Rukyona Malgré elle VIII : Secours

VIII : Secours

Alors que mes larmes continuent de couler sans interruption, je m'habille difficilement. J'ai choisi une tenue relativement banale, un jean taille haute noir et un crop top rouge. J'ai toujours préféré les tailles hautes aux tailles basses, ma mère m'a toujours dit que les tailles basses n'étaient pas faites pour nous, les femmes avec " du ventre ". Nous, nous devons le cacher, l'aplatir, le dissimuler derrière le plus de tissu possible. Finalement, je ne sais pas si j'ai toujours préféré les jeans tailles hautes, je crois surtout que je n'ai pas eu le choix, j'ai appris à les aimer. La seule chose qui m'importe lorsque je mets un vêtement, c'est qu'il dissimule au mieux ce corps que je déteste tant. En cela, le jean taille haute fait parfaitement bien son travail.


Une fois habillée, je me débarbouille le visage. Mes yeux sont rouges, mes joues aussi, j'ai les cheveux en pétard et je fais peine à voir. Je tente au maximum de changer la donne en essuyant mes larmes et en faisant quelques exercices de respiration. Une fois mon calme retrouvé, je commence à me maquiller.


Soudain, je sursaute, la sonnette de mon appartement vient de retentir : c'est lui. Presque instinctivement, je me cache derrière la porte de ma salle de bain alors que je suis bien consciente qu'il ne peut pas encore me voir. Dois-je lui ouvrir ? Lui demander d'attendre dehors ? Le faire entrer ? Va-t-il lui-même choisir la meilleure option ? Je suis désemparée, cela fait bien longtemps que je n'ai pas accueilli un garçon chez moi, je ne sais pas ce que je dois faire.


Je reçois un SMS de Roméo : " Je suis devant chez toi. Tu peux m'ouvrir stp ? "


Timidement, je me dirige vers la porte d'entrée et appuie sur le bouton l'autorisant à pénétrer mon immeuble.


Par SMS, je lui donne mon numéro d'appartement et attends patiemment devant la porte en tentant de calmer ma respiration. Je me répète en boucle : " C'est qu'un mec, ça va aller, pas de panique ". Lorsqu'il toque, j'attends quelques secondes avant d'ouvrir craintivement la porte. À demi-voix, je l'invite à entrer. Il pénètre mon appartement, enlève ses chaussures et attend plus d'instructions :


- Tu peux t'asseoir ici si tu veux, murmuré-je en montrant du doigt mon canapé.


- Tout va bien ?


- Oui, tu as fait vite.


- Je suis véhiculé.


- Oh, je comprends mieux, réponds-je en souriant timidement.


- Tu es prête ?


- Bientôt, désolée.


- Pourquoi tu t'excuses ?


Tout à coup, je réalise que je suis un boulet pour ce garçon que je connais à peine. Il s'est déplacé pour venir me chercher afin que je puisse passer une bonne soirée et me faire des amis et pour le remercier, je mets du temps à me préparer, je le fais attendre, je ne lui pose même pas de questions sur lui, je n'apprends pas à le connaître. Je suis face à quelqu'un qui fait tout ce qu'il peut pour me mettre à l'aise et me faire une place dans sa vie mais je le repousse inexorablement. De nouveau, je fonds en larmes et cours m'enfermer dans la salle de bain.


J'entends Roméo se lever du canapé et se précipiter derrière la porte verrouillée :


- Maya ? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Je suis vraiment désolé. Est-ce que tu veux que je parte ? Que j'appelle quelqu'un ? Tu t'es blessée ?


Son ton de voix a changé. Il semble désemparé, affolé, je m'en veux une fois de plus de lui dresser un portrait bien triste de ma personne. Tant bien que mal, je réunis le peu de force que j'ai pour lui répondre :


- Tu n'as rien fait de mal, c'est moi le problème, je te fais perdre ton temps. Tu rates ta soirée à cause de moi, je suis tellement désolée.


- Ne dis pas de bêtises, c'est moi qui suis venu, c'est moi qui ai pris la décision, tu n'as rien fait et tu as le droit de te préparer autant que tu le souhaites si ça te chante.


Après quelques secondes de silence, il poursuit :


- Je sais pas ce que t'as traversé dans ta vie, probablement des choses terribles, j'en suis navré. Si ça t'empêche d'apprendre à me connaître et que tu préfèrerais que je te laisse tranquille, tu n'as qu'à me le dire Maya, et je partirai.


Rien que pour ces mots, j'aimerais qu'il reste :


- Reste, s'il te plaît, imploré-je timidement.


Lentement, je déverrouille la porte et l'ouvre pour me retrouver face à lui.


Roméo me regarde, il semble complètement déboussolé :


- Je reste, dit-il timidement.


- Je ne comprends pas pourquoi tu fais tout ça pour moi.


- Arrête d'essayer de comprendre, de trouver une explication pour tout, il n'y a aucune raison qui me pousse à être ce que je suis, je me comporte comme ça parce que je suis comme ça, je n'ai pas d'arrière pensée, je n'ai pas de mauvaises intentions. Je sais que c'est difficile à accepter pour toi, mais je t'assure que si tu me laisses l'opportunité de devenir ton ami, tu comprendras bien vite que mes intentions envers toi sont on ne peut plus bienveillantes.


Ses yeux sont brillants, il a l'air profondément touché et sincère, j'ai envie de le croire et au moins pour ce soir, je vais faire l'effort de faire taire ces petites voix dans ma tête qui m'empêchent d'être heureuse.


Je sèche mes larmes et adresse un sourire chaleureux à Roméo :


- Je suis prête ! On peut y aller.


- Tu es sûre ? me demande-t-il avec sérieux.


- Certaine, on a perdu assez de temps !


Nous sortons de mon appartement et nous nous dirigeons fièrement vers sa voiture. Il est plutôt silencieux, ce que je trouve inhabituel. D'un autre côté, je ne le connais pas plus que cela pour l'instant, peut-être qu'il n'est pas tout à fait la même personne en dehors de l'Université.


Une fois installée à ses côtés, je me sens un peu mal à l'aise, nous sommes très proches physiquement et j'ose à peine le regarder. Je me sens rougir dès que mes yeux vont dans sa direction. Je préfère regarder nerveusement par la fenêtre.


Soudain, alors qu'il passe une vitesse, sa main effleure ma cuisse et par réflexe, je sursaute et la décale instantanément :


- Merde, je t'ai fait mal ?


- Non, pas du tout, mauvais réflexe, désolée.


- Maya, les excuses...


- Merde, pardon.


- C'est un tic chez toi, en fait.


- Oui, je crois, réponds-je en ricanant nerveusement.


Le trajet se poursuit et sans trop savoir pourquoi, je ressens une envie de poser tout un tas de questions à mon conducteur :


- T'as toujours voulu faire psycho ?


- Oula, longue histoire, mais après tout, on a un peu de temps devant nous ! s'écrit-il joyeusement.


- Je t'écoute !


Je me tourne vers lui en ignorant complètement mes jours écarlates et mon malaise, je veux lui montrer que je suis prête à faire des efforts pour apprendre à le connaître.

Tu as aimé ce chapitre ?

7 commentaires

Midnight_rain

-

Il y a un an

Hello, je viens t'aide à débloquer ton chapitre pour l'instant mais j'essaierai de lire au plus vite ça me paraît très intéressante hehe ! N'hésite pas à passer sur mon histoire si jamais tu as envie d'en découvrir aussi :) Bonne chance à toi !

FleurAzur

-

Il y a un an

Soutien également ✨

Siha

-

Il y a un an

Soutien pour t'aider à débloquer ton chapitre :)

Rukyona

-

Il y a un an

Merci beaucoup ! C'est adorable !
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.