincent l'avait contraint à cet enfer, placé sous une surveillance stricte, le conduisant à sombrer dans la folie. Ce jour-là, il s'était échappé de l'hôpital, retrouvant Vincent pour l'abattre tout en répétant sans cesse : "Je suis ton frère, je suis ton frère..."


Après lui avoir tiré dessus juste sous mes yeux, mon père me fixa longuement pour ensuite se tirer une balle dans le crâne.


Normalement, la chambre était gardée par deux de nos hommes. J'avais trouvé ça louche, j'ai essayé de comprendre s'il ne s'agissait pas d'une d'attaque d'un de nos ennemis. Mais je n'ai rien découvert jusqu'à aujourd'hui.


Depuis cet événement, j'ai pris la place de mon oncle, mais le traumatisme s'est accru. Je n'arrive plus à dormir paisiblement, le visage de mon père hantait mes rêves, ou plutôt, mes cauchemars. J'avais mis du temps avant de rendre visite à ma mère. Elle n'était pas au courant de mes activités, mais tout de même, elle m'avait supplié de revenir au Canada. Je ne pouvais pas repartir. Il me l'avait confié et je n'avais pas le choix. Je suis coincé dans ça et pour toujours.


J'avais tenté de m'échapper plusieurs fois de lui, mais c'était impossible, il me retrouvait toujours, et finalement, j'avais abandonné. Ainsi est ma vie depuis mes seize ans. Une vie qui ne m'appartient plus, il est entre les mains de mon oncle, bien qu'il soit maintenant mort.


En revanche, quand je l'ai revue... J'ai eu l'impression d'avoir obtenu une seconde vie. De pouvoir vivre une nouvelle fois.


Aujourd'hui, je suis tombé sur elle par hasard, à l'aéroport. Je l'ai immédiatement reconnue. On n'oublie pas la fille qui nous a marqué. Quand je l'ai aperçu, mon cœur a bondi et ça faisait une éternité que je n'ai pas ressenti ça. Elle est aussi attirante que lorsque je l'ai vue pour la première fois...


Comme une fleur qui se trouvait au plein milieu des champs, seule et lumineuse. Ça a été ainsi que je la percevais autour d'une foule qui attendait impatiemment leur vol. Assise, en train de lire un bouquin en attendant son avion, par chance, le même que le mien. Le retard de notre vol m'a offert l'opportunité de l'observer davantage au loin. La simple vision d'elle ravivait mon humanité. J'ai eu l'envie de la rejoindre, m'asseoir à côté d'elle, refaire connaissance, mais ce n'était pas possible. Pas pour l'instant.


À un moment, elle a relevé la tête, nos regards se sont croisés et j'ai subitement baissé la tête, ajustant ma casquette. Cependant, je doute qu'elle m'ait reconnu, car j'ai énormément changé. Si elle sait tout ce que j'ai vécu, tout ce qui m'a été interdit, je doute qu'elle me croirait. De toute façon, je ne lui dirai rien.


À présent, elle est juste en face de moi. Elle ne fait que jeter des coups d'œil dans ma direction. Elle ne m'observe pas comme quelqu'un qui me connaît, mais plutôt comme si elle essayait de savoir qui je suis.


Maria, m'as-tu réellement oublié ?



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4 commentaires

Alexandra ROCH

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Il y a 3 mois

💕

WriteYourDream

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Il y a 4 mois

Bah oui bichette, elle ne sait pas qui tu es 😭 J'ai trop hâte d'avoir la suite !!
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