Fyctia
Sur le sentier lumineux
- Je pense qu'il y a autre chose derrière tout ça une chose qui lui échappe aussi, autrement elle ne m'en aurait pas parlé comme elle l'a fait. Je crois qu'elle était sincère !
- Tu es resté toute la nuit avec elle ?
- Oui, toute la nuit ?
- Vous avez fait l’amour ?
- Et nous, nous sommes restés ensemble toute la nuit ! N'est-ce pas ? Est-ce qu'on a fait l'amour ?
- Nous n'avons pas encore baisé mais nous avons fait l'amour ?
- Alors j'ai baisé avec Christiane mais nous n'avons pas fait l'amour !
- On va le faire maintenant ? Ça va laver toute cette merde.
- Si tu regardes bien mes yeux ça va se faire tout seul ?
- Dis-moi, tu avais des cheveux sous l'Abribus ou c'était un bonnet !
- Je me suis rasé ce matin, c'était mes cheveux ! Tu ne t'en souviens pas ?
- Je ne me souviens que de tes yeux, ils m'ont touché profondément !
Ils se prirent respectivement la tête et se laissèrent aller dans les yeux l'un de l'autre puis ils s'enfoncèrent dans le bonheur.
Claire et Miel émergèrent vers dix-sept heures. Il voulait passer chez lui avant de partir pour la télé au moins pour nourrir Bigoudi. Il proposa à Claire de venir avec lui pour faire connaissance avec le chat. Il lui donna son adresse et il décidèrent de se retrouver chez lui afin de ne pas arriver ensemble. Ils prirent le bus comme s'ils ne se connaissaient pas, c'était un jeu fantastique, il se mettait à côté d'elle au milieu du bus et la frôlait discrètement. Ils étaient comme deux enfants qui jouaient à la guerre. Elle alla directement chez lui et s'arrêta au tabac pour acheter des cigarettes.
Miel ouvrit sa porte, Bigoudi se rua dans ses jambes et réclama à manger. Miel sortit un steak haché du freezer et le mît sous l'eau chaude. Il parla au matou :
- Ben, du calme, ça cuit, je vais te présenter quelqu'un dans un instant cher Bigoude. Tu seras très smart, c'est, pour ne rien te cacher, la prunelle de mes yeux ! Avant je vais relever le compteur !
Miel alla près du répondeur, il y avait un certain nombre de messages à voir l'épaisseur de la bande. Françoise avait appelé au moins quatre fois, elle voulait absolument le joindre. Le flic lui demandait de téléphoner à son bureau, il avait l'air excédé ? La réalisatrice de télé lui demandait de lui donner les noms de ses invités. Son frère venait de rentrer de tournée et lui donnait rendez-vous dans un pub où il devait jouer dans la soirée. Son petit frère était musicien, il avait quinze ans de moins que Miel et ils étaient très liés. Il jouait de la guitare, de la mandoline et du banjo. Il faisait partie de plusieurs groupes de musique irlandaise, cajun, old-time et blue-grass.
Claire sonna et Miel alla lui ouvrir, elle n'avait vu personne et tout allait bien. Miel lui présenta Bigoudi, il avait fini son steak et s'installa sur les genoux de Claire. Miel qui pensait toujours cinéma fut très amusé par cette scène rhomerienne. Il appela le flic en premier, Desnos lui rappela qu'il devait lui dire où il allait et ce qu'il faisait. Miel lui dit qu'il avait passé la nuit chez une copine et Desnos lui demanda de passer le voir le lendemain matin.
Miel fit le numéro de Françoise, il avait parlé d'elle à Claire. Il brancha le haut-parleur.
- Mais putain où étais-tu, encore, au cul des veuves ?
- Arrête tes conneries ! Je t'expliquerai tout à l'heure, pas au téléphone !
- J'emmerde les flics qui nous écoutent et je leur fous mon poing dans le cul !
- Ca va, ils ont compris !
- Il faut qu'on se voie avant d'aller à la télé, c'est big-important ! J'ai vu Farid, il est ravi de participer !
- A sept heures dans ce rade où mon blue-grasseux préféré joue pour les trèfles, ça te va ?
- O. K, c'est clair !
- Tu ne crois pas si bien dire ! Bisous !
Les trèfles bien sûr, c'était les Irlandais et son blue-grasseux son frère Pierre. Elle avait compris qu'il s’agissait d’un pub, le Flann O'Brian. Miel devait téléphoner à la télé pour donner les noms de ses invités, il demanda à Claire si elle voulait y aller.
- Tu crois que c'est prudent ?
- Justement, personne ne pourra penser que tu as pu faire partie de la bande et venir avec un témoin. Il faut que l'on te voie avec moi. Nous allons nous inventer une vieille amitié. C'est quoi ton vrai nom au fait ?
- Claire, Claire Sentier ! Ne me regarde pas comme ça ! Tiens, demande au chat.
Elle sortit de son sac un passeport qu'elle montra à Bigoudi.
- Lis le nom à ton papa ! Miaou mia aou ! Bravo mon noiraud ! En langage humain : Claire Sentier !
Miel se jeta à ses pieds.
- J'étais sûr que c'était ton prénom, ça alors ! Claire Sentier, ça fait un peu “Sentier Lumineux.”
- Tu ne crois pas si bien dire, si Claire et mon vrai prénom, il n’en est pas de même pour mon nom de famille. J’ai adopté ce prénom pour la raison que tu invoques. Tu voulais que ce soit mon prénom mais tu n’étais pas sûr ! Il ne faut pas douter, plus douter un seul instant ! Douter de rien, plus jamais !
- Je ne sais pas si tu as bien fait, je n’aime pas trop les maos, ils sont un peu trop dogmatiques à mon goût.
- J’ai été institutrice dans le cadre de la coopération au Pérou. J’ai travaillé avec eux et ça a faillit me coûter la vie. La fausse identité est mon cadeau d’adieu. La vraie Claire est sensée avoir disparu dans la montagne péruvienne. Je te raconterai ça un jour.
Ils s’embrassèrent sous le regard amusé de Bigoudi qui approuvait de la queue en ronronnant. Miel téléphona à la réalisatrice, il eut sa secrétaire qui nota les noms de Claire, Françoise et de Farid le journaliste beur ami de Françoise. Ils sortirent l'un après l'autre et se retrouvèrent dans le métro. Après avoir changé à Châtelet, ils ressortirent au Louvre et entrèrent dans le pub irlandais de la rue Bailleul. Son frère était déjà là et attendait les autres musicos. Miel lui présenta Claire et ils burent de la Guinness au bar. Françoise arriva et embrassa tout le monde, elle était excitée à l'idée d'aller foutre la merde à la télé. Elle prit Miel à part et dit en désignant Claire :
- C'est ton rendez-vous d'hier soir, la copine du mec que tu as tué ?
- Oui, c'est Claire !
- Pas pour moi mon pote, tu m'expliqueras ! En tout cas J'espère que c'était bien parce que tu as raté quelque chose cette nuit ! Je t'ai appelé plusieurs fois, tu vois, c’était cette nuit ou jamais, j'avais pris ma décision ! Dommage pour toi mon pote, tu fais tout de travers.
- Je ne te crois pas ! Tu es jalouse ma parole !
- Bouh ! Tu es libre ! Autre chose, Farid s'est rencardé auprès d'un de ses potes qui a écrit un bouquin sur les passerelles de l'extrême-droite, le banquier mort faisait partie d'un club de réflexion à la con dont l’un des membres est ton journaliste mignon entre autres, celui qui t'a si bien croqué dans sa poubelle hebdomadaire. Tu m'écoutes ! Qu'est-ce que tu regardes?
-La boutique de cul et le mec qui est devant.
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