Fyctia
Chap.25-Révélations intimes
Lui :
Mardi 26 mars 2024
Cette nuit, Alice m’a fait une révélation qui m’a fait comprendre ses réticences. J’en ai été tout bonnement bouleversé. Alors, notre relation a évolué subitement.
Nous n’avons pas bien dormi cette nuit-là, car pour la première fois, nous nous sentions menacés. Nous prenions les recommandations de Vatine très au sérieux et j’envisageai de ne plus prendre ma voiture pour mes déplacements. Elle resterait au parking de l’hôtel, dans un endroit discret.
Après l’épisode de la filature, nous étions rentrés, tout en nous assurant que personne ne nous suivait, ce dont nous n’étions pas certains. Après déjeuner, nous étions allés faire une longue promenade sur la plage, juste en sortant de l’hôtel puisque celui-ci y avait un accès direct.
Le temps était incertain, hésitant toujours entre pluie et soleil. La mer poussait ses vagues grises sur la plage, mais le bruit du ressac et du vent ne nous apportait plus la sérénité qu’elle nous procurait au départ. L’euphorie des premiers jours nous avait quittés. Notre humeur était mêlée à la fois d’appréhension et de crainte.
Voilà maintenant que j’écris comme Alice. Je crois qu’elle m’a influencé.
Après cette longue promenade de l’après-midi, nous avions dîné au restaurant de l’hôtel, comme d’habitude, mais, pour une fois, nous étions restés silencieux. puis nous avions regagné nos chambres. Nous avions convenu de laisser notre porte de communication ouverte.
Nous n’avions rien décidé concernant la suite de notre séjour. J’étais préoccupé. Je ne voulais pas entraîner Alice dans une mission dangereuse et je décidai d’abandonner notre enquête, sans attendre les nouvelles de Vatine. Tant pis ! laissons la police se débrouiller seule.
Je ne l’avais pas encore informée de ma décision. J’avais décidé de le lui dire demain matin. Je sais qu’elle sera déçue, mais je ne veux pas nous mettre en danger, et surtout elle.
Le soir venu, avant que nous nous couchions, je vérifiai plutôt deux fois qu’une que nos portes étaient bien verrouillées et j’armai le pistolet que j’avais emporté. Je l’ai mis bien à portée de main sur ma table de nuit. Puis, nous nous sommes dit bonsoir et chacun a gagné son lit.
J’avais mis du temps à m’endormir. Au bout d’un certain temps, je me réveillai en sursaut, sentant une présence. J’allumai la lampe de chevet et je vis Alice, debout devant moi.
— Je suis navrée de te réveiller, me dit-elle. Je n’arrive pas à dormir. J’ai peur.
— Tu n’as rien à craindre, j’ai fermé toutes les portes et fenêtres et j’ai laissé la porte de communication ouverte.
Je vis alors qu’elle était vraiment angoissée. Elle était pâle. C’était la première fois que je la voyais comme cela, aussi vulnérable qu’un oisillon tombé du nid. J’avais envie de la protéger.
— Bon, si tu as peur, tu peux te blottir près de moi, mon lit est assez grand pour deux.
Que n’avais-je pas dit là ! Elle ne se fit pas prier et, contre toute attente, se coucha près de moi.
— J’espère que tu n’as pas apporté ta bombe lacrymogène, on ne sait jamais, au cas où j’aurais un geste déplacé en dormant, lui dis-je, d’un ton faussement léger pour dédramatiser la situation.
— Non, elle est restée à Paris.
— Bon, tant mieux pour moi. Alors bonne nuit, dis-je en éteignant la lumière.
Je tentai de me rendormir, mais sentir son corps près du mien me rendait assez… nerveux. Il fallait que je fasse abstraction de sa présence. C’était bien difficile. Elle se mit sur le côté vers moi et, lui tournant pourtant le dos, je sentais son souffle sur mon cou et cela me rendait fou.
Non, mon corps n’était pas sage. Rien que l’idée du sien, blotti contre le mien, me remplissait d’excitation. Je la sentais monter, doucement, mais sûrement.
Au bout d’un quart d’heure, je ne pouvais toujours pas dormir et je rallumai la lumière. Je ne savais pas comment lui dire ce que je ressentais, mais il fallait que je le fasse.
— Désolé, lui dis-je, je vais être franc avec toi. Te sentir près de moi m’empêche de dormir. J’ai des pensées d’un homme quand la femme qui lui plait est juste à côté de lui.
— Je te comprends, c'est pareil pour moi.
— Quoi ?
J’étais à la fois ébahi et émerveillé. Alice pouvait donc ressentir du désir ? je la pensais asexuée, à force d’être célibataire et abstinente.
— J’ai beaucoup réfléchi depuis notre conversation de samedi. Je me suis dit que c’était ma dernière chance de connaître ce que bien d’autres ont déjà connu.
— Comment ça ? Tu ne l’as jamais fait ? Tu es… vierge ?
J’étais totalement décontenancé, et, touché en plein cœur, je n’avais aucunement l’intention de me moquer d’elle. Pourtant, elle se mit à rougir et je vis que ses yeux se remplissaient de larmes. S'était-elle mépris sur le ton que j’avais employé, ou alors avait-elle honte de me l’avouer ?
Comme je me sentais rustre et maladroit en cet instant ! Je me serais giflé si j’avais pu. J’eus soudain envie de la prendre dans mes bras pour la consoler et lui demander pardon. Mais c’était sans compter mon désir grandissant, au sens propre comme au sens figuré, que je tentais tant bien que mal de cacher sous la couverture.
Je me disais qu’il fallait que je la laisse parler pour la mettre en confiance, mais je n’étais pas sûr de pouvoir l’écouter longtemps. J’avais peur que pendant ce temps-là mon envie ne devienne qu’un feu de paille vite éteint.
— Je n’ai jamais trouvé l’homme de ma vie et je n’étais pas prête à me jeter au cou de n’importe qui, juste par dépit et simplement pour voir ce que cela faisait. Par peur de ne pas réussir, j’ai tout raté, y compris de bonnes occasions. Je croyais que l’attirance physique pouvait être assortie aux sentiments, mais je n’ai jamais vraiment trouvé quelqu’un qui suscite en moi les deux à la fois. Je sais, je suis exigeante et je vais au bout de mes idées. Et puis le temps a passé, et me voilà avec toi, ici et maintenant.
— Alors, si je comprends bien, je suis l’homme de la dernière chance ! Un pis-aller pour que tu ne meures pas idiote ! dis-je nerveusement.
Je regrettai aussitôt mes paroles, que je trouvai injustes, ma nervosité croissante en étant la cause. Tant pis, le mal était fait.
— Comme tu es cruel avec moi ! C’est vrai, mais pas seulement. Je t’aime réellement, d’un amour sincère et tu m’as donné assez de confiance pour sauter le pas. Alors, ne gâche pas tout !
— Je te demande pardon d’avoir dit cela. Mais je suis tellement frustré de te sentir si près de moi. Tu as ravivé des choses en moi que je croyais mortes. J’ai envie de toi, maintenant !
Ma respiration s’accélérait, bien malgré moi. Mais je me forçai à continuer de l’écouter.
— C’est la même chose pour moi, Bruno. Je t’aime sincèrement et je ressens quelque chose là, et aussi partout, dit-elle en me montrant son bas-ventre, puis ses seins.
Elle se tut. Deux petites rigoles silencieuses coulaient de ses yeux. Alors je n’ai rien dit et je lui ai retiré doucement sa chemise de nuit. Je me suis déshabillé à mon tour, et j’ai commencé par embrasser ses larmes.
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