Rukyona Malgré elle I : Angoisse

I : Angoisse

J'émerge difficilement d'un sommeil agité, je n'ai quasiment pas dormi de la nuit. Une fois hors de mon lit, je me dirige vers la baie vitrée du salon pour observer la forêt qui entoure mon immeuble.


J'habite cette ville depuis à peine quelques jours mais je m'y sens déjà apaisée. Par chance, mes parents ont réussi à me trouver un appartement situé à deux pas de ma nouvelle Université, j'en suis ravie. J'avais terriblement peur de devoir prendre les transports en commun pour me rendre en cours, il faut dire que c'est la première fois depuis plusieurs années que je vais remettre les pieds dans une salle de classe.


Cela fait une éternité que je n'ai pas fait les boutiques, je n'ai pas grand chose à me mettre et cela ne me fait ni chaud ni froid. J'opte pour un pull marron léger et un jean évasé. Je n'aime pas mon corps, je ne l'ai jamais aimé. Mon but principal est depuis toujours de le cacher, le dissimuler, je suis effrayée à l'idée que l'on puisse me montrer du doigt ou que l'on se moque de moi. J'opte constamment pour la discrétion, les vêtements qui me permettent de me fondre dans la masse sont mes meilleurs amis.


Une fois habillée, je passe un coup de brosse rapide dans mes cheveux abîmés et je choisis de me maquiller légèrement les yeux. Face au miroir, je hausse les épaules, je ne me trouve pas spécialement jolie mais je n'ai pas non plus l'impression d'être horrible à voir, alors je m'en contente. Rapidement, je rassemble mes affaires, je n'ai pas beaucoup de fournitures. J'embarque un cahier, deux stylos et mes papiers et je sors de chez moi, angoissée mais heureuse de pouvoir enfin goûter aux plaisirs de la vie étudiante.


Sur le chemin, j'écoute ma musique, comme d'habitude, je ne peux pas m'en passer. Pour moi, un trajet n'a aucune utilité s'il n'est pas accompagné par du son dans mes oreilles. Bien souvent, je l'écoute le plus fort possible, cela brouille mes pensées et calme mes appréhensions.

Arrivée devant l'immense bâtiment, je prends une profonde inspiration. Je ne sais pas où je dois aller ni dans quelle salle, je commence à angoisser. Au bout de quelques minutes, je pense même à rentrer chez moi. Mais pour une fois, je n'écoute pas ma petite voix intérieure qui me hurle qu'elle est effrayée à l'idée de pénétrer le bâtiment.


Une fois à dans le hall d'entrée, je me dirige tout de suite vers l'accueil :


- Bonjour Madame, je suis en première année et je recherche ma salle.


- De Licence ?


- Non, de Master.


- Vous ne connaissez pas déjà le bâtiment ?


- Non, je... Enfin... Pour être honnête...


- Bon, j'ai trop de choses à gérer, j'ai pas le temps pour ça, dîtes-moi simplement dans quel Master vous êtes.


- Je suis en Master de Psychologie clinique.


- Je vois, laissez-moi deux secondes.


J'attends sagement derrière le bureau de la secrétaire, persuadée que les trois personnes qui attendent également commencent à me détester :


- Ah, j'ai trouvé ! Salle 105 !


- Merci beaucoup, bonne journée.


À présent, je n'ai plus qu'une envie : trouver ma salle.


Je me dirige dans un couloir sombre et lis dans ma tête les nombres que je vois sur chaque porte devant laquelle je passe. Rapidement, je constate que ma salle n'est pas dans ce couloir. J'emprunte les escaliers pour me diriger vers une autre aile. Au bout de quelques minutes, je trouve enfin ma salle.


J'y entre, mon stress est à son comble. Une fois à l'intérieur, je constate que la plupart des places sont occupées. N'ayant pas le choix, je m'installe à côté d'un garçon au fond de la salle. Il me salue timidement et je lui adresse un rictus, gênée.


Je n'ai plus eu de relations sociales depuis quelques années maintenant, je n'ai aucune idée de comment me comporter avec les personnes de mon âge. Je ne cherche pas plus que cela à apprendre à connaître mon voisin et décide de me concentrer immédiatement sur mes cours. Je ne suis pas très bonne élève, j'ai de nombreuses lacunes que je dois à tout prix combler si je veux pouvoir obtenir mon Master, je n'ai pas de temps à perdre avec des broutilles.


Les premières minutes du cours sont difficiles à suivre. Je ne me sens pas à l'aise, j'ai envie de rentrer chez moi, de retourner dans ma bulle, de retrouver ma zone de confort. J'ai l'impression que l'attention est braquée sur moi, je ne comprends pas pourquoi je dois commencer l'année avec des travaux dirigés, je me sens oppressée, je respire de plus en plus difficilement.


Rapidement, je ne suis plus le cours, mes pensées se dispersent, je regarde partout tel un chiot effrayé, la peur d'attirer l'attention sur moi m'empêche de me lever pour partir en courant.

Soudain, mon voisin se tourne vers moi :


- Tout va bien ? demande-t-il en chuchotant.


Étonnée qu'il m'adresse la parole, je ne réponds pas immédiatement, je dois d'abord intégrer le fait qu'un garçon vienne de me parler en toute gentillesse pour savoir comment je me sens. J'ai du mal à croire qu'il puisse sincèrement s'intéresser à ce que je suis en train de vivre, j'imagine qu'il voudrait surtout pouvoir suivre le cours tranquillement, je suis certaine de le déranger :


- Oui, je suis désolée, je suis un peu agitée, ça doit t'empêcher de te concentrer.


- Non, pas du tout, j'ai remarqué que tu semblais angoissée, j'ai cru que tu avais un problème.


- Non, tout va bien, excuse-moi.


- Tu comptes t'excuser à chaque intervention ? demande-t-il en riant.


Je comprends qu'il me taquine et essaie d'avoir l'air naturelle dans ma réponse :


- Non, t'inquiète ! réponds-je en souriant.


Le garçon me rend mon sourire avant de se replonger dans le cours. Mon échange avec lui m'a apaisé, chose que je n'aurais jamais pu imaginer. En arrivant dans cette salle, j'étais persuadée que je n'allais avoir aucune interaction avec mes camarades, ce n'était pas mon but. Finalement, j'ai moi-même provoqué cette interaction en essayant de l'éviter à tout prix. Toutes ces contradictions me donnent mal au crâne et je préfère me concentrer de nouveau sur le cours, qui me semble déjà incompréhensible.


Soudain, je meurs d'envie de demander à mon voisin s'il comprend quelque chose, comme pour initier un début de relation. Je m'abstiens finalement, persuadée qu'il n'a aucune envie de faire connaissance avec moi.

Tu as aimé ce chapitre ?

43

43 commentaires

D. Verton

-

Il y a 10 mois

Premier chapitre sympa. Toutefois, quelques lourdeurs me gênent un peu, comme les répétitions. Par exemple, juste après le dialogue de l'accueil, en six lignes on retrouve quatre fois le mot "salle", ce qui fait huit pour un seul chapitre. Et on n'est qu'au début d'une année de cours...

Ady B.

-

Il y a un an

🌸

marywoodroman

-

Il y a un an

Salut, je passe pour une pluie de doubles likes sur ton compte, j'espère t'aider dans le concours, à charge de revanche si tu le veux bien sur Bitchin' summer ;)

MONTENOT Florence

-

Il y a un an

Bonjour, merci pour tes likes sur mon histoire et ton soutien "demain sera un autre jour - Carpe Diem". Après avoir recherché et trouvé ton histoire, ce premier chapitre m'intéresse et j'en continue avec plaisir la lecture👍😉 avec un premier like de soutien...

CIRE M

-

Il y a un an

J’avoue que je me suis lancée pour te liker mais j’adore le début ça s’annonce passionnant

Rukyona

-

Il y a un an

Oh merci beaucoup !

Juliana Blue

-

Il y a un an

Like de soutien en retour! Merci !

Rukyona

-

Il y a un an

Merci beaucoup !

Maud Cordier

-

Il y a un an

J’ai l’impression qu’on aborde toutes les deux les thèmes de l’anxiété sociale dans nos textes. Merci d’être passée sur le mien !

Rukyona

-

Il y a un an

C'est un thème qui je trouve n'est pas assez mis en avant, je suis ravie qu'on traite toutes les deux de ce sujet important !
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.