Fyctia

Samedi 22 octobre 2022.

Clara et Margaux m'ont proposé une journée shopping au centre commercial du Forum des Halles. J'ai vraiment hésité à sortir, car la pluie coule à flots. Heureusement que j'ai pensé à mon parka rouge avant de sortir.

• On se retrouve à 14h sur place, ça vous va ? Clara
• C'est bon pour moi. D'ailleurs Léna, tu as pu parler à ta mère de ton problème ? Margaux
• Oui, j'ai enfin trouvé le courage de lui dire. Elle m'a conseillé de ne pas m'alarmer. Je vous explique quand on se voit. À toute. Léna

Devant la terrasse du café où on s'est donné rendez-vous , je m'installe en attendant patiemment.

Après réflexion, je ne sais pas si c'est une très bonne idée d'avoir accepté cette sortie, car avec Clara, dans les boutiques, c'est infernal.

Entre les attentes interminables dans chaque magasin, la quantité astronomique de vêtements qu'elle souhaite systématiquement essayer pour finalement ne prendre qu'un seul ou deux articles et son besoin constant d'être rassuré lors des essayages ; c'est épuisant !

À l'instant même où je sors mon téléphone pour appeler Margaux, Clara me fait un signe de la main au loin. Arrivée à ma hauteur, elle me serre dans les bras, heureuse de me retrouver.

Depuis que les cours ont repris, on se voit beaucoup moins, c'est frustrant pour des amis inséparables.

— Je n'en peux plus, ça a été la course ces deux dernières semaines. La cadence n'est plus la même à la fac, on a des exposés et des dissertations à faire quasiment toutes les semaines. Je vais passer mes vacances à bosser, je suis dégoutée. Prépares-toi, car je vais me lâcher aujourd'hui ! m'informe Clara.

Aie, la journée va être encore pire que les autres fois !

— Coucou les filles ! nous salue Margaux en s'approchant pour nous faire la bise à son tour.

— Bon, on est toutes réunies, alors, raconte, tu en sais plus sur ton problème ? questionne aussitôt Clara.

— Je vous avais dit que j'avais surfé sur Internet, et d'après les symptômes, j'ai sûrement eu un vaginisme primaire. Regardez ! proposé-je en montrant le site en question.

— En creusant, j'ai lu que seulement 1% des femmes sont touchées. Bien sûr, il a fallu que ça tombe sur moi ! Ma mère m'a confirmé que cela pouvait être ce trouble, ajouté-je.

— Du coup, qu'est-ce que tu peux faire ? s'intéresse Margaux.

— Ne plus stresser, en tout cas, je n'ose plus retenter l'expérience.

— Tu en as reparlé avec Benjamin ? s'inquiète Clara.

— Non, il a eu l'anniversaire de son petit frère le week-end dernier, donc on ne s'est pas vu. Il m'a envoyé plusieurs messages pour qu'on se retrouve pendant les vacances. Mais je ne sais pas comment réagir, j'ai peur d'avoir jeté un froid.

— Tu n'y es pour rien ! Il n'est pas bête. Il faut que tu le revoies pour que vous puissiez en discuter et passer à autre chose. Si c'était dû au stress comme ton site l'indique, il te suffit de te détendre. me suggère Margaux.

— Oui, je vais lui proposer une date. Bon en attendant, on va faire les boutiques ? coupé-je pour changer de sujet.

Bien sûr, nous allons nous revoir Benjamin et moi, il me manque énormément. Mais pour l'instant je n'ai pas envie d'y repenser.

— D'accord ! C'est toi qui vois ma belle, c'est ton mec. Vous venez, je dois m'acheter un ou deux jeans slim pour en mettre plein la vue à Nolan, enchaine Clara.

Nolan est le nouveau coup de cœur de Clara, il suit les mêmes cours magistraux qu'elle a la fac. Depuis le début de l'année, elle tente d'attirer son attention.

La connaissant, elle va finir par y arriver !

La journée est un vrai marathon, on passe d'une boutique à l'autre en conseillant Clara, elle est surexcitée et cours presque entre chaque enseigne.

En fin d'après-midi, Margaux a trouvé son bonheur en optant pour un beau sac de marque en forme de besace, quelques robes et des gilets.

Clara, quant à elle, a dévalisé la plupart des magasins de vêtements. Elle est chargée comme une mule !

De mon côté, j'ai été raisonnable, j'ai réussi à dénicher deux débardeurs noirs qui feront leur petit effet en soirée.

En attendant mon RER, on flâne dans les rues de Paris, la pluie s'étant calmée.

Clara aperçoit un magasin à la devanture intrigante, ornée d’accessoires étranges et de tenues coquines.

— Oh putain ! Léna, c'est là que tu dois aller, hurle Clara, hystérique.

— Comment ça ? Mais ça ne va pas la tête ! contré-je, outrée.

Margaux m'observe un instant et se tourne vers Clara qui semble déterminée à pousser la porte de ce sex shop.

— Remarque, elle n'a pas tort. Il faut que tu apprennes à découvrir ton corps. Rien de mieux qu'un sex-toy pour te stimuler seule.

Margaux, la voix de la sagesse…. ou pas !!

— Mais je n'ai pas besoin de me stimuler seule, je le ferais avec Benjamin quand je serai prête. Lâchez-moi avec ça !

Sans m'écouter, comme à son habitude, Clara rentre dans la boutique.

C'est bien quelque chose qui m'énerve chez elle, quand elle a une idée en tête, elle ne l'a pas ailleurs !

Margaux se retourne vers moi, hésitante, et finit par la rejoindre, me laissant seule sur le trottoir d'en face.

Elles me saoulent !

Contrainte, je rentre à mon tour, timidement.

Face au spectacle devant moi, je suis choquée.

Le marché du sexe est un vrai business, j'hallucine en observant les rayons.

Des menottes, des films X pour tous les goûts, des sex-toys de toutes les tailles et de toutes les couleurs, des rouges à lèvres vibrants, le kit complet du dominateur selon cinquante nuances de Grey, et même des strings et soutien-gorge en bonbons.

Parmi ce flot de produits, je suis totalement perdue.

Qu'est-ce que je fais ici ?

Les filles se dirigent vers des godes énormes.

— Voilà, c'est celui-ci qu'il te faut. Le rabbit est le meilleur pour te donner des orgasmes en quelques minutes à peine. Et avec ses petites oreilles de lapin juste ici, tu vas prendre ton pied, ma belle, me vend Clara.

J'attrape le sex-toy violet d'une main et l'observe attentivement, il me parait bien gros.

— Franchement, je ne sais pas les filles. C'est quoi ce colosse ? Déjà qu'avec le sexe de Benjamin ça coince, vous pensez que je vais réussir à faire rentrer cet énorme pieu en moi ?

— Regarde, me lance-t-elle tout en se rapprochant de moi pour triturer l'objet avant de s'éloigner tout aussi vite.

L’énorme engin se met à vibrer.

Mais qu'est ce qu'elle a fait ?!

De surprise et sous la violence des secousses, il m'échappe des mains.

Je me plie pour tenter de le rattraper avant qu'il ne s'écrase lamentablement.

Avec dextérité, j'arrive à le récupérer à quelques millimètres du sol.

— C'est bon, je l'ai ! affirmé-je en brandissant le Rabbit vibrant au-dessus des rayons, fière de lui avoir éviter une chute mortelle.

Tous les clients de la boutique se retournent vers moi comme un seul homme.

Oh non ! c'est par où la sortie ?

Embarrassée, je baisse les yeux en rejoignant les filles qui pouffent, hilares, aux rayons costumes.

— Prends-le, il va devenir ton meilleur ami, je te le garantis. m'assure Clara sûre d'elle.

Vais-je craquer ?