Catherine Domin même pas en rêve Chapitre 14 - Indices

Chapitre 14 - Indices

Elle :


Samedi 16 mars 2024


A la suite de nos investigations, nous sommes remontés. Je me suis recouchée, mais je n’avais pas envie de dormir. Je ne faisais que me retourner dans mon lit, en proie à des pensées incessantes et totalement désordonnées.


Ce qui me tourmentait à ce moment précis, ce n’était pas la recherche du mobile du crime, mais la réaction de Letellier. Pourquoi m’avait-il subitement prise par les épaules et donné un baiser sur le front ? Comme ça, vite fait, à la sauvette ! Et il m’avait appelée « Alice », abandonnant le sobriquet de « Miss Marple » dont il me gratifie continuellement ?


Ce soudain revirement dans son attitude, cette fugitive étreinte et quelque peu brusque me laissait perplexe. Il n’était quand même pas tombé amoureux de moi ? Non ! Ce geste d’affection bourru et plutôt inattendu serait plutôt celui d’un frère envers sa sœur. Et il paraissait plutôt inquiet, voire protecteur.


La phrase qu’il avait prononcée alors me revint en mémoire.


« Ne me refaites jamais un coup comme ça ! »


Oui, il était vraiment inquiet. Peut-être à raison. J’aurais pu me jeter dans la gueule du loup si l’assassin traînait encore par ici ! Et il m’a grondée comme si j’étais une petite fille, me traitant de « petite folle ! ». A mon âge !


Je ne lui en avais pas voulu. Au contraire, il avait raison. Mais alors, le flic du troisième cacherait-il un cœur tendre sous son allure bourrue ?


Derrière l’ex-policier un peu macho, souvent désagréable, pointait l’homme qu’il était en réalité: un tendre mari, un père et un grand-père aimant.


Et puis, il m’avait aidée dans mes démarches, et aussi dans le nettoyage de mon logement. Puis il m’a presque forcée à rester, mais sans avoir jamais cherché à profiter de la situation, ce qui m’arrangeait bien. Se comportant presque comme un gentleman, il n’a jamais eu de geste déplacé envers moi.


Ce ne serait pas des « indices probants » d’attachement ça ? Je ne pensais pas que c’était de la pitié. Et je n’avais pas compris sur le coup. Jusqu’à ce que j’entende cette phrase.


C’était hier. Aujourd’hui, prenant conscience de certaines choses, je suis profondément touchée. Il semblerait que je compte pour lui.


Mais, méfiance. Bien qu’il ne se soit pas montré amoureux de moi, ne risque-t-il pas de m'entortiller dans la toile de ses bons sentiments?


Et moi, quels sentiments éprouvé-je envers lui ? De l’attachement moi aussi ?


Cela me fait un peu peur, car je n’ai jamais voulu m’engager dans une relation quelle qu’elle soit.


J’avais, une fois pour toutes, décidé d’être bien à l’abri, bien réfugiée derrière mes livres, ma musique, ma petite vie. « Garde-toi des tourments de l’amour » était ma devise.


Je voyais les romances des amis autour de moi se faire et se défaire, avec leurs lots de déceptions, en me disant « pas de danger que cela m’arrive ! » ou bien « Il faut mieux être seule que mal accompagnée ! ».


Et je me dois d’être honnête envers moi-même. En fait, l’amour me fait peur. Je crains l’échec d’une relation, la rupture qui mène à la souffrance. Je crains de ne pas être à la hauteur de l'être aimé, et de ne pas résister aux conséquences d'une douloureuse séparation.


La douleur me fait peur et je la fuis.


Et mon cœur est resté éternellement en hiver, par peur du printemps, celui de la naissance des sentiments, par peur de l’été, celui de leur éclosion, tout en étant certaine que l’automne les ferait mourir.


L’hiver est un repos végétatif. Un état dans lequel tout est engourdi. En suspens. J’avais voulu rester éternellement dans cet état. Ne rien vivre qui risque de devenir douleur.


Voilà aussi pourquoi je ne sais pas écrire des histoires d’amour. Parce que ne sais pas comment les vivre.


Lui :


Samedi 16 mars 2024


Je profite de ce répit, pendant qu’elle dort, pour noter ces quelques événements sur mon journal.


Quelle nuit elle m’a fait passer ! Entrer comme ça dans un appartement fermé par des scellés, où il y a eu un meurtre. Elle est folle à lier !


« Elle », c’est Alice ! L'objet de mes tourments présents.


De plus, les scellés auraient été brisés avant qu’elle n’arrive. Par qui ? Dans quel but ?


Mais je dois reconnaitre que la fine mouche a peut-être trouvé des indices qui pourraient nous mener vers un éventuel mobile de meurtre. Peut-être un « faisceau d’indices probants ». Elle a du flair. Elle aurait dû travailler dans la police. Mais je ne sais pas si nous nous serions entendus tous les deux. Elle a trop de tempérament.


Cette histoire m’a profondément titillé. Le « poulet normand » ressurgissant en moi de plus en plus, je ne me suis pas recouché et j’ai épluché le dossier « assurances » que nous avons pris chez Lebreton.


Rien ! il n’y a strictement rien en ce qui concerne cet accident, et le dossier ne mentionne que de petits accrochages antérieurs. Et bien que le véhicule soit assuré tous risques, pas de déclaration d’accident, pas d’expertise.


Bizarre non ? Pourtant cela a dû coûter une fortune pour faire réparer cette belle voiture. Et si elle avait percuté autre chose qu’un animal ? Un être humain ? Avec un délit de fuite par-dessus le marché ? Allons bon ! Voilà que je me laisse entraîner par mon imagination. Alice m’a contaminé. Peut-être qu’il n’y a aucun rapport avec ces crimes.


Mais quand même, je sens bien qu’on a mis le doigt sur quelque chose. La police a sûrement vu ce détail. Pourtant, elle n’a pas touché à ces documents. Il faut que je contacte le Capitaine Lavergne. Ou plutôt… non.


D’abord, je ne le sens pas très motivé, et puis, si on est entré dans un appartement sur lesquels les scellés ont été brisés, cela va nous retomber dessus. On va paraître suspects.


Et si nous menions notre petite enquête, « Miss Marple » et moi ? Comme ça ? pour voir ?


En ce qui la concerne, Je me suis tellement inquiété pour elle que je l’ai traitée de "petite folle". Je regrette, mais cela m’est sorti comme ça.


J’étais tellement fâché que l’ai prise par les épaules pour la secouer. Mais quand j’ai vu sa frimousse, je n’ai pas pu résister et je l’ai embrassée sur le front. Pourquoi ? je n’en sais rien. Un élan de tendresse peut-être ?


Et, bizarrement, elle n’a rien dit. Elle était sûrement surprise.


Il faut que je m’avoue que je me suis attaché à elle, à sa drôle de frimousse, car, malgré son âge, elle garde un air de jeunesse éternelle, et son visage est à peine marqué par les ans.


Elle a une façon de vous regarder avec ses yeux candides…


Je crois qu’elle compte beaucoup pour moi. Je n’ai pas envie qu’il lui arrive quelque chose.


Mais qu’est-ce qui m’arrive à moi ? Je m’étais pourtant dit… plus jamais !




Tu as aimé ce chapitre ?

8

8 commentaires

Eloïse_f

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Il y a un an

Like de soutien, n’hésite pas à faire de même ; )

Ines.m

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Il y a un an

like d'entraide, n'hésites pas à passer aussi :)

Catherine Domin

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Il y a un an

Bonjour Ines, merci pour ton like, je vais faire un tour dans ton histoire. Bonne fin de journée.

Gwenaële Le Moignic

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Il y a un an

👍😎🥰 belle soirée et à très vite !

Catherine Domin

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Il y a un an

Bonjour Gwenaelle, Merci pour tes encouragements. Le chapitre suivant est en route. Très belle journée.

Emeline Guezel

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Il y a un an

À jour 🥰

François Lamour

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Il y a un an

Like du "Connard romantique" 😁
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