Fyctia
XIX : Excuses
Je sens une main me tapoter l'épaule :
- Maya ? Réveille-toi ma belle.
Je reconnais immédiatement la voix de Roméo, installé à mes côtés. Doucement, j'ouvre les yeux pour découvrir son visage. Il est moins abîmé que la veille, toujours un peu gonflé et avec quelques points de suture, mais bien moins effrayant. Néanmoins, il arbore toujours son tendre sourire et j'ai du mal à comprendre pourquoi :
- Tu vas mieux ? Tu as mal ?
- Oui ça va ! J'ai encore un peu mal à certains endroits mais ça devrait passer rapidement, j'ai des anti-douleurs à aller chercher à la pharmacie et ma voiture à aller récupérer.
- Est-ce que je peux t'accompagner ? demandé-je timidement.
- Bien sûr !
Je suis ravie qu'il m'autorise à me joindre à ses activités matinales. Je ne me vois pas le laisser rentrer seul chez lui, je ressens le besoin de lui tenir compagnie.
Nous marchons une dizaine de minutes avant de tomber sur une pharmacie. Tandis que Roméo y entre pour aller récupérer ses anti-douleurs, je me rends dans la boulangerie d'en face pour récupérer le petit-déjeuner. J'en ressors avec deux croissants et deux pains au chocolat :
- Oh, fallait pas ! s'écrie Roméo en sortant de la pharmacie.
- Si, c'est la moindre des choses, réponds-je en souriant.
J'ai besoin d'avoir plus d'informations sur ce qui l'a poussé à chercher la bagarre à ces deux hommes, il aurait pu perdre la vie alors que nous aurions pu partir en courant et passer à autre chose, j'ai besoin de réponses :
- Est-ce qu'on peut aller s'asseoir quelque part ? demandé-je.
- Oui, avec plaisir, il y a une table de pique-nique libre là-bas dans le parc.
Nous nous dirigeons vers cette table et nous y installons. Ensuite, je sors du sachet les viennoiseries et rapidement, Roméo se met à les dévorer :
- Je meurs de faim !
- Je vois ça, dis-je en riant.
Soudain, il se redresse et me regarde les yeux larmoyants :
- Je suis vraiment désolé, dit-il doucement.
- Quoi ? Pourquoi ?
- On aurait pu partir, on aurait dû partir même, en les insultant j'ai pris le risque qu'ils s'en prennent physiquement à toi, j'ai pas réfléchi et je m'en veux. Je suis content d'avoir été le seul à souffrir de ma bêtise.
Je comprends ses excuses, c'est le moment pour moi de poser ma question :
- Pourquoi tu as fait ça ?
- Je sais pas, je me suis senti mal pour mal, ça m'a fait chier qu'ils partent comme ça, sans punition.
- Mais c'était la meilleure chose à faire, tu réalises qu'ils auraient pu te tuer ? Ils étaient deux, t'étais seul, et moi je t'ai même pas aidé, je t'ai regardé te faire défoncer, je pouvais rien faire, j'étais...
Il pose sa main sur la mienne :
- Tout va bien Maya, calme-toi, je suis désolé.
- Mais tu te rends pas compte de l'état dans lequel j'étais !
- Je sais, j'aurais pas dû faire ça, peut-être qu'une partie de moi voulait aussi t'impressionner, j'ai été con ces dernières heures avec toi, je m'en veux sincèrement. Tu penses pouvoir me pardonner ?
- Je sais pas, réponds-je en levant les yeux au ciel.
Au fond, je sais que je vais lui pardonner, il le sait aussi, mes yeux me trahissent, ils sont remplis de joie, je n'arrive pas à le cacher. J'ai ce petit sourire en coin qui veut tout dire et je suis certaine que Roméo l'a remarqué. Néanmoins, je vais être bien plus méfiante vis-à-vis de lui et surtout de son entourage. Certes, c'est un garçon adorable mais je ne dois pas oublier que lui aussi à des défauts et surtout des casseroles à traîner, je ne dois pas m'attendre à ce qu'il soit parfait, je ne le suis pas moi-même. Je serai à la fois plus méfiante mais plus indulgente également.
Après avoir mangé, nous prenons le bus pour nous rendre jusqu'à la voiture de Roméo. Je reconnais à peine la rue dans laquelle j'étais cette nuit, elle est bien plus accueillante sous le soleil.
Rapidement, je ne me sens pas bien, j'ai besoin de partir et vite, je me précipite dans la voiture de Roméo. Ce dernier me rejoint quelques secondes après. Avant de démarrer, il pose une main sur ma cuisse et me regarde avec tendresse :
- Tout va bien, ok ? C'est terminé maintenant, je te ramène chez toi, faut que tu dormes, tu dois être crevée.
- Toi aussi !
- Moi je l'ai bien mérité, dit-il en riant.
Nous roulons en silence jusqu'au moment où je décide de faire un pas vers lui :
- Je suis désolée pour hier soir, je me suis énervée contre toi à cause d'Eden, mais t'as rien fait, j'ai pas réfléchi sur le coup.
- Je te comprends, certes j'ai trouvé ta réaction un peu démesurée mais je peux comprendre que ce n'est pas cette image que tu avais de moi. À vrai dire, je n'aime pas parler comme ça mais Eden est un ami de longue date. On a pris des chemins différents, il est très porté sur les filles et le sexe, c'est beaucoup moins mon cas mais pour éviter les conflits j'entre souvent dans son jeu juste parce que c'est mon ami que je ne veux pas le blesser.
- Tu pourrais lui dire que tu n'es pas comme ça et que ce qu'il dit peut parfois te mettre mal à l'aise, non ?
- Je ne pense pas qu'il comprendrait, je n'ai jamais essayé pour être honnête, mais je n'aime pas trop l'idée de créer des conflits avec mes amis.
- Je comprends, désolée.
- Arrête de t'excuser, tout va bien, je pense qu'il était peut-être un peu tôt pour te présenter mes potes, c'est ma faute !
Pendant encore une dizaine de minutes, nous nous renvoyons la balle au niveau des excuses et finissons même par en rire. Le trajet passe étrangement vite et une fois devant chez moi, je n'ai pas envie de descendre de la voiture :
- Tu vas faire quoi aujourd'hui ? demandé-je craintivement.
- Je sais pas trop, sûrement dormir jusqu'à 17h00 ! s'écrie-t-il en riant.
- Oh, d'accord.
- Pourquoi ?
- Comme ça.
- Allez, dis-moi !
- On aurait pu faire un truc ensemble.
Un large sourire se dessine sur son visage, ses yeux s'illuminent et il prend ma main avec tendresse :
- Ce serait vraiment cool ! Je suis partant mais je pense qu'aujourd'hui c'est pas une bonne idée, tu dois te reposer et moi aussi, en plus mon visage n'est pas sous son meilleur jour, ça me ferait chier de ressembler à ça pour notre premier date !
Date ? Est-ce qu'il a vraiment prononcé ce mot ? Je hurle dans ma tête, mes pensées font des confettis, j'implose de bonheur, j'ose à peine y croire.
Timidement, je lui fais la bise puis sors de la voiture en titubant presque. On pourrait croire que je suis éméchée mais non, je suis simplement sur un petit nuage. Finalement, je lui plais, j'en ai enfin la preuve concrète.
Pour autant, je ne m'emballe pas, rien n'est encore prévu, nous n'avons fixé aucune date. Je ne sais pas s'il s'attend à ce que je fasse le premier pas ou s'il compte le faire de son côté. Je ne sais pas non plus combien de temps je vais attendre, j'ai déjà envie de lui envoyer un message.
Je me calme et respire doucement. Une fois dans mon appartement, je jette mes affaires sur le sol et me précipite dans mon lit, j'ai besoin d'au moins dix heures de sommeil pour me remettre de tous ces évènements.
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Carl K. Lawson
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