Catherine Domin même pas en rêve Chapitre 6 - Cohabitation ?

Chapitre 6 - Cohabitation ?

Lui :


« Ben non, à moins d’aller à l’hôtel… » qu’elle m’a dit. Eh bien qu’elle y aille à l’hôtel ! pensai-je aussitôt.


Je ne lui répondis pas et je me mis en quête d’un seau et d’une serpillère et je commençai à éponger le sol de la salle de bain et de la cuisine. J’ai vu qu’elle n’avait pas insisté.


— Qu’est-ce que vous faites ?


— Eh bien, j’éponge, afin que l’eau ne continue pas à s’infiltrer chez vous. Parce qu’une fois que la police aura relevé tous les indices, l’appartement sera mis sous scellés et on ne pourra plus rien faire. Et si vous pouviez m’aider… Après, je viendrai voir chez vous, c’est promis.


Sans rien dire, elle se dirigea vers le placard à balais de la cuisine et dénicha un balai-brosse, puis trouva une autre serpillère sous l’évier.


Et nous voilà tous les deux en train d’éponger le sol. Elle dans la cuisine, et moi dans la salle de bains, pendant que les flics farfouillaient dans les tiroirs à la recherche d’informations concernant la victime.


Ce fut un sacré chantier. Les policiers pataugeaient avec leurs chaussures sales sur la moquette imbibée d’eau et ce n’était pas beau à voir. Ils ouvrirent tous les tiroirs, les placards et les laissèrent ouverts. Tous les papiers qu’ils ont pu trouver furent amoncelés sur la table de la salle de séjour.


Soudain, « Miss Marple » revint vers moi, les yeux brillants d’excitation, pendant que je tordais ma serpillère au-dessus du seau.


— J’ai réfléchi. Dubus ne peut pas avoir mis ce mot sur le pas de ma porte.


— Ah ? demandai-je d’un air étonné.


— Ben oui ! Pour remplir une baignoire comme cela et inonder l’appartement, il faut un certain temps. Ça devait faire un bon moment que Dubus faisait trempette quand il a été occis. Donc, il ne pouvait pas être à la fois dans son bain et sonner à ma porte. En fait, l’assassin a mis ce mot pour faire diversion.


— Diversion ?


— Oui, attirer l’attention sur autre chose, et cela a marché puisque je suis venue dare-dare vous chercher.


— Oui, mais vous avez dû rencontrer le meurtrier dans l’escalier alors ?


— Sauf s’il s’était caché dans les anciennes toilettes pendant que je montais vous voir.


Je dois une explication. Notre immeuble est une très belle bâtisse en pierre de meulière qui date des années 1910. A cette époque, il n’y avait ni toilettes ni salles de bains dans les appartements. Et des toilettes communes se trouvaient sur chaque palier entre deux étages. La rénovation opérée dans les années 1970, a pourvu les appartements de salles de bains et de toilettes individuelles, et le chauffage central qui n’existait pas à l’origine a été installé. Depuis, les anciennes toilettes servaient de débarras à tout le monde. Elles auraient dû être condamnées, mais elles ne l’étaient pas.


— Ou alors, reprit-elle, ailleurs, dans un appartement, par exemple, si c’est quelqu’un de l’immeuble.


— On nage en plein délire ma petite Miss Marple !


— Comment m’avez-vous appelée ?


— Miss Marple. Vous savez, l’héroïne d’Agatha Christie, une vieille fille qui mène des enquêtes et met son nez partout, du genre « fouineuse ».


— Vous pensiez me vexer, cher Monsieur, mais pour moi, ce serait plutôt un compliment, car Miss Marple, elle, résolvait tous les mystères.


— La petite dame a raison, dit le policier en nous rejoignant. Le légiste pense qu’on a agressé votre voisin il y a au moins une heure. Ce sera confirmé lors de l’autopsie. Par contre, en ce qui concerne le mot, nous avons retrouvé des notes écrites par la victime, et l’écriture ne correspond pas.


— Ah ! vous voyez ? dit-elle d’un air triomphant.


— Oui, eh bien n’attrapez pas la grosse tête ! Tout ceci reste à prouver !


— Et il y a autre chose, dit le policier. Cet homme savait tout sur tout le monde. Il écrivait un journal où il détaillait les allées et venues de chacun, les horaires et tout. C’était un grand malade, celui-là…. Mais il avait le sens du détail. Finalement, il aurait fait un bon indic.


— Nous l’avions remarqué, fit-elle, je le voyais m’espionner à chaque fois que je sortais et je rentrais, et je l’ai surpris plus d’une fois à écouter aux portes. Et c’est peut-être pour cela qu’on l’a tué.


— Et Lebreton alors ?


— Il y a peut-être un lien entre eux deux, dit-elle.


— Nous avons fini, dit le policier. Nous allons embarquer ce journal, et refermer l’appartement qui sera sous scellés. Si besoin, nous vous convoquerons au commissariat pour vous poser des questions.


Nous avions fini d'éponger, les policiers partirent et les scellés furent posés sur la porte. Les clefs ont été emmenées par le policier, le Capitaine de police Lavergne.


Je suis descendue avec elle voir son appartement. Quel chantier ! Le plafond de sa salle de bains s’était fissuré et fractionné en plusieurs morceaux dont certains étaient tombés, faisant voir les poutres en dessous. Pareil pour la cuisine. Le plafond du séjour était en partie fissuré et de l’eau gouttait par les failles et celui de la chambre cloquait. Le papier peint du séjour se décollait par endroits. Effectivement, son appartement était devenu quasiment inhabitable.


— Mais, comment se fait-il que vous n’ayez pas vu que ça fuyait chez vous ?


— J’étais dans ma chambre en train de… euh... d’écrire sur mon ordinateur. Donc je n’ai rien vu et la salle de bains et la cuisine sont loin de la porte d’entrée. Et j’avais fermé la porte du séjour. Quant à la chambre, le plafond est cloqué depuis longtemps, suite à un problème avec la peinture. Mais je vais en profiter pour le faire passer sur l’assurance et mettre cela sur le compte de l’inondation.


— Pas sûr que ça marche, répondis-je. Enfin, vous pouvez toujours essayer.


Je l’aidai à disposer des gamelles sous les fissures qui gouttaient puis nous avons épongé ce que nous avons pu et déplacé les meubles dans les endroits épargnés par l’inondation. Heureusement, le mobilier avait peu souffert et nous l’avions essuyé quand cela était nécessaire. Mais c’était quand même un sacré dégât des eaux.


— C’était chic de votre part de m’avoir aidée à éponger, me dit-elle. Maintenant, je vais faire ma valise et aller à l’hôtel ! je ne vais pas rester ici, ça sent trop l’humidité.


— Vous n’avez pas un frère, une sœur, un ami qui pourrait vous héberger ? demandai-je.


— Je suis fille unique et mes seuls amis vivent à cinq cents kilomètres d’ici. Quand à mes parents… Ils sont au cimetière, alors, je n’ai pas le choix.


Je ne sais pas pourquoi, mais elle m’a fait pitié et dans un élan que je ne pus m’expliquer, je lui proposai de venir chez moi. Espérons que je n’aurai pas à le regretter.


— Ecoutez, j’ai deux chambres de libres. C’étaient celles de mes enfants. Vous pouvez venir dormir chez moi ce soir si vous le voulez.


— Ce soir ?


— Oui, rien que ce soir ! faut pas exagérer tout de même !


— Vous savez quoi ? vous êtes bien plus sympa que je n’aurai cru.


Dans quoi me suis-je donc embarqué ?


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6 commentaires

Catherine Domin

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Il y a un an

Bonjour M. Lamour, le bien nommé. Merci pour ton like. J espère que mon histoire te plaît. Je vais faire un tour chez le connard romantique. Rien que le nom, ça me plaît déjà.

François Lamour

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Il y a un an

Like d'entraide entre auteurs 😁 N'hésite pas à me rendre la pareille sur le roman "Connard romantique". Et à le découvrir bien sûr !

Alice Bruneau

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Il y a un an

<3

Catherine Domin

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Il y a un an

Merci !

chiara.frmt

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Il y a un an

🫶🏻

Catherine Domin

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Il y a un an

Merci !
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