Fyctia
ce n’est pas claire!
Miel avait replongé dans la tendresse et Bigoudi était resté le nom indien de son félin , baptisé d'une goutte de sperme suivant le rite de Saint Phallus, membre viril de L'Église de la Sainte Copulation et patrons des tireurs d'élite et sodomites réunis.
Miel vit que le répondeur affichait une lumière clignotante qui voulait dire qu'on l'avait appelé en son absence. Il y avait plusieurs messages, le premier était de Lagarde.
- Je vous rappelle une dernière fois, je raccroche et passe mon article, c'est vous qui l'aurez voulu !
Cette fois, Miel était sûr que le tordu n'était pas dans le bistrot d'à côté mais qu'il lui faisait bien du cinéma pour se justifier. Un vrai putois. Le deuxième message s'égrena, posé là par une voix de femme.
- Monsieur Beausoleil, je m'excuse de vous déranger, je suis la femme du monsieur qui a été tué dans la banque, j'aimerais si c'est possible que vous m'accordiez un instant, voici mes coordonnées. Suivait un numéro de téléphone et une adresse.
Miel se demandait sincèrement pourquoi cette femme voulait lui parler, il n'avait pas mis les pieds dans la banque et ne connaissait pas son vieux. La dernière fois qu'il avait croisé un banquier c'était au moins trois années en arrière quand on l'avait interdit bancaire pour la coquette somme de cinq cents francs de chèques en bois. Un troisième appel dormait sur l'appareil, comme un con, il n'y avait rien, qu'une respiration et du silence très lourd.
Ce dernier appel déplut à Miel beaucoup plus que les deux autres réunis. Il rembobina la cassette sans effacer les messages et se mit à écrire.
Le stylo courait sur le papier, Miel ne réfléchissait pas, branché sur l'intérieur il crachait ses mots et verrait après leur signification s'il y en avait une.
«0Grogne ta hargne, hargne ta rogne !
Récite ta litanie, verbe haut et fort à décimer les émaux, les recouvrant de ta parole, les mots émaillés ! L'émail émouvant et mouvant car tout peut bouger. Se faire carapater les carapaces en les frôlant du bout du souffle. Elles n'ont pas plus d'importance qu'une éphélide mais comme elle, elles retiennent sacrément l'attention. La grande cuirasse infiniment petite qui focalise le regard et envahie ton être. Ce n'est qu'une lentille, une tache ! Ne regarde plus la tache minuscule, elle cache ce qui est autour. Elle provoque le regard et retient l'attention.
Et toi, tu retiens ton souffle. Mais arrête lâche-le !
Il est potentiel en diable, son contenu est sémantique et tu en as les codes. Alors déchaîne ta véhémence, devient l'unique chercheur de ton cerveau eurythmié !
Oublie les homographes, chaque mot change de sens dans son utilité immédiate !
Tu es dans l'urgence, parle avant, regarde après : tu as agi sur les choses avec ta langue, elles changent et se coulent dans ta vision dans une étroite interdépendance.
Tu as parlé ! Tu parles !
Nomme les choses, appelle-les !
Elles n'existent que quand tu les connais et ne les connais que quand tu peux enfin les nommer. Ta langue fait exister le monde et tu n'es pas obligé de voir qu'avec tes yeux, tu peux voir avec tous les sens et nommer les choses qui sont derrière d'autres choses. Elles sont possibles surtout si tu les pressens. Peut-être que tu sens mais il est mieux de ressentir. N'essaie pas de deviner, persuade-toi, tu en as les moyens, les outils sont les mots ! Sers-t’en froidement et fais le tri après !
Ne pas s’appauvrir dans la perception, vivre le possible au quotidien !
La connaissance ne se trouve pas dans les livres mais dans le ressenti quotidien !
Dieu ne se devine pas, ne se rencontre pas par hasard, il faut juste en avoir envie et l'inventer réellement !
C'est pareil pour tout : la femme que tu aimes, si toi tu ne la connais pas encore, sache que malgré tout elle est déjà là !
Si tu la rencontres pour la première fois un lundi, dis-toi aussi qu'elle existait bien le dimanche et alors reconnais et décrète que tout est possible ; désire seulement en nommant, en appelant !
Mais souviens-toi bien que tout existe parce que tu peux en parler et que ton heure viendra, ce n'est qu'une question de temps croisés !
Si tu fais la paix avec toi-même parce que tu sais que tout est possible, que rien ne peut plus te surprendre, alors tout sera !
N'essaie plus de réagir face aux événements, nomme-les quand ils arrivent. Si tu es à court, invente ton langage. On ne t'a peut-être pas assez outillé. Prends des risques, change les mots qui désignent quand tu en as envie, appelle une table "Madame" et ton lit ‘’plage’’ Vas à la plage la nuit pour te baigner dans le sommeil et siroter des rêves. Change de termes le lendemain pour te dérouter un peu et n'essaie pas de les retenir trop. Laisse-toi aller. Esquisse avec tes mots des pas de danse aventureux, dérape sur la syntaxe, balafouille la glose charnue, péréniclite la calangue drâpeuse, défaratil le bocaldulaire, désencable les garamairidiens flous. Suis tes rêves à la trace ! Quand tu seras mort, tu auras l'éternité pour fermer ta gueule, comme tout le monde. Ça c'est long mon ami ! Maintenant ouvre-la puisque tu es vivant ! Encanaille ta langue, envoyouse tes mots. Fais les sortir en ronde folle et soutiens-les, ne les envoie pas au casse-pipe !
Tu es enfin créateur donc responsable ! »
Miel parcourut les trois feuilles de papier qu'il venait de noircir et corrigea les fautes qui lui sautaient aux yeux. Il relut encore une fois son texte et se dit qu'il voulait inconsciemment fouiller derrière l'apparent et ne pas se laisser mener par une culture et des habitudes qu'il rejetait fréquemment. Il essaya de mettre cette volonté en parallèle avec ses aventures de la veille et se dit qu'il avait été sans doute projeté dans une réalité qui ne semblait pas être la sienne.
Le téléphone troubla sa réflexion, il décrocha. Une voix de femme arriva à ses oreilles :
- Allô, je voudrais parler à Miel Beausoleil !
- Lui-même, bonjour, c’est à quel sujet ?
- Bonjour, je suis l'amie ou plutôt j'étais l'amie de l'homme que vous avez tué !
Après un silence lourd Miel déclara :
- Je ne l'ai pas fait exprès, c'était un accident !
- Je suis contente de vous l'entendre dire mais ça ne le ramènera pas à la vie !
Nouveau silence.
- Qu'est-ce que vous voulez, dit Miel, que je me suicide ?
- Non, juste vous rencontrer !
- Vous voulez le venger ?
- Je l'aurais déjà fait si je l'avais voulu !
- Quand, où ?
- Je vous le dirai en face si vous acceptez de me rencontrer !
- Avec un gros calibre à la main ?
Le silence changea d’origine .
- il ne l'a pas tué volontairement !
- Qu'en savez-vous ?
- Je vous le dirai de vive j'ai une preuve formelle de ce que j'avance ! Je saurai, si je peux vous croire en vous voyant en face de moi, demain soir à vingt-deux heures, au bar qui se trouve à l'angle de la rue de Belleville et de la rue de Romainville. Je
2 commentaires
Sand Canavaggia
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Il y a 5 ans
Mylena
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Il y a 5 ans