Catherine Domin même pas en rêve Chapitre 30 - Point final

Chapitre 30 - Point final

Elle


Jeudi 26 mars 2023


Maintenant que je suis remise de mes émotions, je suis en mesure de relater les aventures rocambolesques que j’ai vécues hier et que j’ai racontées à Bruno lors de notre retour, puis au commissariat lors de ma déposition du lendemain.


Je suis heureuse de m’en être tirée à bon compte, mais il faut dire que c’était tout de même très chaud !


Ce matin-là, Bruno dormait encore lorsque je suis descendue prendre mon petit déjeuner dans la salle commune. Puis, ne le voyant pas arriver, je suis revenue dans la chambre. Il en écrasait encore. Il devait être bien fatigué et je ne voulais pas le déranger. Alors, j’ai pris mon blouson, chaussé mes baskets et je suis partie faire un petit tour sur la plage en sortant par la porte de derrière, celle qui donnait sur la mer. Je ne pensais pas faire une grande promenade, mais aller simplement jusqu’à l’aquarium de Trouville, distant de quelques centaines de mètres de l’hôtel, et revenir.


Comme j’en avais assez de marcher dans le sable qui s’infiltrait dans mes chaussures, je suis remontée sur la promenade qui longe la mer. J’aurais dû prêter attention aux deux types à casquette qui me suivaient, mais je les avais pris pour de simples promeneurs et je pensais qu’ils allaient tout simplement dans la même direction que moi.


Arrivée devant l’aquarium, je me suis arrêtée pour regarder les horaires d’ouverture car je comptais bien y emmener Bruno, ou du moins, le persuader d’y aller avec moi.


Et voilà que ces deux types m’accostent en me demandant de les suivre. J’ai cru d’abord qu’il s’agissait de policiers mais lorsque l’un d’eux a braqué son révolver sur moi, j’ai vite compris que c’étaient ceux qui nous suivaient depuis quelques temps. Ayant les mains dans les poches, j’ai appuyé sur le bouton de mon téléphone qui se trouvait dans celle de droite pour le mettre en marche. C’est un vieux modèle de Samsung sur lequel le numéro favori figure sur l’écran d’accueil. Il suffit juste d’appuyer dessus pour déclencher un appel.


J’ai voulu appeler Bruno en tapotant, à tâtons, mais finalement, n’ayant pas appuyé au bon endroit, je n’ai réussi qu’à mettre en route mon enregistreur, qui a capté toute notre conversation.


Quand ils ont voulu me fouiller, j’ai réussi, les mains dans le dos, et parce que j’étais adossée à la poubelle, à glisser subrepticement mon portable dedans. Je ne savais pas si on aurait entendu mon appel. Mais, comme j’ai vu dans les séries policières qu’on pouvait borner mon portable, j’ai pensé qu’on pouvait localiser le mien de cette façon, et, bingo ! Bruno, qui est très malin, l’a retrouvé, avec l’aide de la police.


Il a raconté dans son journal la conversation que j’ai eue avec mes ravisseurs. Cependant, je n’avais aucune idée de l’endroit où ils allaient m’emmener et ce qu’ils voulaient faire de moi. La résidence « pieds dans l’eau et vue imprenable sur la mer » m’a inquiétée quelque peu.


Ces types m’ont alors forcée à monter dans leur voiture. Les entendant discuter entre eux, j’ai compris qu’ils voulaient m’enfermer dans un blockhaus sur les plages du débarquement. Finalement, ils se dirent qu’il y aurait trop de monde. Alors, après m’avoir attachée, profitant qu’il n’y avait personne, ils m’ont glissée dans une ouverture dans un des vestiges du ponton de la deuxième guerre mondiale sur la plage d’Arromanches, et ils m’ont laissée là.


Effectivement, j’avais vue sur la mer. Et je n’aurais pas tardé à avoir les pieds dans l’eau, avec la marée montante. Et je pouvais toujours crier, il n’y avait personne sur cette plage en cette saison. J’ai vraiment eu peur. Les heures m’ont paru longues. Et mon sauveur est arrivé.


Nous sommes rentrés à l’hôtel, le chauffage et la ventilation à fond dans la DS, afin que les vêtements de Bruno sèchent un peu pendant le trajet, tout cela dans une odeur de chien mouillé. Mais c’était un moindre mal.


Pendant qu’il conduisait, il m’a dit que mon enlèvement était une manœuvre d’intimidation de la part de nos suiveurs, afin que nous laissions tomber notre enquête. Cependant, le doute demeure. M’auraient-ils délivrée ensuite ? Avaient-ils projeté de me laisser me noyer si la marée était montée plus haut ?


— Comment as-tu deviné que j’étais cachée là ?


— Ils ont parlé d’un jour qui te semblerait très long. J’ai pensé alors aux batteries de Longues sur mer, déjà à cause du nom, puis aussi parce que c’est là qu’on a tourné des scènes du film « Le jour le plus long ». J’ai appelé la police qui est venue et nous avons fouillé partout, en vain. Mais, comme ils ont parlé aussi de pieds dans l’eau et vue sur la mer, j’ai aussi pensé aux falaises sur la plage, alors, on a fouillé toutes les anfractuosités où on aurait pu te cacher. Et puis… la lumière divine, du moins, celle du soleil couchant, est tombé sur les vestiges du ponton, et j’ai eu comme une illumination… Et puis, par chance, tu étais dans le premier bloc de béton.


— Je ne pourrais jamais assez te remercier de m’avoir sauvé la vie.


Il m’a regardé et m’a adressé son sourire le plus désarmant. Ce regard en disait long sur ses sentiments.


Notre nuit fut calme. Nous étions si fatigués, que nous nous sommes couchés de bonne heure et avons dormi comme des souches. Puis, ce matin, nous sommes allés au commissariat pour que je fasse ma déposition, et j’ai tout raconté de nouveau.


Le commissaire nous a informés que la police a fait une descente chez ce fameux homme au «bras long», sans toutefois nous dire de qui il s’agissait. Des indices probants l’ont fait soupçonner d’être impliqué dans le triple meurtre de notre immeuble, dont il pourrait être le commanditaire. Et il nous a précisé qu’il s’agissait probablement de la vengeance de ce notable de la région dont le fils a été tué accidentellement par nos deux voisins. L’homme est actuellement en garde à vue. Et, d’après lui, il ne tarderait pas à craquer…


— Vous en saurez plus dans les médias, dit Vatine. En tout cas, grâce à vous, cette affaire de meurtre va être résolue.


Nous avons fait alors nos adieux au commissaire et au Capitaine Bernard. On n’avait plus besoin de nous et nous voulions rentrer au plus vite dans notre banlieue parisienne.


En quittant le commissariat, nous avons croisé une vieille connaissance : le Capitaine Lavergne, qui s’était déplacé de Paris afin de travailler en collaboration avec la police de Deauville sur cette affaire.


Il nous a fait un clin d'oeil complice et nous a dit une chose étrange : « j’ai bien fait de retirer les scellés de l’appartement de Lebreton, hein ? », puis il est parti, les mains dans les poches.


Nous étions médusés et avions du mal à comprendre sur le coup. Puis, Bruno a pris un coup de sang.


— Tu te rends compte ? m’a-t-il dit, il s’est servi de nous pour son enquête. Il nous a laissé nous démerder, voyant qu’on s’y intéressait, et maintenant, il va en récolter les lauriers. Je ne sais pas ce qui me retient de lui…


— Casser la gueule ? Eh bien, tout simplement, parce qu’on est dans un commissariat…



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3 commentaires

Gwenaële Le Moignic

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Il y a un an

Belle journée 👍 😎 🥰

Catherine Domin

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Il y a un an

Bonjour Gwenaële - merci pour ton soutien et ta fidélité. Belle journée à toi aussi. J'aborde maintenant le dernier chapitre de cette petite histoire. ❤️
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