Caroline M-P Mon beau cactus, roi du salon Je vais mourir !

Je vais mourir !

Alia

Plus jamais.


Ma main maintient ma tête droite.

Enfin, elle essaye.


Sa seule mission est d'aider cette dernière à ne pas tomber en avant.


Fastoche, non ?


Si cela peut éviter que je fasse une chute malheureuse, ça se tente en tout cas.


Imaginez un peu.


A lire en une des journaux :

Une femme ivre s'effondre dans les vestiaires de son travail et s'ouvre le crâne contre le banc.


Ou


Ivre, une hôtesse se fait happer par les moteurs.

Mais que faisait-elle près du moteur ?


Pour répondre à cette question, je pourrais dire pour ma défense que je cherchais tout bonnement la porte afin de pouvoir embarquer.


En imaginant des morts possibles pour moi, je me marre en me rappelant une série télé que j'avais regardé il y a quelques années.

Une jeune fille se trouvait en pleine rue, bien apprêtée et là, une boule de feu se dirige vers elle et la tue. La boule de feu en question : La lunette de toilettes d'une station spatiale.


VDM.

Des fois, il ne faut mieux pas de lever.


Au final ma mort ne serait pas si impressionnante.

J'en suis presque déçue.


- Joyeux Noël tout le monde ! crie une voix féminine dans le couloir, à proximité de mon refuge.


Pas d'humeur, je masse mes tempes et grommelle toute seule.

Primo : Ce n'est pas encore Noël.

Deuxio : QUI HURLE A CETTE HEURE LA FRANCHEMENT !


Le vol va être long.

Très long.

Trop long.


Il est trop tard pour me faire remplacer ?


Pourquoi mes neurones n'ont-ils pas carburé au réveil, afin de tenter d'échapper à cet enfer ?


Non, ce n'est pas vrai.


Mes pauvres neurones ne sont pas anesthésiés par la trop forte dose d'alcool que j'ai ingurgité en mangeant du poisson cru.

Ils n'étaient tout simplement pas réveillés.


Plus jamais je n'écouterais Damian.

J'aurais dû le savoir. Mon ami a toujours des fausses bonnes idées.


"Alia buvons un petit verre tous les deux. On ne se voit pas assez. Je veux profiter de mon amie."


C'était mignon.


"Allez, en boire un seul, c'est pour les petits bras."


Ça ne peut pas faire de mal.


"Tu es la plus forte de toutes les hôtesses qui ne s'envoient pas en l'air. Bravo à toi Alia. Tu es une superhéroine de la constipation sexuelle."


Il était déjà cuit et moi aussi, vu que je n'ai pas répondu.


En y repensant, Damian a eu énormément de chance hier.

J'étais beaucoup trop ivre pour tenter de le tuer avec mes baguettes.

Si je les avais enfoncé dans son nez, est- ce que j'aurais pu atteindre son cerveau ?


Voilà ma prochaine recherche internet.


Fâchée de sa remarque sur mon manque d'activité physique, somme toute fondée, j'ai bu plus que de raison et maintenant, j'en paie le prix.


Mon intimité prend la poussière, comme les meubles de notre appartement.

Aucun homme n'est digne d'après Robert, de pénétrer ma vie.


Oh la vache le lapsus.


En pensant à mon entrejambe qui doit ressembler à un désert, une remontée acide me brûle l'oesophage.


Pourquoi a t'on mangé sushis hier ?


Sushis et alcool s'avère un très mauvais combo pour mon estomac.


Nouvelle promesse à respecter :

Plus jamais de sushis avec de l'alcool.


C'est soit l'un, soit l'autre, mais plus jamais les deux en même temps.


Error fatale.


Je tente de m'habiller depuis maintenant une dizaine de minutes.


Comment se fait-il que ma tenue ne soit pas plus simple à enfiler ?


Un jogging, un sweat à capuche et des baskets, voilà la tenue qui devrait être règlementaire.


Quand je vois la taille des talons, je me demande comment il est possible de tenir debout avec ?


Ça doit être un concept que mon cerveau ne comprend pas.


Je boutonne mardi avec mercredi et me fais la réflexion que les chemisiers de cette compagnie aérienne sont asymétriques, avant de voir l'arrière de mes orbites tant je louche devant le miroir.


La journée va être longue ma grande.


*****


Après une dizaine de minutes, je sors du vestiaire fière de moi.


Une petite victoire pour moi et une grande victoire pour... la compagnie.


Note à moi-même : Dis juste bonjour aujourd'hui. Abstiens toi d'essayer de tenir une conversation. Tu n'es vraiment pas en état.


- Bonjour. Vous devez être la nouvelle, me dit alors un blond aux yeux bleu, à peine mon pied posé dans l'avion.


Flippant.


A sa tenue, il doit s'agir du copilote de l'avion. Agé d'une trentaine d'année, il a des dents très blanches.

Alors que je me concentre pour lui dire Bonjour, ses yeux se posent sur ma bouche.


Il ne s'en doute pas, mais elle peut mordre.

Et pas gentiment.


- Je m'appelle...


Ma tête me lance et mes pieds comprennent qu'il faut s'éloigner du danger. Ils se dirigent vers l'arrière de l'avion, avant que j'ai pu dire quoi que ce soit.


Hors de question d'échanger avec un être humain dans mon état.


J'organise mon espace de travail, tandis que les deux autres hôtesses font la même chose à l'avant.


Non.

Non.

Tout mais pas ça.


Comment est-il possible d'oublier les plateaux-repas ?


A l'agitation des autres hôtesses, je comprends qu'il ne s'agit pas que de mon poste.


Une voix d'homme surpasse celles des hôtesses.


- J'y vais avec la nouvelle avant que notre client arrive. Allez la nouvelle, on y va.


Pourquoi toutes ses paires d'yeux me regardent-elles ?


Le copilote me sourit de toutes ses dents blanches bien alignées et me fait signe de le rejoindre.


La nouvelle ? Ah la nouvelle, c'est moi...


- Allez dépêchez vous avant qu'on soit tous foutus, dit alors la brune en me fusillant du regard.


La rousse quant à elle, me sourit de manière très déplaisante.


Je n'aime pas mes collègues. Voilà c'est dit.


Voilà la mission très sympathique que l'on m'a confié :

Courir jusqu'aux cuisines de l'aéroport avec des talons de 8 cms pour récupérer les plateaux repas qui devaient s'y trouver depuis une bonne heure normalement.


Faire tout ça dans mon état actuel.

Ils ne doivent pas avoir peur d'un accident de travail.


Est-ce qu'on fait un contrôle d'alcoolémie quand on se blesse sur son lieu de travail ?


Je chasse cette idée de ma tête et me convainc de tenir debout, droite dans mes talons, pendant les quelques minutes que cela va prendre.


Ma fierté approuve ma décision.


NINJA ALIA.


Je m'élance et manque de tomber dans les marches en descendant.


Un faux pas, tout va bien.


Je suis mon collègue.


Allez Alia.

Allez Alia.

Allez Ali...

Allez Al...

Allez A...


Je vais crever.


















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1 commentaire

loup pourpre

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Il y a 20 jours

Pour la plupart, les meilleur(e)s ami(e)s ont toujours les plus mauvaises idées. Ah, ce Damian !
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