Fyctia

Samedi 23 juillet 2022.

Ce soir, Clara nous a proposé une soirée retrouvailles.

En vrai, tout est prétexte pour organiser des soirées.

Sachant que sur le mois d'août, on part tous en vacances, j'ai cédé.

Dès la fin de mon service, je rentre à la maison pour me préparer.

Devant le miroir, j'enfile la robe que Clara m'a offerte. Le rendu me déstabilise… je fais beaucoup plus âgée. Sa couleur noire sobre, son dos nu et son décolleté plongeant sur l'avant épousent parfaitement mes formes.

Une touche de maquillage, mes sandales à talon corail et me voilà, fin prête.

Juste le temps de dire au revoir à mes parents et le bruit d'un klaxon retentit dans la rue, sûrement Tristan qui m'attend.

Arrivée chez notre amie, il se rend compte qu'il a oublié le matelas pneumatique. Heureusement, il n'habite pas loin. Il me dépose et fait demi-tour.

Étant la première arrivée, Clara me demande de la rejoindre dans sa chambre par l'interphone.

Je monte le magnifique escalier en marbre, chacun de mes pas résonne dans l'entrée. Je m'agrippe à la rambarde en fer forgé noir tout en observant les différentes photos de leurs nombreux voyages. Je pivote à droite et entre dans sa chambre où la lumière tamisée de deux photophores dorés, rend l'ambiance romantique. L'eau coule dans la salle d'eau ; contournant son lit pour aller la rejoindre, je l'entends prendre sa serviette.

— C'est bon, tu es présentable ?! demandé-je, en rentrant dans la pièce d'un pas assuré.

Qu'elle n'est pas ma surprise lorsque je découvre Benjamin nu comme un ver en train de se sécher les cheveux avec ladite serviette.

— Oh pardon ! m'excusé-je en me retournant brusquement.

Dans l'agitation, mon pied glisse sur une flaque d'eau, je tente de me rattraper au meuble, mais mes réflexes n'étant pas assez bons, je bascule en arrière.

Benjamin a tout juste le temps de me rattraper avant que je m'explose le crâne contre le carrelage.

— Ça va ? me demande-t-il tout en me relevant, sincèrement inquiet.

Mes yeux dévient involontairement vers son entrejambe qui s'est dressée au contact de mes mains sur son corps.

— Waouh, tu es magnifique ! me complimente-t-il. Puis, réalisant son état et sa nudité

— Mince, désolé ! ajoute-t-il mal à l'aise, en se reculant pour mettre une serviette à sa taille.

Je reste bloquée sur son large torse aux abdominaux sculptés et sa peau dorée par le soleil d'été. Il est vraiment bien proportionné, musclé, mais pas à l'excès, comme j'aime.

— Bon maintenant, on est quitte, renchérit-il, me sortant de ma transe.

Secouant la tête pour revenir à moi, j'esquisse un léger sourire, repensant à cette fameuse soirée barbecue où il m'a surprise nue également.

— Que fais-tu dans la chambre de Clara ? demandé-je, étonnée.

Au même moment, la porte de la chambre se ferme brusquement, suivie d'un tour de clé.

Quoi, attend, c'est quoi cette blague ! Elle n'a pas fait ça ?!

Je tambourine la porte pour que Clara nous ouvre, mais je suis accueilli par un long le silence.

— J'aimerais qu'on parle ! m'informe Benjamin tout en finissant de mettre son tee-shirt noir.

Il est très beau avec son jean clair troué à certains endroits et ses cheveux mouillés en pagaille.

Son regard vert me scrute, attendant une réaction de ma part.

— Les filles m'ont tout expliqué. Continue-t-il.

Arf, elles vont me le payer !

— Dis quelque chose s'il te plaît ? insiste-t-il, hésitant à poursuivre.

— Je ne sais pas quoi te dire.

Il s'agite nerveusement face à ma réponse. Il regarde le sol puis relève son regard sur moi en plissant les yeux.

— Écoute… Tu me plais Léna ! Je n'arrête pas de penser à toi, j'ai tout fait pour t'oublier, mais je n'y arrive pas. J'aime tout de toi ; ton humour, ton empathie, tes maladresses, ta façon de tourner tes bracelets sur ton poignet quand tu es stressée, comme à l'instant !

Réalisant mon geste, je stoppe net.

Reprenant son souffle, il poursuit :

— Tu m'as fait vraiment mal en me rejetant sans tact. J'ai compris que tu ne voulais pas blesser Clara, mais tu n'as pas hésité à me blesser moi !

Alicia a été une relation pansement, mais la blessure était trop profonde. Le pansement n'a pas tenu. Chaque jour passé avec elle, je repensais à toi.

Notre complicité, nos moments partagés, nos délires… tout me manquait.

J'ai fini par lui dire stop. Lors de la remise des dossiers, c'est ce que je voulais te dire.

Il déglutit, me lançant un regard sincère tout en se rapprochant de moi.

—Je t'aime Léna ! Et j'aimerais que tu nous laisses une chance…

Je reste muette sous le choc de sa déclaration d'amour. Mes certitudes vacillent.

Ai-je vraiment réussi à tirer un trait ? Au son de mes battements de cœur qui s'intensifient au fur et à mesure que le silence s'installe, je dirai que non.

— Parle-moi s'il te plaît. Me supplie-t-il d'une voix chevrotante.

Je m'installe sur le lit de Clara, en réfléchissant.

Il reste debout contre le bureau, les bras ballants le long du corps. Ses mains triturent une feuille qui dépasse d'un classeur avec nervosité, ses yeux sont rivés au sol, malheureux. Il me fait mal au cœur. Je me relève et croise son regard écorché.

Une boule se forme au creux de mon estomac, mes mains deviennent moites et mon cœur bat la chamade. Il relève la tête et me fixe, attendant mon prochain geste…

— Je ne sais pas, commencé-je hésitante. Cette année a été compliquée pour moi et je ne suis pas sûre d'être capable d'endurer une douleur supplémentaire. Tu vas partir à la fac et tu vas rencontrer d'autres filles…

— Putain Léna, je m'en fous des autres filles ! s'indigne-t-il avec véhémence.

Je me rapproche de lui, humant son odeur au passage. Celle qui m'est devenue si familière et qui m'a tellement manquée. Un maelstrom d'émotions passe dans son regard, j'y décèle de l'énervement, de la frustration, une touche de vexation et de résignation.

— Si tu veux partir. J'ai la clé, affirme-t-il d'une voix éraillée.

Que dois-je faire ? Fuir et nier mes sentiments pour ne plus souffrir ?

Il se dirige vers la porte. Ses deux mains posées sur la poignée sur le point de l'ouvrir, il me jette un dernier regard douloureux.

J'en profite pour saisir son visage de mes deux mains et l'embrasser timidement.

Il lâche la clé de surprise, se retourne et m’attrape dans ses bras. Toute la pression accumulée dans son corps retombant dans son baiser passionné. Il n'y a plus de retenue, nos lèvres se heurtent violemment. Il me plaque contre la porte et mordille mes lèvres avec voracité.

— Je t'aime, dit-il dans un souffle avant de reprendre mes lèvres en otage.

Nos langues s'entremêlent, se caressent, se cherchent, se provoquent.

Il se recule légèrement et me mord la lèvre du bas avant de l'aspirer avec sensualité.

Je caresse son corps à travers ses vêtements, avide d'enfin pouvoir le toucher.

Il m'arrête, luttant pour reprendre ses esprits, puis me ramène à lui en m'étreignant plus fort de peur que je m'échappe. Me mettant sur la pointe des pieds, je lui chuchote à l'oreille.

— Moi aussi, je t'aime.