Michbonj Miel prend le 96 Le pardon de Sainte-Anne

Le pardon de Sainte-Anne

Miel se planqua à trente mètres à peine de la maison. Il resta derrière un container pour le ramassage des verres. Cinq minutes après, la voiture de Lagarde sortit de la cour avec les trois même personnes à son bord. Miel la laissa partir et entra dans la cour, la porte d'entrée n'était pas fermée à clef. Miel tourna la poignée et entra dans la maison. Il sortit son revolver et l’arma, il vit la balle monter dans le canon. Il avança dans le couloir et vit que la porte qui devait mener à la cave était entrouverte et le son d'un transistor venait d'en bas. Miel se mît sur le coté dans l'escalier, il serait derrière la porte quand elle s'ouvrirait. Il y avait des armes anciennes accrochées au mur du couloir, une paire de hallebardes. Il en décrocha un, elle était assez lourde et il la lança contre la porte d'entrée, ce qui produisit un bruit d'enfer ; il entendit une voix crier : “ c'est vous ? ” plusieurs fois, puis il y eut des pas dans l’escalier. La porte s'ouvrit et un homme regarda la hallebarde fichée dans la porte d'entrée, quand il comprit d'où elle pouvait venir, il était trop tard, une fraction de seconde avant qu'il se retourne, il avait reçu la deuxième sur le crâne. L'homme devait être vraiment solide, il tenait debout et essayait de tirer sur Miel en titubant. Miel lui claqua la porte dans la gueule et le finit à la hallebarde, il se souvint d'un sketch de Fernand Raynaud et dit au gardien :

- Tiens voilà le hallebardier !

Il lui prit son arme et descendit à la cave. Il trouva Claire enfermée dans une sorte de cellier fermé par une grosse porte de bois avec une barre en travers. Elle n'allait pas trop mal et elle sauta au cou de Miel. Ils l'avaient un peu tabassée mais elle tenait le choc. Miel voulait faire vite et lui dit :

- Je vais descendre l'autre pourri à ta place, prends son revolver s’il y a un problème tire lui dans les couilles, c'est plus propre et je n'aime plus la cervelle.

Il fit rouler le gardien en bas de l'escalier et l'enferma dans la cave. Il remit en place les hallebardes laissa la porte du couloir comme elle était en arrivant. Ils sortirent de la maison et ils prirent des petites rues jusqu'à l'avenue Marx Dormoy où Miel héla un taxi. Ils se firent poser près du cimetière du Père Lachaise et rentrèrent rue des Prairies. Ils n'avaient pas parlé dans le taxi, attendant d'être seuls. Claire lui raconta ce qui s'était passé.

Pendant qu'il dormait, elle avait téléphoné à Christiane Martin qui lui avait dit de venir aussitôt. Lorsqu'elle était arrivée, Christiane était avec les trois hommes dont Lagarde qui l'avait reconnue tout de suite.

- Il m'a donné des gifles et des coups de pied, il était fou de rage à cause de ton intervention à la télé. Ils m'ont frappé pour savoir où était l'argent, ils croient fermement que j'étais la copine de Mouloud et ils voulaient que je leur dise qui était avec lui dans la banque. Jacques, j'en suis sûr maintenant avait fait une magouille incroyable pour baiser tout le monde. Je pense que l'argent a été caché quelque part avant le hold-up et que seul Jacques connaissait l’endroit. Comme je ne voulais rien dire, ils m'ont descendu dans le garage et emmenée dans le coffre de la voiture à Christiane. Ils allaient recommencer à m'interroger, dans la cave quand le téléphone a sonné et ils sont repartis. Dix minutes après tu étais là. Comment as-tu fait pour me trouver ?

Miel lui raconta ce qu'il avait fait depuis son réveil et se dit qu'il fallait qu'il aille délivrer la Martin. Il demanda à Claire si les affreux connaissaient son adresse. Elle ne leur avait rien dit et elle avait aucun papier sur elle, ils ne savaient que son prénom, c'est tout ce qu'elle avait dit à Christiane au téléphone. Miel lui demanda de ne pas bouger d'ici, il allait récupérer le chat et le ramener ici puis il irait libérer la Martin. Il l'embrassa longuement et sortit.

Il se rendit chez lui en métro et entra dans son immeuble, il vit sa fenêtre ouverte et trouva cela étrange, il l'avait refermée avant de partir. Il approcha de la fenêtre et regarda à l'intérieur. Tout était sans dessus dessous. Sa porte était forcée et aucune trace de Bigoudi. Tout était saccagé, ses manuscrits scrupuleusement déchiquetés, sa pauvre vaisselle en miettes, la chaîne stéréo en morceaux, le matelas éventré.

Il vit les bacs à glaçons et les steaks hachés par terre devant le frigo. Il l'ouvrit et regarda dans le freezer. Bigoudi y dormait pour toujours les moustaches blanches de glace. Il n'arrivait pas a le sortir et il tira de l'eau chaude au robinet avec une casserole à moitié écrabouillée ; il aspergea son copain noir qui ne ronronnerait plus jamais.

Quand il put le sortir, il le mît dans un sac et le déposa chez un vétérinaire de sa rue qui avait vacciné Bigoudi. Il était équipé pour incinérer les petits animaux et s'en chargerait. Il téléphona à Claire pour lui dire pourquoi il n'amènerait pas Bigoudi, il pleurait au téléphone, incapable de contrôler ses émotions. Elle le réconforta du mieux qu'elle put et lui proposa de venir avec lui. Il refusa et lui dit qu'il reviendrait bientôt, d'ici deux heures au plus et lui fit promettre sur sa tête de ne pas bouger. Il raccrocha et eut l'impression que son cœur allait éclater. Il fonça chez Christiane Martin.

Il ouvrit la porte avec les clés qu'il lui avait confisquées. La porte était toujours fermée à clef, ça le rassura. Il referma la porte derrière lui et entra dans la chambre. Christiane n'était plus attachée, elle gisait sur le lit, du sang faisait une auréole autour de sa tête, elle avait les yeux grands ouverts et était nue comme un nouveau-né. Ses cuisses étaient tailladées ainsi que la poitrine et le bas-ventre. Elle avait été soigneusement torturée et Miel fasciné par le spectacle ne bougeait pas d'un pouce.

Il comprit qu'elle avait été violée aussi par ses bourreaux. Quand il réussit à faire un pas il marcha sur un truc bizarre, il regarda machinalement où il avait le pied et se mît à gerber aussitôt. Il avait marché sur la langue de Christiane. Les monstres lui avaient coupé la langue sans doute pour ne pas qu'elle crie ou par simple cruauté parce qu'elle avait parlé. Il alla se rincer la bouche dans la cuisine. Il sentit monter des flots de haine et compris que maintenant, il pouvait tuer avec plaisir. Ce sentiment le surpris et il essaya de le refouler. Il s'écroula en larmes en proie à une vraie crise de nerf.

Son cerveau avait dû débrancher. Les flics le trouvèrent prostré à côté de Christiane, deux heures après. On l'emmena à Saint Anne. Sa chambre-cellule était gardée par un policier. Il reprit réellement conscience trois jours après.

Desnos vint le voir et lui apprit qu'il était inculpé pour le meurtre de Christiane Martin, on avait retrouvé ses empreintes un peu partout, sur un couteau de cuisine, celui qui avait servi à mutiler la victime.

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