Michbonj Miel prend le 96 Bienheureuses visites en enfer

Bienheureuses visites en enfer

Desnos ne sut jamais si Miel avait comprit, il refusait de parler. Enfermé dans son mutisme, il ne voulait rien que préserver Claire, sa Claire. Il n'arrêtait pas de songer à elle et il espérait qu'elle s'en sorte de tout son cœur brisé. Il savait que tant qu'il serait là, elle ne risquait rien.

Françoise réussit à voir Miel un soir, elle entra dans la chambre habillée en infirmière grâce à la complicité de deux copines qui travaillaient dans l'hôsto. La manœuvre lui prit du temps et quand elle réussit à voir Miel, il était à l'hôpital depuis deux semaines.

Miel était fou de joie et embrassa Françoise qui dû le calmer pour ne pas éveiller les soupçons du gardien. Miel lui raconta tout ce qu'il savait et donna à Françoise l'adresse de Claire et son numéro de téléphone. Françoise lui promit de revenir avec des nouvelles d'elle. Miel commença à entrevoir une lueur d'espoir et pour la première fois depuis quinze jours il ne vit pas le cadavre mutilé de Christiane Martin mais sa Claire en rêve. Elle avait Bigoudi mort autour du cou, elle le portait comme une étole. Claire, un revolver dans chaque main, tirait sur tout ce qui bougeait autour d'elle. Miel se réveilla en sursaut et ne se rendormit plus de la nuit. Il avait vu trop de têtes éclater dans son rêve. Plus jamais!

Françoise avait réussi à voir Claire et elle put en faire part à Miel deux jours plus tard. Elle lui dit qu'elle n'allait pas trop mal. Miel lui manquait terriblement et elle n'osait pas sortir de chez elle. Son appartement et son téléphone étaient sous un autre nom et elle se sentait à l’abri chez elle. Plusieurs mois avant le faux hold-up, elle avait changé d’identité et personne ne pourrait la dénicher où elle habitait.

Elle s'était aperçue que Jacques Martin lui avait fait un virement de vingt millions de centimes, peut-être pris de remords à son égard avant sa grande arnaque. Il avait donc bien étouffé l'argent avant le faux hold-up et il avait sans doute eu l'intention de se tirer seul. Le fric si convoité devait dormir sur un compte à numéros dans les îles Caïmans ou en Suisse. Les flingues avaient dû être fournis par les fachos mais Claire pensait que Christiane était certainement pour quelque chose dans la substitution, elle pensait aussi qu'elle avait fait cela pour se débarrasser de Jacques et empocher l'argent. Jacques ne connaissait rien aux armes mais ce n'était pas le cas de sa femme qui était l’amante d’un flic. Elle était certainement dans la combine des fachos qui avaient cru qu’elle les doublait.

Enfin bref, Claire n'allait pas trop mal mis à part que son Miel était enfermé chez les dingues avec une inculpation de meurtre qu'il devrait bien traîner pendant encore au moins un an avant un procès. Françoise lui dit que bientôt, il aurait une surprise mais qu'elle ne pouvait pas lui en dire plus. Miel lui dit en rigolant :

- Tu vas me sauter ?

- Eh bien toi, tu vas vraiment mieux si tu te mets à parler de ta bite ! répondit sa vieille camarade de toujours.

Françoise repartit, Miel se sentait déjà beaucoup mieux avec ce qu'elle lui avait dit de Claire. Elle s'en sortait c'était l'essentiel. Il commença à gamberger sur le moyen de sortir d'ici. Il avait demandé à Françoise de lui trouver un autre avocat que le connard que lui avait attribué l'aide judiciaire. Elle avait promis de faire vite et la connaissant, il savait qu'elle devait mettre tout son énergie au service de sa cause. Elle avait dû remuer toutes ses anciennes connaissances du “Secours Rouge ” et autres défenseurs des causes perdues qu’elle avait côtoyés un jour ou un autre. Il fallait aussi qu'il commence à discuter un peu plus sérieusement avec les psychiatres. Jusqu'à présent il n'avait jamais rien dit ni fait, il était considéré pratiquement comme un aphasique de la plus belle espèce. Miel n'avait pas envie de rentrer dans leurs considérations. Par-dessus tout, ce qu'il voulait éviter c'était la prison, il n'était pas si mal ici. La seule chose qui l'emmerdait vraiment en dehors de ne pas voir Claire, était de ne pas avoir la possibilité d’écrire. Il se serait bien remis à écrire mais s'il leur demandait du papier et des crayons, il ne pourrait pas cacher ce qu'il écrirait.

Miel s'aperçut aussi qu'il n'avait pas besoin de simuler quoi que ce soit, pour eux il était un malade. Pourtant il ne faisait rien d'autre que ne pas entrer dans leur monde, c'est tout. Miel pensait que s'il s'en sortait, il écrirait un livre sur l'anormalité et ses conséquences. Il prévoyait de simuler de courts instants de lucidité pour pouvoir demander de quoi écrire, il arriverait bien à cacher sa production par un moyen quelconque.

Il se mît à faire des exercices physiques, il avait bien dû perdre cinq kilos en trois semaines et il se sentait un peu ramollo. Il refit sa ceinture abdominale et chaque fois qu'il souffrait un peu sur des pompes ou des tractions, il pensait à Claire et à son corps délicieux. Un soir il eut droit à sa surprise, elle était de taille.

La porte de sa chambre s'ouvrit et Claire apparut en infirmière. Elle mît un doigt sur sa bouche pour lui dire de ne pas crier, Miel pleura de joie, la tint dans ses bras et la serra à lui briser les os. Ils s'embrassèrent violemment et Claire lui dit qu'ils n'avaient pas beaucoup de temps.

- Je vais te faire sortir d'ici lui dit-elle.

- Ne fais rien c'est dangereux, Françoise va trouver un bon avocat et il me sortira d'ici. Il mettra le juge sur les traces des vrais assassins. Je ne peux rien dire, ils te dénonceraient ! Il faut qu'ils tombent par un autre moyen et nous serons tranquilles. Je ne veux pas que tu t'exposes à quoi que ce soit ! Je sortirai d'ici !

- Ce n'est pas juste tu n'as absolument rien fait et tu es là alors que tout est de ma faute ! Je vais écrire à la police…

- Impossible, tu dirais quoi ? Faudrait bien que tu parles du hold-up ! C'est toi qui serais enfermée, je ne le supporterais pas, tu comprends !

- Si je comprends ! Moi non plus je ne supporte pas que tu sois ici ! J'en ai assez !

Elle se mît à pleurer, Miel la réconforta du mieux qu'il put. Il fallait qu'elle reparte pour ne pas inquiéter le gardien. Miel lui dit de garder confiance, qu'ils s'en sortiraient bien tous deux. Il la conduisit à la porte et l'embrassa. Elle sortit tristement, leurs cœurs étaient sur le point d’éclater.

Miel était plus qu'heureux de l'avoir revue mais il se dit qu'elle n’aurait jamais dû venir dans cet endroit de malheur. Pas pour lui, pour elle. Lui était farouchement déterminé, par contre, il sentait une fragilité chez Claire et il pensait qu'elle était capable de faire n'importe quoi, elle l'avait déjà prouvé d'ailleurs.

Claire était rentrée chez elle, elle tournait en rond comme une panthère en cage. Elle ne pouvait pas admettre que Miel, celui qui lui avait tout donné, comme ça gratuitement, se laisse détruire pour la protéger.

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1 commentaire

Malin

-

Il y a 5 ans

On dirait que tu as zappé la fin d'une répartie de Françoise...
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