Catherine Domin même pas en rêve 31 – Même pas en rêve !

31 – Même pas en rêve !

Elle :


Vendredi 27 mars 2024


Et voilà ! Ce matin, nous avons fait nos valises et nous sommes retournés dans notre banlieue parisienne.


Bien entendu, nous sommes arrivés en fin d’après-midi, en plein dans les embouteillages de ceux qui quittent leurs bureaux, mais à contre-courant de ceux qui partent en week-end. Et encore, ce n’est pas la pleine saison. Plus nous irons vers les beaux jours, plus la circulation sera infernale.


Nous avons retrouvé son appartement et sommes descendus voir le mien. Tout avait intégralement séché, car j’avais pris le risque de laisser les fenêtres ouvertes, protégées par les persiennes ajourées permettant ainsi d’aérer les pièces et d’atténuer l’odeur d’humidité. Dans la boîte à lettres, j’ai aussi trouvé un courrier de l’assurance qui me proposait le versement d’une avance sur les indemnités que je devais percevoir. C’était une super bonne nouvelle. Enfin, on pourrait commencer d’ici peu les travaux de rénovation.


— En attendant, tu peux continuer à squatter la chambre de ma fille, si tu veux.


Puis, il eut un moment d’hésitation avant d’ajouter :


— Ou même, squatter mon lit.

— Cela mérite réflexion, lui répondis-je.


Nous avons souri tous les deux et nous nous sommes embrassés tendrement. Cette affaire devenait de plus en plus sérieuse. Dieu sait où cela nous mènerait. Nous ne le savions pas encore nous-mêmes, mais nous étions prêts à tenter l’aventure…



Deux ans plus tard… mai 2026


J’ai enfin repris l’écriture de mon journal, que j’avais délaissé par manque de temps, afin d’en clore le dernier chapitre.


Je suis installée sur la terrasse d’une maison de bord de mer, à siroter un jus de fruits que mon bien aimé a préparé pour moi. Je tape des mots sur mon clavier, l’ordinateur posé sur mes genoux.


Dès notre retour de Normandie, Bruno m’avait présentée à ses enfants. Et tout de suite, le courant est passé. Puis, nous avons quitté notre immeuble, en vendant nos appartements, laissant derrière nous nos souvenirs, bons et mauvais, que je résume en désordre, un peu comme un inventaire à la Prévert : la solitude, le deuil, l’inondation, les meurtres, nos petites disputes et notre enquête farfelue, puis la concrétisation de notre attirance mutuelle, et enfin le danger, tout qui nous a permis d’arriver là où nous en sommes actuellement.


Une fois mon appartement rénové, je l’avais mis en vente et donné quasiment toutes mes affaires à Emmaüs, ne conservant que certains livres, mes vieux disques vinyle, ma vieille chaine stéréo, et quelques vêtements, que j’avais entreposés dans une des chambres inoccupées de l’appartement de Bruno, devenu mon domicile officiel. Puis, ce fut au tour de cet appartement d’être vendu.


Entretemps, nous nous sommes mis en quête de trouver une maison, en Normandie, dans le Calvados. Nous avons eu un coup de coeur pour une petite maison, assez grande pour abriter notre amour, à huit cents mètres de la mer. Et nous l’avons retapée tous les deux, entre rires et coups de gueule, et coups de marteaux sur les doigts, ponctués de gros mots et de fous rires.


Et nous voici installés.


Et l’enquête ? Comme tout le monde, nous en avions appris le dénouement dans les journaux télévisés et bien entendu, le Capitaine Lavergne s’en était enorgueilli devant le micro du journaliste. Alors, Bruno, énervé, avait éteint la télévision d’un coup de télécommande rageur.


Maintenant, tout ceci est derrière nous. Nous n’avons jamais su exactement qui avait mis le mot sur mon paillasson, mais je soupçonne notre bonne Mme Bignolles de l’avoir fait, pour se rendre intéressante. Peut-être souffrait-elle de solitude ou d’un manque de reconnaissance ?


Mais je n'ai pas raconté le plus drôle. La déclaration d’amour que Bruno m’a faite en sortant de l’étude du notaire où nous avons signé l’acquisition de notre maison, en mars 2025.


Nous étions sur le parking et sur le point de regagner la fameuse DS couleur bleu métallisé. Bruno a préféré vendre l’autre voiture et garder celle-ci, tant il y est attaché, et j’ai conservé la mienne.


Il sortit une boîte de sa poche, l’ouvrit et me la tendit. C’était une magnifique bague, un solitaire serti d’un diamant. Une bague de fiançailles. Je n’en revenais pas ! Il avait dû se ruiner. Si ce n’était pas encore une preuve d’amour, cela lui ressemblait beaucoup. Mais il n’avait pas besoin de le faire. Il avait déjà prouvé cet amour auparavant.


Il mit alors un genou à terre (toujours son côté chevaleresque que j’aime tant !)


— Mademoiselle Alice Lemercier, voulez-vous m’accorder votre main ?


Je suis restée paralysée et bouche bée pendant une minute.


— Dépêche-toi de répondre, dit-il, parce que j’ai mal au genou, des gravillons me rentrent dedans et je vais peut-être bousiller mon pantalon. Et j’ai l’impression qu’il va tomber des cordes, alors fais vite s’il te plait !


Ah le naturel revient au galop ! ça me rassure un peu !


Le voyant ainsi, un genou à terre, sur le parking de l’étude notariale, me déclencha un fou-rire. Celui-ci s’intensifia lorsqu’une forte giboulée de mars se déversa sur nos têtes. On peut dire qu’il avait choisi son moment !


— Allons vite dans la voiture pour que je puisse te répondre… au sec !


Nous avons couru vers la voiture. Une fois installés dedans, et sous la pluie battante qui crépitait sur la carrosserie, je lui ai répondu.


— C’est une plaisanterie ? Tu me demandes en mariage alors que cela fait un an que nous vivons ensemble ?

— Non, c’est sérieux. Je veux concrétiser notre union par un acte officiel. C’est mon côté « flic procédurier ». Je prends le risque de t’épouser, bien que j’en sache suffisamment sur toi : que tu n’es pas toujours commode, que tu as tendance à mettre ton joli petit nez partout, que tu te lèves parfois en pleine nuit pour farfouiller chez les voisins, que tu écris des histoires invraisemblables. Et par-dessus tout, parce que je t’aime, pour ce que tu es. Alors, c’est oui ou c’est non ?

— T’épouser ? Même pas en rêve !

— Ah ? bon ! fit-il, l’air déçu. Alors je me suis pris un râteau. Tu es dure avec moi ! Avec tout ce que j’ai fait et enduré !


Je me suis mise à rire devant son air contrit. Et j’ai voulu rattraper ce que j’avais dit par taquinerie.


— Mais non ! même pas en rêve, mais en réalité, oui, dix fois oui, cent fois oui, mille fois oui !

— C’est vrai ?


Son visage s’est éclairé et nous nous sommes embrassés. Ce n’était pas facile car Bruno était un peu coincé par le volant et, se contorsionnant, il a appuyé sur le klaxon. Pour couronner le tout, un coup de tonnerre a retenti et les cieux se sont déchaînés. Il pleuvait des cordes.


— Tu crois au coup de foudre ? ai-je demandé, car je crois qu’on vient d’en avoir un.

— C'est un nouveau coup de foudre, le premier, on l’a déjà eu il y a longtemps.


Nous nous sommes mariés quelques mois plus tard, à la mairie d’Arromanches. Toute sa famille, ses enfants, ses petits-enfants, étaient présents. Ce fut une grande fête !


Et nous vécûmes heureux et bien sûr… nous n’eûmes pas d’enfants.


Message final de Catherine Domin

Chers amis lecteurs, Encore une fois, je vous remercie de m'avoir soutenue dans cette gentille romance que j'ai fait courte, m'étant inscrite assez tardivement au concours. J'ai longuement hésité, n'ayant jamais écrit ce genre d'histoire. Cependant, grâce aux concours proposés par Fyctia, je progresse, en tant que "jeune" auteure inexpérimentée, essayant d'y affuter ma plume. Je me suis inscrite dans le prochain, un hors série sur le thème de la victoire, en projetant d'écrire cette fois-ci un roman policier humoristique. Je compte sur vous pour le lire, et, bien entendu, si vous appréciez mon style. Dans ce cas, n'hésitez pas à me faire part de vos remarques et suggestions, qui m'aideront beaucoup à améliorer mon écriture.

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3 commentaires

Jehan Calu de Autegaure

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Il y a 10 mois

Me voici à la fin du voyage de ce concours. Je ne souhaite pas publier mon livre dans son intégralité, mais de nombreuses aventures restent à venir. Je peux désormais prendre le temps de lire et « liker » les vôtres, vous pouvez faire de même pour les miennes. Bon concours à tous

Gwenaële Le Moignic

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Il y a un an

Trop mignon.... merci pour cette belle fin !!!😇🥰

Catherine Domin

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Il y a un an

Merci Gwenaële pour tes commentaires et surtout grand merci de m'avoir lue... A bientôt peut-être pour de nouveaux échanges.😊
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