Fyctia
Chapitre 5
Elle :
Je suis descendue ce midi pour voir. La police est enfin repartie. Je me demande bien ce que les flics cherchaient chez Lebreton. Sûrement des indices ! Ou alors des motifs de le supprimer du genre drogue, recel, etc. Serait-il un trafiquant ? ou aurait-il été victime d’une vengeance ? ou d’un crime passionnel ?
Un grand couteau était planté dans son dos, m’avait dit le flic du troisième. C’est sûr, il ne se le serait pas planté lui-même, à moins d’être contorsionniste, et d’être assez tordu pour se suicider de cette façon, pour faire croire à un meurtre. Je chassai cette idée totalement absurde.
N’importe quoi ! Décidément, tu yoyottes ma pauvre !
Mais pourquoi aurait-on tué ce malheureux bonhomme, cet inoffensif Monsieur Tout le Monde?
Cette question étant sans réponse, je tentai de chasser ces pensées idiotes et incongrues en m’attelant à mon roman.
« Il était une fois… »
Non ! c’est nul comme introduction ! On dirait un conte de fées à la noix !
Je tentais d’écrire autre chose lorsque je fus interrompue par la sonnette de l’entrée. Râlant contre cet importun, je me levai et allai regarder par l’œilleton. Je n’ouvre jamais sans regarder. Une fois, je l’ai fait, et je me suis retrouvée aux prises avec un quidam qui faisait la quête pour une œuvre de charité bidon et dont j’ai eu un mal fou à me défaire. Croyant qu’il allait finir par camper sur le tapis de mon salon, j’ai été obligée de lui donner des sous pour qu’il s’en aille. D’ailleurs, c’est généralement la stratégie de ces quémandeurs et je suis tombée dans le panneau.
Alors maintenant, si la tête de l’individu ne me revient pas je n’ouvre pas ! Et je l’envoie se faire pendre ailleurs. Je n’ouvre que quand c’est un beau pompier qui fait la quête en fin d’année pour me vendre son calendrier. Et s’il s’incruste chez moi, je suis tout à fait d’accord, mais ne rêvons pas ! Sinon, c’est niet !
Et là, je regardai, personne ! C’était peut-être un enfant ? Une personne de petite taille ?
Intriguée, j’attendis quelques minutes sans ouvrir et je collai mon oreille à la porte pour écouter. Pas de bruit. La sonnerie ne se fit pas retentir de nouveau. Alors, doucement, j’entrebâillai la porte. Personne ! j’allai refermer quand j’aperçus une enveloppe posée sur mon paillasson.
Je la ramassai, et après avoir refermé la porte, je l’ouvris et lus le message, écrit sur une feuille arrachée d’un bloc à petits carreaux 5 X 5.
"JE SAIS QUI EST L’ASSASSIN !"
Bien entendu, pas de signature. C’est malin ! Maintenant, on sait que quelqu’un sait, mais on ne sait pas qui c’est qui sait.
Oui, je vous l’accorde, ma phrase n’est pas très claire. Mais alors, pourquoi dire que l’on sait mais sans dire qui on est ? Et pourquoi à moi ? Alice Lemercier, comptable à la retraite.
Ce serait mieux de le dire à la police !
C’est peut-être parce que je fais partie du Conseil Syndical de l’immeuble et que je veille à tout et que je mets des affiches pour rappeler les gens à l’ordre quand ils ne déposent pas les déchets dans les bonnes poubelles ! Alors on me prend pour le flic de service. C’est sûrement ça !
C’est très étrange et plutôt inquiétant ! La personne qui sait qui est l’assassin est peut-être en danger ! Et moi aussi puisqu’on peut savoir que je sais que quelqu’un sait !
Je vais aller voir le flic du troisième ! Il doit savoir ce qu’on peut faire dans un cas pareil.
Lui :
L’emmerdeuse est revenue ! Et les ennuis avec. Et cet histoire de meurtre a pris un ton tout à fait inattendu. Et voici comment cela s'est passé.
Je regardais un match de foot à la télé, une canette de bière à la main et voilà que l’on sonne à ma porte. Bien entendu, je regarde à l’œilleton et… C’est encore elle ! Juste au moment où un but était marqué ! Je l’aurais tuée, pilée sur place ! Bon, maintenant, c’est fichu ! Je suis quand même allé ouvrir, on ne sait jamais.
Elle me tendit un bout de papier, qui ressemblait plutôt à un torchon :
— On vient de me le déposer sur mon paillasson.
— Et bien sûr, vous ne savez pas qui c’est !
— Ben non ! C’est peut-être mon voisin du dessus ? vous savez, celui qui écoute aux portes et qui épie tout le monde ! Que fait-on ? On va voir la police ?
— Avant, on va aller le voir, dis-je. Et s’il a été témoin de quelque chose, on lui demandera d’aller faire une déposition. S’il le faut, je l’y accompagnerai.
Je soupirai. Mon après-midi était foutu, et puis, entretemps, je n’ai pas eu le résultat du match. Tant pis, je le saurai ce soir aux informations. Je pris ma veste, mes clefs et lui emboîtai le pas. Nous descendîmes sonner chez M. Dubus, notre fameux voisin épieur. Je sonnai une fois, deux fois, et pas de réponse. Tout à coup, je vis une mare d’eau se former sous la porte, et se répandre tout autour du paillasson.
— Il se passe quelque chose d’anormal.
Tout à coup, la porte, mal refermée, s’ouvrit et nous entrâmes tous les deux précautionneusement en appelant le voisin par son nom. Bon sang ! il y avait de l’eau partout. La moquette de l’entrée faisait floc-floc et un petit jet d’eau en sortait à chacun de nos pas. Celle du salon itou. Tout l’appartement était inondé. Je me précipitai vers la salle de bains…
Le voisin était là, dans sa baignoire, tout nu, complètement sous l’eau. Il ne bougeait plus. Il était mort. Et sa baignoire débordait… débordait…
J’attrapai une serviette de toilette et fermai les robinets. Il ne fallait pas que je mette mes empreintes dessus.
Bon, maintenant, je sais ce qu’il me reste à faire… Appeler la police !
— Avez-vous une bonne assurance ? demandai-je à ma voisine pendant que j’appelais avec mon portable.
— Oui, pourquoi ?
— Allez donc chez vous voir la gueule de votre plafond !
Elle mit sa main devant la bouche d’un air horrifié et redescendit les escaliers quatre à quatre. Je l’entendis s’exclamer lorsqu’elle ouvrit la porte de son appartement.
— Meeeeeeerde !
Un quart d’heure après…
— Encore vous ! Capitaine Letellier ? dit le flic qui était déjà venu hier.
— Ex-capitaine Letellier, de la brigade criminelle du 36. Maintenant à la retraite.
— C’est encore vous qui avez découvert le corps ?
— Et oui, en fait, je suis allé voir ce Monsieur afin de savoir si c’était lui qui avait écrit ce mot. C’est ma voisine, Alice Lemercier, qui habite juste en dessous, qui l’a trouvé sur son paillasson.
Le policier prit le papier en main.
— Effectivement !
— Quelles sont vos conclusions ? demandai-je.
— Apparemment, il ne s’est pas noyé tout seul, dit le légiste qui intervint dans la conversation.
On a dû lui appuyer fortement sur la tête. Il a des bleus sur les bras, prouvant qu’il s’est fortement débattu.
Tout à coup, je vis revenir la voisine. Elle était blême.
— J’ai un gros problème ! J'ai de l'eau partout. Le plafond du salon s’est à moitié effondré, celui de la salle de bains aussi, et celui de la chambre cloque. Quant à la cuisine…
— Ne me dites rien ! je suppose que vous n’avez pas de solution d’hébergement ?
— Ben non, à moins d’aller à l’hôtel…
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ZELI
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Catherine Domin
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maissourms
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chiara.frmt
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