Fyctia
Coup de foudre
Vendredi 2 décembre 2022.
Benjamin ne m'a toujours pas adressé la parole depuis notre altercation.
Une semaine qu'on s'ignore comme deux gamins dominés par leur fierté.
Franchement, je suis déçue !
Être jaloux prouve son attachement. Mais là, c'était trop et totalement injustifié !
J'avoue qu'Arthur a dépassé les bornes, mais franchement, je l’ai d'emblée repoussé. Pourquoi je paye pour une action que je n'ai pas initiée ?
Et comment a-t-il pu hurler nos problèmes personnels devant tout le monde ?!
Je reconnais avoir mes torts. J'aurais dû discuter de tout ça avec lui, désamorcer la situation avant que la bombe n’éclate. Habituellement, je prône la communication dans un couple, mais là, je ne sais pas pourquoi, je fuis.
En fait, la vraie question que je me pose, c'est : "Est-ce que je veux toujours qu’il soit mon premier ?" Je ne sais plus…
Je suis bien avec lui, enfin, j'étais bien. Malheureusement, mon redoublement, puis la distance, m'ont provoqué la sensation de ne plus être sur la même longueur d'onde.
Je l'aime, là n'est pas la question ! Mais j'ai l'impression de l'empêcher d'avancer, de le priver de vivre à fond sa vie d'étudiant.
Je me pose sûrement beaucoup trop de questions ! Je ne suis pas une fille pour rien diront Yoann et Tristan !
Mais, et si on s'était mis ensemble trop tard…
— Ça va ? me questionne Amélie qui me voit ruminer dans mon coin depuis dix bonnes minutes.
Arthur s'approche de moi pour s'excuser une énième fois.
Je me demande s'il n'a pas provoqué volontairement, tout ça. Vu comment il est insistant maintenant.
Bon, j'arrête ! Je divague !
— Je ne m'imaginais pas que ton copain réagirait aussi violemment. Je suis désolé, mais sache que moi je ne suis pas jaloux, je fais confiance.
Confiance ! Voilà ce que j'espérais entendre de la bouche de Benjamin.
— Arthur, lâche l'affaire ! Toi et moi ça ne se fera jamais !
— Aie, tu es dure là, ma belle. Pourquoi ?
— Mais arrête ! Je suis en couple et même si je ne l'étais pas, tu n'es pas quelqu'un de sérieux.
— Mais je peux le devenir, si tu me montres…
— Stop ! arrête ton baratin de lover. Ça ne prend pas avec moi. Tu dragues tout ce qui bouge, restons potes OK !
— Je n'ai pas dit mon dernier mot, mon ange…
Grr, il m'horripile avec son surnom affectueux, déplacé !
Il disparaît tout en me faisant l'un de ces clins d'œil charmeur, désopilant.
Il est vraiment grave ! Mais il me fait rire malgré tout.
— Pire qu'une sangsue celui-là, me lance Amélie, amusée.
Tout en plaisantant, on se dirige vers le réfectoire.
— Au fait ! Aujourd'hui, tu fais ton défi… maintenant ! la taquiné-je.
Son sourire s'évanouit aussitôt, remplacé par un triturage intense de ses petites peaux au niveau de ses ongles de main. Sa gaieté s'est volatilisée.
Mince, j'espère que je n'y vais pas trop fort !
— Tu n'es pas obligée si tu ne te sens pas de le faire.
— Si, si, ça me fait du bien que tu me remues, mais j'appréhende un peu.
— N'oublie pas, ce n'est qu'un jeu ! la rassuré-je.
Elle replace sa longue tresse dans son dos et serre ses poings en se tenant bien droite pour se donner de la force.
À peine entrée dans le réfectoire, le brouhaha qui y règne fait resurgir mon mal de tête lancinant de ces derniers jours.
Je prends un plateau et on se sert notre repas avec lassitude.
Au menu du jour : épinard à la sauce… "vomito", accompagné de son colin sur son lit d'eau de décongélation.
Miam ! De quoi me mettre l'eau à la bouche. Sans jeu de mots, bien sûr !
Emma nous fait un signe de main pour qu'on la rejoigne.
Enfin, à ce stade, c'est plutôt un immense signe de bras s'agitant dans tous les sens, comme si elle nous refaisait une chorégraphie Tecktonik des années deux mille.
C'est à mourir de rire !
J'ai vu des vidéos sur YouTube, je n'ai jamais compris le concept de cette danse singulière.
Apparemment, quand j'avais quatre ans, j'ai tenté l'expérience.
Au secours !
Bref, je pivote la tête et tombe sur Arthur qui s'est laissé glisser en bas de sa chaise, un livre à la main pour se cacher.
Visiblement, il n'assume pas le côté "Je me fous du regard des autres" d'Emma.
Arrivées à leur hauteur, il se réinstalle correctement et se décale précipitamment pour me laisser une place. Comme Amélie s'assoit à côté d'Emma, je n'ai plus vraiment le choix.
On entame une discussion plutôt bon enfant qui s’avère agréable. Voyant l'heure tourner, je jette un rapide coup d'œil à mon amie pour qu'elle honore son défi.
— Tu es relou, Léna ! me lance-t-elle d'un ton tendu.
— Je sais, mais c'est pour ça que tu m'aimes !
Elle se lève nerveusement et lisse de ses mains son pull pour se donner du courage. Elle mordille sa lèvre inférieure tout en se répétant en boucle "Tu peux le faire".
Elle est trop mignonne avec son jean clair slim et son long pull noir beaucoup trop large qui accentue sa petite taille et son corps fin. On a envie de la prendre dans nos bras pour la protéger.
Mon regard balaye la foule en effervescence à la recherche de la table que mon amie choisira.
Subitement, mon regard est happé par deux iris azurés qui me fixent intensément, me faisant légèrement perdre pied.
La sensation est très étrange, ce regard m'électrise autant qu'il me paralyse. Le temps semble suspendu. Je distincte à peine les voix d'Emma et d’Arthur, murée dans une bulle de sérénité où seulement lui et moi existons, créant une connexion puissante, immédiate et inexpliquée.
Lui aussi paraît perturbé, car je remarque une barre plisser son front.
Il replace nerveusement une de ces mèches blondes sans me lâcher des yeux. Des picotements me parcourent l'échine, mes mains deviennent moites, les battements de mon cœur s'accélèrent pour ensuite progressivement ralentir pour se calquer sur l'apparence sereine de l'inconnu. Il émane de lui un côté sauvage, torturé, qui m'interpelle.
Au bout d'un temps qui me semble infini, l'homme finit par froncer les sourcils et me jeter un regard froid et dédaigneux avant de rompre le contact.
Tout en détournant les yeux, il se focalise sur Amélie qui vient de lui poser une question.
Putain c'était quoi ça ?
Complètement chamboulée, je tente de me concentrer sur la dernière phrase d'Emma.
— Léna ! Tu es avec nous ?
— Euh… oui, oui, qu'est-ce que vous disiez ?
Arthur se rapproche de moi…
— Il s'est passé quoi dans ta petite tête, on aurait dit que tu étais partie ailleurs, me souffle-t-il en tapotant gentiment mon front de son index.
Etrangement, mes yeux dévient de nouveau vers l'inconnu que je surprends en train de me fixer d’un air soucieux.
Toujours sonnée par ce trop-plein d'émotions intenses et contradictoires, une avalanche de questions déferlent dans mon esprit.
J'en profite pour le détailler un peu, malgré qu'il ne soit pas mon style, il reste un beau garçon.
Par contre, ses muscles saillants et ses bras puissants m'interrogent. Protéines ou entrainement ?
Amélie revient vers nous au pas de course.
— Putain, les filles je l'ai fait ! Et avec un groupe de mecs trop canons.
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Fanny Nohal
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Ska
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1847heaven Séverine Gomez
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Charlotte Whisper
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