Fyctia

Ce week-end, je retrouve mes amis chez Clara, et pour l'occasion, j'ai invité Amélie et Emma.

Depuis que nous sommes arrivées devant le portail, Emma est une vraie pile, elle remet rapidement en place une mèche blonde rebelle de son chignon déstructuré, impatiente de rencontrer le groupe.

— Coucou les girls ! nous accueille Clara à l'entrée.

— Salut, lance-t-on en chœur.

— Venez ! On attendait plus que vous.

Nous suivons mon amie jusqu'au sous-sol où les filles restent bouche bée devant la beauté du lieu.

— Putain Léna, tu aurais pu nous prévenir ! bougonne Emma, face à la piscine.

Ses beaux yeux noisette parcourent la pièce avec émerveillement.

Je fais de même et tombe sur un

Yoann resté figé, tel un imbécile, à fixer Emma d'un regard énamouré.

— Ferme la bouche, tu vas gober des mouches ! dis-je à mon ami en lui relevant le menton d'une main.

Il se reprend aussitôt en secouant la tête.

— Salut Yoann enchanté ! s'empresse-t-il de se présenter auprès d'Emma, qui lui sourit brièvement.

Aie ! Il va ramer.

Adossé au flipper, Benjamin est là, le regard fuyant et la posture courbée.

Avec son pantalon noir et sa chemise bleu nuit ouverte au col, il est vraiment canon.

Il contourne le baby-foot et tout en se pinçant l'arête du nez, sûrement de gêne, il s'installe à l'opposé de moi sur le canapé.

Bon le ton est donné !

Ça me fait vraiment mal d'en être arrivée là !

Yoann, assis près d'Emma, tente des petites blagues foireuses qui ne font pas mouche.

Normal il les gobe !

Je vais devoir lui toucher deux mots...

Amélie restée un peu en retrait, nous observe discuter de tout et de rien.

La voyant mal à l'aise, Tristan s'approche d'elle, sous le regard jaloux et envieux de Margaux.

Ils m'énervent ces deux-là.

Depuis Halloween, ça a été le calme plat.

Il va vraiment falloir passer la seconde car j'ai peur que Tristan finisse par passer à autre chose ! D'après Yoann, ils sont pas mal sollicités par certaines étudiantes plutôt rentre-dedans.

Il va falloir qu’ils mettent leurs fiertés de côté et qu'ils se jettent à l'eau !

— Et si on jouait au jeu du foulard ? questionne Clara.

Punaise, ça faisait longtemps dis donc… J'ai plutôt une mauvaise expérience de ces jeux…

Tristan quitte aussitôt Amélie pour aller piquer le foulard des mains de Clara.

— Je commence ! dit-il ravi.

Je jette un coup d'œil à Margaux pour lui faire passer le message.

C'est le moment si elle veut tenter une approche…

Tristan se positionne au milieu de la pièce attendant qu'on lui fasse un petit geste.

Le but est simple : Il doit choisir le geste qu'il préfère sans en connaître l'auteur.

Sans faire dans l'originalité, je l'embrasse sur le front tandis qu'Amélie lui caresse la main. Yoann, fidèle lui-même, lui pince le genou.

— Aie connard ! crie Tristan, reconnaissant le coupable.

Margaux, ayant vu le geste doux d'Amélie, s'approche de lui et tout en hésitant une seconde, lui fait un baiser à la commissure des lèvres extrêmement sensuel.

Tristan s'immobilise, sa bouche s'ouvre de surprise. Il pivote la tête de droite à gauche, frustré de ne rien voir. À ses sourcils froncés, il s'interroge.

Oh je suis trop fière d'elle !

— Je choisis le dernier baiser, décide Tristan en enlevant son bandeau brutalement.

Lorsque Margaux s'approche pour se révéler, il recule de plusieurs pas tout en écarquillant des yeux.

S'il n'a pas compris le message avec ça !!

Les participations s'enchaînent lorsque vient mon tour.

Maintenant que je tente l'expérience, c'est assez déstabilisant de perdre ses repères visuels.

Mes autres sens s'éveillent aussitôt, tentant de capter les bruits environnants ou les odeurs.

Je reconnais chaque passage, Amélie et son odeur de fraise dû à son gloss, Yoann, Margaux et Emma aussi. Sans oublier Clara qui me pince la taille. La chipie !

Il n’en reste plus que deux.

Mon odorat tente de capter une fragrance familière pour obtenir une indication sur le prochain à me rejoindre.

Benjamin ou Tristan !

Il se rapproche lentement.

Il ouvre la bouche.

J'entends le bruit de ses lèvres qui se décollent l'une de l'autres, son souffle régulier se rapprocher.

Avec délicatesse, il mordille ma lèvre inférieure. Un goût de cassis, se répand sur ma langue qui vient de lécher ma lèvre.

Je le saisis par le bras et l'embrasse sauvagement, comme une droguée en manque. Privée de ma vue, la sensation est démultipliée.

Je retire mon foulard et accueille le regard bienveillant de mon chéri.

Un doux sourire se forme sur ses lèvres.

— Tu viens, il faut qu'on parle…

Ne se faisant pas prier, il me suit pour aller s'isoler dans la chambre de Clara.

Décidément, cette pièce est destinée à être notre lieu de réconciliation… ou pas !

Benjamin me fixe un sourire espiègle aux lèvres.

— Tu m'as manqué, petite sauvageonne.

Puis il reprend d'un ton plus sérieux.

— Je suis désolé d'avoir exposé nos problèmes devant ton lycée, mais en voyant l'autre abruti te coller et te prendre la main, j'ai pété un plomb.

Depuis le début je ne sens pas ce mec et me dire qu'il passe toutes ses journées avec toi m'a rendu malade, conclut-il en jouant avec une mèche de mes cheveux, et posant sa tête contre mon front.

— Pourtant tu n'as vraiment rien à craindre d'Arthur. Tu sais, il va falloir que tu apprennes à me faire confiance, l'attaqué-je, en me reculant.

— Je te fais confiance, c'est en lui que je n’ai pas confiance ! se défend-t-il.

— C'est de ma faute aussi, on aurait dû discuter après ce qui s'est passé. Écoute...commencé-je en faisant s'entrechoquer mes bracelets. Je suis un peu perdue en ce moment... Mon blocage m'a vraiment perturbé...

— Com... com-ment ça ? scande-t-il totalement démuni et triste.

— Je... je ne sais plus si je veux toujours passer le cap ! lâché-je, gênée.

Tout en se rapprochement de moi pour me prendre dans ses bras, Benjamin ajoute pour me rassurer.

— Écoute mon cœur, je te l'ai dit, on va à ton rythme. Je n'ai pas besoin de faire l'amour avec toi pour vivre une relation épanouie.

Il est gentil mais bon on a plus seize ans, ça reste un mec quand même…

— Mais tu dois avoir des filles qui te chauffent en soirée ! Je ne veux pas que tu ailles voir ailleurs par frustration car je ne suis pas prête.

— C'est ça dont tu as peur ? Que je te trompe parce qu’on ne couche pas ensemble ? s'emporte-t-il.

— Oui, dis-je d'une voix fluette.

— Je ne comprends pas où tu veux en venir. Qu'est-ce que tu veux ? Tu parles de confiance, mais elle doit être réciproque.

— Tu m'aimes toujours ? le questionné-je ayant besoin d'être rassurée.

— Bien sûr Léna, ça a été un calvaire cette semaine sans te voir. Et ce mois sans pouvoir être à tes côtés. S'il te plaît, on oublie la soirée dans ma chambre et on repart de zéro, tu veux ?

Je réfléchis de longues minutes...

Qu'est-ce que je veux en réalité ? Et pourquoi un regard couleur océan vient parasiter mes pensées dans un moment pareil ?

— Tu as raison !

— Tu m'aimes toujours ? ne peut-il s'empêcher de me poser à son tour.

— Oui… toujours. dis-je en l'embrassant distraitement.