Michbonj Miel prend le 96 du Chablis au pur malt

du Chablis au pur malt

Vous permettez ?

- Versez-moi en un, je vous suis. J’étais devant la banque et je devais récupérer le sac contenant l'argent. J'ai récupéré un sac avec du papier dedans. Rien n'a fonctionné comme prévu, je ne comprends pas !

- Je ne comprends rien à votre histoire, qui avait organisé le coup ?

- Mon mari, il avait reçu des fonds très importants la veille. Le transfert était prévu depuis longtemps, un de ses clients devait remettre une très grosse somme d'argent sur son compte. Une histoire de trésorerie occulte d’un parti politique. Mon mari avait rendez-vous avec lui un quart d'heure avant la fermeture, la veille. L'argent ne pouvait pas être dans la collecte de fonds, le camion était déjà passé en début d'après-midi et il avait prévu le coup pour le matin avant son prochain passage.

- Vous savez donc qui sont ses complices puisque vous êtes visiblement dans le coup.

- Je ne les connais pas, Jacques, mon mari, avait refusé de me dire qui ils étaient de façon à ce que, si ça tourne mal, je puisse m'en sortir. Je devais être à dix heures devant la banque avec ma voiture, la glace arrière ouverte du côté du trottoir, l'un des deux hommes jetterait le sac contenant l'argent au passage par la fenêtre et je devais repartir aussitôt dans la direction opposée à leur fuite. J'ai fait comme prévu. J'ai caché le sac sous une couverture, j'ai démarré tranquillement et je suis venue ici. J’ai trouvé un message de la banque sur le répondeur me demandant de rappeler aussitôt et c'est ce flic, Desnos, qui m'a appris la mort de Jacques.

- Ca a dû vous foutre un sacré coup !

- Bien sûr, je connaissais Jacques depuis douze ans, nous devions nous séparer… enfin, nous ne vivions plus vraiment ensemble mais en bonne intelligence quand même, je suis atterrée, vous ne me croyez pas ?

- Si mais, j'ai comme l'impression que vous êtes plus intéressée par l'argent que par la mort de votre mari !

- Vous n'avez pas l'air de comprendre qu'il est mort pour rien et que ses complices l'ont certainement supprimé pour garder l'argent et qu'ils peuvent en faire autant avec moi.

- Mais, si vous ne savez pas qui ils sont ! Vous ne risquez rien.

- Le savent-ils ? J'espérais que vous auriez pu m'aider !

- De quelle façon ?

- En me donnant des détails sur leur sortie de la banque, je ne crois pas qu'ils n'étaient que deux. Et pour ne rien vous cacher, je trouve extraordinaire que vous vous soyez trouvé là, à ce moment précis !

- Bravo ! Je serais le complice d'un premier pour liquider le deuxième et partager l'argent en couvrant sa fuite ! Le troisième homme ! Le flic m'a déjà parler de ça, c'est un vrai cinéphile.

- Il vous a questionné sur quoi ?

- Je vous l'ai dit, sur Orson Welles ! Le troisième homme !

- Vous n'avez rien vu du tout ? Vous l'avez vu en face, l'autre, pourtant !

- Oui, je n'ai vu que ses yeux noirs, je ne les oublierai jamais mais ce n’est pas grand chose, comment décrire des yeux, d'habitude je ne sais même pas la couleur des yeux d'une femme avec qui je couche si elle ne me le dit pas elle-même et parfois j'oublie, c'est dramatique !

- J'ai peur !

- Allez à la police, racontez tout à Desnos après tout vous avez juste traîné un sac de papier, ce n'est pas interdit par la loi.

- Vous iriez à la police vous ?

- Non, ce n'est pas mon monde, pas vraiment !

- Vous ne voulez pas rester ici ce soir ? Je ne connais personne à qui je pourrais dire ce que je vous ai dit ! J'aimerais bien ne pas être seule ce soir ! Nous pouvons manger ensemble et essayer de voir plus clair, en toute simplicité. Peut-être des choses vous reviendront-elles ?

- C’est ce que m’ont dit les flics mais ils ne m’ont pas invité à rester pour le moment. Écoutez, je veux bien vous tenir compagnie, il se trouve que je n'ai pas envie de rentrer chez moi et que je ne sais pas trop que faire, mais n'espérez pas que je vous éclaire quant à vos problèmes, je nage encore plus que vous !

Miel déclara avec des sanglots dans la voix :"- Je bois à mon premier mort !" et il éclata en sanglots. Le téléphone sonna, elle décrocha, échangea deux phrases et dit à Miel que c'était pour lui. Très étonné, il se leva et prit le combiné, il n'y avait personne au bout du fil, le correspondant avait raccroché.

Qui pouvait savoir que j'étais ici dit Miel, c'était une voix comment.

- Une voix de femme, grave, elle a dit : “Je sais que monsieur Beausoleil est ici, passez-le-moi !”

Je n'ai pas réalisé qu'effectivement…

- Personne ne savait que je venais, c'est vraiment bizarre ! Et elle a raccroché !


- Je change les verres, c'est du haut-médoc, vous aimez ?

- Je crois que j'aime à peu près tous les vins quand ils sont bons ! Le Chablis était excellent, c'est vous qui choisissez les vins ?

- Oui, Jacques n'aimait pas le vin, il en buvait un verre de temps en temps mais ne faisait jamais la différence entre un Margaux et un "Grappe Fleurie", il préférait le scotch et encore, il ne buvait que des saloperies de blended, jamais de pur-malt !

- Vous aimez bien le pur-malt ?

- Vous allez voir tout à l'heure, je vais vous faire découvrir mes trésors, Lagavulin, Islay, Jura etc.

- Tourbe iodée, je vois, vous êtes une connaisseuse !

- C'est mon péché mignon, et vous c'est quoi ?

- Avec la vie que je mène en ce moment, c'est tout ce qui est gratuit !

- C'est à dire ?

- Rien ! À part la branlette, il n'y a rien de gratuit !

- Vous n'en êtes pas là tout de même ?

- Si on parlait d'autre chose !

- Vous vivez seul ?

- Non, J'ai un chat !

Miel se sentit obligé de raconter sa vie à Christiane et quand elle lui fit découvrir ses "pur-malt", ils étaient quasiment de vieux copains. Elle vint s'asseoir à côté de lui sur le canapé et ils échangèrent leurs verres pour sentir la différence entre un Islay de douze ans et un Lagavulin qui n'en avait que huit mais n’en pensait pas moins.

Elle se pencha en avant pour ramasser son briquet et Miel ne put s'empêcher de mettre sa main sur la nuque de Christiane. Elle versa à ses pieds et appuya sa tête sur ses genoux. Il lui caressa les cheveux et le visage pendant un moment, elle s'abandonnait totalement en fermant les yeux puis elle se releva et s'installa à califourchon sur les genoux de Miel. Pendant au moins trois secondes, il se demanda s'il n'était pas en train de faire une connerie monumentale. Les lèvres de Christiane Martin happèrent ses doutes et sa peau douce annihila le temps. Il reprit ses esprits un court instant, sa pensée fut brève, juste une phrase d'une vieille chanson d'Higelin : "Je suis mort qui qui dit mieux". Un vers de la chanson disait : "ceux qu'ont jamais croqué d'la veuve." Miel croqua comme un affamé. C'était bon pour sa maladie, bon comme un dimanche Martin !

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1 commentaire

Sand Canavaggia

-

Il y a 5 ans

Jusqu'à cet instant de ma lecture c'est très particulier, il y a des montées en tension et des moments plus tendre, le thriller est là...on se noie facilement dans l'intrigue...mêlant des propos agressifs, révoltés, je dirais peut-être pour certains issus d'une profonde mélancolie, celle de Miel...De l'humour avec l'espace Bigoudis …et des questions qui sont en suspends... Ta trame se lit bien, j'ai suivi les événements....J'attends ton prochain chapitre en me disant seulement que tu as dû dépasser les 42000 caractères imposés par ce concours...Mais l'important est que tu te fasses plaisir d'écrire et pour moi connaître la suite et comprendre cette intrigue, ce Hold up et la réelle place de chacun des protagonistes...Merci de ce partage...
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