Catherine Domin même pas en rêve 29 - Les pieds dans l'eau...

29 - Les pieds dans l'eau...

... avec vue sur la plage !


Après avoir compris qu’elle pouvait être détenue dans un des blockhaus de Longues sur Mer, j’appelai immédiatement le Capitaine Bernard au numéro de téléphone qu’il m’avait laissé. Il répondit tout de suite à mon appel. Alors, je lui expliquai mon raisonnement…


— C'est possible, avait-il répondu. Cependant, nous allons interroger la personne à laquelle nous pensons et éventuellement, la mettre en garde à vue.


— Parce que vous croyez que cet homme va nous dire où elle est ? et Alice ? Elle est en danger… le temps presse ! Passez-moi le commissaire !


Quelques minutes plus tard, j’entendis la voix de Vatine et lui expliquai mon point de vue.


— C’est d’accord, répondit-il après quelques secondes de réflexion. Nous allons nous y rendre.


— Je viens avec vous !


— Pas question ! Vous n’êtes plus policier et je ne veux pas vous avoir dans mes pattes ! Si jamais il y avait des coups de feu, je ne voudrais pas que vous soyez blessé. Nous y allons et nous vous tenons au courant.


Et il me raccrocha au nez ! J’étais furieux. J’aurais remué ciel et terre pour sauver Alice. Ma décision était prise. Je pris mon révolver resté dans le tiroir de ma table de nuit, descendis au parking…


Je savais qu’il y avait à peu près pour une heure de trajet. Une fois la voiture démarrée, je pris la D27, puis rattrapai la route de Caen. J’essayais de ne pas faire d’excès de vitesse, mais cela me démangeait d’appuyer sur le champignon.


Je finis par arriver à Longues sur Mer et, après avoir garé ma voiture sur le parking, je me précipitai vers les batteries. Les policiers n’étaient pas encore arrivés et je m’approchai avec précaution des blockhaus. Il y avait des touristes partout. Alors, de toutes façons, on ne pourrait pas me tirer dessus. Cela aurait été trop risqué. Je m’approchai donc et visitai les blockhaus un par un. Pas de trace d’Alice. Je descendis dans une petite casemate à l’écart, à demi enterrée et j’allumai la lampe de mon téléphone portable pour l’éclairer. J’appelais Alice, mais en vain.


Quand je ressortis, la lumière vive du dehors m’aveugla et je mis ma main en visière au-dessus de mes yeux. J’aperçus alors les policiers arriver. Ils étaient huit en tout, des policiers en uniforme, revêtus d'un gilet pare-balle, dont le commissaire et le capitaine, en civil.


— Encore vous ? dit Vatine, je vous avais dit de ne pas venir.

— Je ne l’ai pas trouvée. J’ai regardé tous les blockhaus de fond en comble.

— Nous allons y jeter un coup d’œil nous aussi, dit le Capitaine Bernard.


Les policiers examinèrent aussi tous les blockhaus dans les moindres recoins, et même la petite casemate. Tous les touristes étaient partis, ce qui nous laissait le champ libre. Nous avions beau appeler, pas de réponse. Nos voix se perdaient dans le vent ou résonnaient à l’intérieur des bunkers vides. Seul le bruit des vagues nous répondait.


Le découragement commençait à me guetter, mais soudain, une autre idée me vint à l’esprit.


— Attendez ! dis-je, il a bien dit « les pieds dans l’eau, avec vue sur la mer ? »

— Oui, je crois qu’il a dit cela, dit le commissaire. Mais on ne va pas quand même écumer tous les bunkers de la région ! Du moins pas ce soir.


Le temps pressait, et le soleil amorçait sa descente sur l’horizon, à l’ouest.


— Je suis un idiot ! dis-je soudain. Essayons les falaises de la plage !


Le commissaire fit une moue dubitative. Il ne semblait pas très convaincu et il haussa les épaules, l’air de dire « pourquoi pas ! ».


Nous avons alors dévalé le petit chemin pierreux qui menait à la plage. Il fallait se hâter car la mer remontait.


Nous avons alors scruté les falaises et cherché une anfractuosité où on aurait pu l’y cacher. Je criai sans cesse son nom, au risque de me casser la voix. Pas de réponse. Nous nous sommes séparés et avons cherché parmi les éboulis rocheux.


Le soleil couchant dardait ses rayons vers l’est, vers Arromanches, et éclaira soudain d’une lumière dorée les vestiges du port artificiel dont quelques éléments étaient échoués sur la plage. Ce sont d’énormes blocs de béton à moitié enfouis dans le sable et qui sont partiellement recouverts à marée haute et bien qu’ils étaient distants de quelques kilomètres, ainsi mis en lumière, on les voyait bien.


Je me rappelai que nous aimions jouer tout autour, ma sœur et moi quand nous étions enfants et que nos parents nous avaient interdit d’entrer dans les ouvertures. Certaines étaient suffisamment grandes pour que l’on s’y faufile.


Ce fut comme une révélation, presque divine !


— Les pieds dans l’eau ! Mais oui ! Peut-être l’ont-ils cachée dans les blocs de béton du port artificiel !

— Encore une de vos théories fumeuses ? dit le commissaire, agacé.

— Faisons vite, la marée remonte, et les blocs sont souvent immergés, et ils sont situés à 5 km d’ici.

— Bon alors, on y va ! dit-il en soupirant.


Nous sommes remontés au pas de course par le chemin pierreux, avons regagné le parking et sommes repartis dare-dare en voiture jusqu’à la plage d’Arromanches. Arrivés sur place, nous avons déboulé devant les blocs de béton qui supportaient jadis le ponton. Manque de chance, la marée commençait à les gagner.


Je me précipitai vers eux, sans me soucier de me mouiller les pieds tandis que les policiers restaient sur la plage. L’eau m’arrivait déjà à la taille quand j’atteignis le bloc de béton et j’appelai. Et une voix me répondit… « Je suis là ! ».


Je regardai l’ouverture du haut. Elle y était allongée, en chien de fusil et pieds et poings liés.


— Quand même ! tu en as mis du temps, j’ai failli attendre ! me dit-elle en riant.


Elle semblait aller bien, car elle faisait déjà de l’humour.


— ça va, elle est là et elle est vivante ! criai-je en me retournant vers les policiers.


Je ne pouvais m’empêcher intérieurement de les traiter d’empotés. Ils ne se mouillaient pas beaucoup, ceux-là ! Ausens propre comme au figuré !


Elle était attachée et je n’avais rien sur moi pour couper ses liens. Je la tirai vers l’extérieur et je me résolus à la porter dans mes bras.


— Surtout, ne me lâche pas en route, me dit-elle, sinon, je suis bonne pour prendre un bain forcé.


— Je fais ce que je peux ! si tu n’es pas contente… lui dis-je en barbotant dans l'eau froide et en m’efforçant de la tenir aussi haut que possible.


Et à peine retrouvés, voilà qu’on se dispute de nouveau…


Débarquée sur la plage, elle fut délivrée par l’un des policiers qui avait la bonne idée d’avoir un couteau sur lui. Elle avança avec hésitation car ses membres étaient engourdis d’avoir été entravés pendant un si long moment. Alors les policiers la soutinrent pendant qu’elle regagnait la plage.


Le commissaire lui demanda de passer le lendemain matin faire sa déposition concernant son enlèvement et il nous laissa seul après s’être assuré que tout allait bien.


Une fois qu’ils furent partis, elle m’embrassa et me dit « Merci mon héros ! »


Cela valait tous les sacrifices, même au risque d’attraper un rhume !


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2 commentaires

Gwenaële Le Moignic

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Il y a un an

le bain est fini !!^^........

Catherine Domin

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Il y a un an

Bonjour Gwenaële, en effet, il faut parfois se mouiller dans la vie mais quand même, ça fait du bien quand ça s'arrête!
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