Fyctia
XXIV : Humiliation
Le cours se déroule à merveille et la présence de Roméo me fait énormément de bien. Nous sommes complices, il m'explique certaines choses, je l'aide pour d'autres, il caresse ma cuisse avec tendresse, nous sommes dans une bulle de douceur de laquelle je ne veux pas sortir.
À la fin du cours, nous quittons l'amphithéâtre avec Roméo. Une fois dehors, nous attendons son groupe d'amis et je décide de rester malgré la présence de Pauline, je n'ai pas envie de me défiler une seconde fois.
Le groupe arrive et se dirige vers Roméo et moi. Ce dernier me tient fermement la main et semble la serrer de plus en plus à mesure que le groupe se rapproche, je ne sais pas ce que cela signifie mais je reste stoïque, attendant patiemment la suite des évènements.
Rapidement, je vois le regard de Pauline s'assombrir. Ses yeux se dirigent vers ma main et elle semble avoir un léger sursaut en constatant qu'elle se trouve dans celle de son ex copain. Ni une ni deux, elle fonce sur nous :
- Tu te fous de ma gueule ? C'est pour ça que tu réponds plus à mes messages ? Depuis le début tu te tapes cette salope ?
Estomaquée, je ne réagis pas. De son côté, Roméo paraît mal à l'aise, il jette un regard froid à Pauline et ne lui répond pas, ce qui me désole. Certes, je pourrais me défendre moi-même, mais je n'ai rien fait de mal. En revanche, elle vient tout juste de m'insulter devant une trentaine de personnes et Roméo ne réagit pas plus que cela, il ne prend pas ma défense. Je repense à ce que m'a dit Matthieu à propos de Roméo et du fait qu'il ne supporte pas que l'on manque de respect aux personnes qui comptent pour lui, je ne comprends pas. Je me sens humiliée, elle a déjà eu ce genre de comportement par le passé, cela fait deux fois que j'en fais les frais, j'ai naïvement pensé que cette fois-ci, les choses allaient être différentes.
Matthieu arrive pour calmer les esprits :
- T'as pété un câble Pauline ? Elle t'a rien fait, tu lui parles pas comme ça.
Je regarde Matthieu les yeux larmoyants et le remercie en arborant une moue gênée. De son côté, Roméo ne réagit toujours pas, il est pourtant le centre de l'attention, je ne sais pas ce qu'il attend. Il a su faire preuve de fermeté face à Eden mais perd complètement ses moyens devant Pauline, ce qui, selon moi, n'est pas rassurant. Bien évidemment, mes pensées se mettent à me hurler des phrases que je ne veux pas entendre : " Il l'aime toujours ", " Il n'arrive pas à l'oublier ", " Il veut pouvoir la garder sous le coude au cas où ça ne fonctionnerait pas entre vous ".
Sans m'en rendre compte, je commence à pleurer. Les larmes coulent sur mes joues sans que je ne puisse rien contrôler, je me sens une fois de plus humiliée. Tous les regards sont braqués sur moi, la main de Roméo n'est plus en contact avec la mienne et je ne sais même pas depuis combien de temps. J'aimerais rentrer chez moi, je ne veux pas être mise en compétition avec qui que ce soit, c'est déjà tellement dur d'accepter d'être vue comme une femme belle et intéressante, alors si en plus je dois m'inquiéter tous les quatre matins de ne pas être la seule femme dans la vie de Roméo, je ne sais pas si je tiendrais le coup.
Je sens une rage croître en moi, envers Pauline, envers Roméo, j'ai envie de les envoyer balader tous les deux. Je lève les yeux et fixe Pauline. Cette fois, j'arrive à tenir plus de trois secondes, je la fixe sans détourner mon regard, je m'imagine en train de la frapper, un genre de jalousie malsaine me prend aux tripes, j'ai envie de lui faire la peau, elle me sort par les yeux.
Elle finit par réagir :
- C'est bon, baisse les yeux, tu crois faire peur à qui ? Va chialer ailleurs comme tu le fais si bien.
Une dernière fois, j'attends que Roméo vienne à mon secours, mais toujours rien. Il baisse les yeux sans dire un mot. Cette fois, je n'en peux plus :
- Allez vous faire foutre tous les deux.
Après avoir prononcé ces mots, je fais demi-tour et commence à rentrer chez moi, Roméo ne me retient pas et Pauline me hurle dessus :
- Reviens là, j'ai des questions à te poser ! hurle-t-elle.
- M'adresse plus jamais la parole, connasse ! m'écrié-je.
Je ne prends pas la peine de me retourner afin d'observer sa réaction, son silence en dit long. J'espère que Matthieu saura trouver les mots pour la calmer mais je crains que ce ne soit pas possible.
Je ne suis pas fière d'être entrée dans son jeu et même de l'avoir insultée mais je ne tenais plus. Je n'ai rien dit la première fois, je ne pouvais pas me laisser faire une fois de plus au risque que cela devienne une habitude, je devais stopper net ce début de harcèlement.
Pour l'heure, je me demande surtout pourquoi Roméo n'a rien fait.
Une fois chez moi, je reçois un SMS de Roméo :
- Bien rentrée ?
Je ne lui réponds pas, je n'ai pas envie de lui parler. Je me connais, je suis énervée et je ne voudrais pas lui dire des choses que je pourrais regretter.
Je pose mes affaires, me prépare un thé et vais sur mon ordinateur. Rapidement, je me mets à réviser pour me changer les idées. Malheureusement, c'est peine perdue, je n'arrête pas de penser à cette journée. Encore une fois, je ne comprends pas pourquoi les choses sont si complexes entre Roméo et moi. Il aurait simplement pu demander poliment à Pauline de se calmer, de me respecter et de me laisser tranquille, il a choisi de la laisser m'humilier devant tous ses amis. Sans compter qu'elle fait partie du groupe, à l'heure qu'il est, il est peut-être même avec elle.
Je deviens folle à l'idée de les imaginer tous les deux avec leur groupe d'amis dans un café à rigoler en se racontant des conneries tandis que je suis chez moi à me morfondre par leur faute. Je suis hors de moi, il n'y a plus de retour en arrière possible. Moi qui réfléchissais à une façon d'enterrer la hache de guerre avec Pauline, la guerre est déclarée.
Tout à coup, alors que je suis en train de cogiter, ma sonnette d'appartement retentit. Sans réfléchir, je vais appuyer sur le bouton pour ouvrir la porte de l'immeuble. Je suis habituée à ce qu'une à deux fois par semaine, une personne sonne à tous les appartements après avoir oublié ses clés, je ne suis donc pas plus étonnée que cela.
Quelques secondes plus tard, on toque à ma porte.
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Emma Eichen
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Léonie Césarine
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Jo Mack
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Rukyona
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Lola B. Thomas
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Emeline Guezel
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