Fyctia
"Je n'ai jamais..."
Affairée depuis deux heures sur l'organisation de la soirée, je finis de ranger ma maison.
Ce n'est pas un palace, comme la villa de Clara, la décoration est un peu dans son jus, mais je m'y sens bien.
Elle m'évoque tant de souvenirs que je suis déjà nostalgique à l'idée de la quitter.
La sonnerie d'entrée retentit !
Je me précipite pour aller ouvrir aux mecs qui sont, pour une fois, ponctuels.
— Coucou ma belle, me salue Yoann tout en m'écrasant contre la porte.
— Laisse-la respirer, s'interpose Benjamin, les sourcils froncés.
Yoann lève les mains en signe de reddition. Il s'éloigne de moi sans se défaire de son sourire malicieux. Les filles arrivent une demi-heure plus tard, toutes pimpantes.
De mon côté, je n'ai pas eu le temps de me changer.
— Faites, comme chez vous, je file prendre une douche rapide.
— Avec plaisir, ma belle, s'enthousiasme Clara en s'installant sur le canapé extérieur.
Je monte une à une les marches qui mènent à ma chambre.
Dans les tons rose pastel, vestige de mes années primaires, je l'ai personnalisée avec un énorme cœur en photos au-dessus de mon lit, des étagères végétales et des décorations bohèmes.
Je passe rapidement devant mon lit, qui est enseveli sous un amas de vêtements, et file dans ma salle d'eau.
L'eau chaude calme aussitôt la tension accumulée dans mes épaules et mon dos.
Tout en me savonnant, je chante "Someone you loved" de Lewis Capaldi avec nostalgie.
Une fois lavée, j'enfile ma serviette, laissant mes cheveux mouillés onduler dans mon dos. Je retourne dans ma chambre tout en nouant ma serviette de bain autour de mon corps. Mais à peine entrée dans la pièce, je percute violemment une silhouette, faisant tomber ma serviette au sol.
De larges mains me maintiennent fermement par la taille pour m'empêcher de tomber. Horrifiée, je m'éjecte de ces bras et, dans la précipitation, j'en oublie de récupérer ma serviette.
Benjamin !
Troublé par le spectacle ; Ses pupilles se dilatent comme deux onyx et son regard brûlant parcourt lentement mon corps nu.
La tension s'alourdit, le silence est pesant. Ses yeux s'attardent sur ma poitrine…
Gênée, je me jette sur la serviette au sol. Ce geste semble le faire réagir, car reprenant ses esprits, il place sa main sur ses yeux pour me laisser le temps de me couvrir.
— Merde Léna, je suis vraiment désolé, dit-il confus.
— Putain, mais qu'est-ce que tu fais là ? m'emporté-je, énervée et blessée par son intrusion.
— Je…
Il passe la main dans ses cheveux hirsutes tout en se balançant d'une jambe à l'autre.
Il fait toujours ça quand il est stressé.
— Je… Merde, je suis con. Je suis vraiment désolé, réitère-t-il tout en se massant la nuque de sa main gauche.
Je le fixe, interloquée.
— Je cherchais les toilettes et j'ai entendu ta voix… Je voulais juste rentrer quelques secondes pour t'écouter… Puis, je suis tombé sur les photos de toi, petite… Je ne voulais pas… Pardonne-moi s'il te plaît.
— Redescend, ordonné-je incapable de l'affronter.
Il me fixe un instant, voyant mon visage bouleversé, il passe le chambranle de la porte. Avant de mettre un pied dans le couloir, il se retourne comme pour se raviser et ajouter quelque chose, mais il finit par quitter la pièce dans un soupir douloureux.
Je ferme aussitôt ma porte à clés derrière lui et bascule sur mon lit dans un gémissement de lassitude et de désespoir.
Après dix bonnes minutes, je rejoins le reste du groupe qui s'est déjà attablé.
— Tu en as mis du temps, une vraie princesse, me taquine Yoann.
Je m'installe à ses côtés, lui décochant un sourire de politesse.
Clara est à côté de Benjamin, tous les deux, en pleine discussion.
Il relève furtivement la tête, le regard penaud.
Yoann attentif me demande si tout va bien, alors, j'acquiesce d'un mouvement de tête.
— Si on jouait à "Je n'ai jamais", propose Clara, le visage illuminé.
— Trop bien, vas-y, je commence.
— Attends, mec. Je remplis les verres, dit Yoann.
— OK, alors je n'ai jamais mis de string, clame Tristan, fier de lui.
Mes amies et moi buvons légèrement blasées.
— Je n'ai jamais pissé dans mon pantalon après avoir été poursuivi par un chien enragé, attaque Margaux.
Tristan boit et Benjamin se marre en réclamant l'anecdote.
— Je n'ai jamais simulé d'orgasme, contre-attaque Tristan.
Margaux le fusille du regard et se met à boire avec Clara. Benjamin me jette un coup d'œil rapide avant d'ajouter, tout en reportant son attention sur Tristan.
— Oh, il y a un règlement de compte, on dirait.
— Je n'ai jamais eu de sentiments pour une personne du groupe, lance Clara, enjouée.
Silence !
On se regarde tous en chien de faïence.
Tristan et Benjamin finissent par boire leurs verres, accompagnés l'instant d'après des filles.
C'est quoi ce délire !
Yoann et moi nous regardons, l'air ahuri.
— Attends, on veut des explications là, réclame Yoann sous le choc.
— Mec, ça fait un moment que je le garde pour moi... Mais... Ton corps d'Apollon me rend dingue, dit Tristan en se rapprochant de lui avec les lèvres en cul de poule.
— Non, mais n'importe quoi toi, répond Yoann en le repoussant, hilare.
— Je n'ai jamais dessiné une bite sur le pantalon d'un mec, poursuit Benjamin.
Il joue à quoi ? M'humilier encore plus ?
Blessée par son attitude de la soirée, je l'ignore, mal à l'aise et bois, à contrecœur choquant tous mes amis.
— Oh mon Dieu ! raconte Léna. m'impose Margaux sidérée.
J'élude la question et Yoann rebondit :
— Attendez, et cette histoire de sentiment ?!
Chacun d'eux sombre dans un mutisme déconcertant. Clara finit par briser le silence.
— D'accord, je me lance.
— Attends, j'aimerais le dire aussi, l'interrompt Benjamin.
Il fuit mon regard tout en bougeant nerveusement sa jambe droite.
Clara va enfin avoir la réponse tant attendue, elle le fixe, émerveillée qu'il ait pris également l'initiative.
En chœur, ils se dévoilent :
— Tu me plais…
— J'ai des sentiments pour toi… Léna.
Mon amie se raidit à l'annonce de mon prénom. Ses yeux alternent de Benjamin à moi, médusée.
— Attends… Quoi… Comment ça Léna… LÉNA là ? lance-t-elle agressive en me pointant du doigt.
Benjamin, sous le choc de la nouvelle, acquiesce d'un signe de tête embarrassé.
— Ce n'est pas vrai… Bordel. Léna… Tu étais au courant ?
— Non ! contré-je, choquée par la nouvelle. Pour moi, il était intéressé par toi !
— Putain, mais quelle conne, s'insulte-t-elle, quittant la table en poussant la chaise avec fracas.
— Attends, Clara. Il ne s'est rien passé, je t'assure. Ce n'est même pas réciproque. Je n'ai pas bu, tenté-je de rassurer et calmer mon amie qui semble anéantie.
Clara s'extirpe de mes mains avec rage et quitte la maison. Margaux lui court après en me faisant un signe se voulant réconfortant.
Je me retourne et vois le regard empli de tristesse de Benjamin.
— Bon, ben, j'ai ma réponse. Claque-t-il, blessé et vexé.
— Attends Benjamin, on peut parler s'il te plaît, insisté-je, le cœur en mille morceaux.
— Je crois qu'on s'est tout dit. Bonne soirée, crache-t-il, avant de partir lui aussi.
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Fanny Nohal
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Lhana1709
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