Fyctia

Hugo lui sourit pour accompagner ses dires. Aaron ne peut alors s'empêcher de l'embrasser pour lui montrer toue l'affection qu'il lui porte. Hugo décide alors de raconter à son tour ses secrets, il en a deux, dont celui qui touche sa culpabilité. Il hésite finalement à lui en faire part. Peut-être qu'il est plus sage de tout déballer maintenant afin d'éviter que cela éclate au grand jour un peu plus tard et que cela finisse en embrouille.

— Tu n'as plus rien à me raconter? Lui demande Hugo.

— Non, c'est bon. Je m'excuserai après.

— D'accord. Je vais donc te parler de l'histoire de ce pendentif pour que tu comprennes ma réaction assez démesurée qui a causé ton coma...

— Ne dis pas ça Hugo. Ce n'est pas de ta faute si j'ai bu jusqu'à en devenir inconscient. J'étais maître de moi-même, je me demande même si mon but n'était pas d'en finir. En aucun cas, ce n'était de ta faute, c'était de la mienne.

— Mais j'aurai dû te pardonner et t'écouter.

— Écoute Hugo, c'est du passé maintenant.

— À cause de moi, tu as loupé un an de ta vie.

— Grâce à toi, j'ai connu le bonheur, le soir où je t'ai rencontré à la vente de sapin, j'étais vraiment mal, je pensais boire comme un trou en rentrant chez moi car je venais de perdre absolument tous mes repères. Grâce à ton petit sourire étincelant, tu as illuminé cette fin de journée qui était jusque là désastreuse et je suis tombé fou amoureux de toi dès le premier regard. C'était mon petit coup de foudre.

— Je pense que l'on peut remercier ce fameux sapin alors.

Hugo le regarde en même temps qu'Aaron. Il est vrai que sans le symbole premier de Noël, jamais il n'aurait rencontré Aaron. Peut-être bien que Hugo serait resté seul toute sa vie. Même si leur relation ne s'est pas commencé comme un conte de fée, ce qui était le rêve ultime du directeur, il ne regrette pas de vivre toutes ces aventures avec lui.

— Alors... Il y a de ça cinq ans, ma petite sœur Della a eu un très gros accident en vélo. Une voiture l'a percutée de plein fouet et elle a été admise aux Urgences une heure après l'accident. La voiture est repartie sans demander son reste et elle n'a d'ailleurs jamais été retrouvée. Lorsque j'ai appris son admission, je me suis hâté vers la salle où elle a été transportée. Nous l'avons envoyé au bloc et j'ai été son chirurgien. Après deux heures d'intervention, nous n'avons pas pu continuer l'opération car son cœur s'est arrêté au moment où je pratiquais une incision près de son aorte. Je n'ai non seulement pas pu la sauver mais je l'ai aussi certainement tuée. Je n'ai jamais pu m'en remettre et me pardonner. Mes parents, après sa mort, ont brûlé absolument toutes les photos d'elle. Ce pendentif est littéralement le dernier souvenir d'elle que j'ai, il comporte la dernière photo d'elle et je ne peux pas me permettre de perdre cet objet.

— Dans ce cas, je comprends pourquoi tu as réagi ainsi lorsque je te l'ai piqué sans ta permission. Je suis vraiment désolé, je n'aurais pas dû...

— Ce n'est pas grave, c'est oublié. Je sais que j'ai réagi beaucoup trop violemment lorsque nous en avons parlé, moi aussi, je suis désolé.

Aaron sourit tendrement à son amant alors que ce dernier a le cristallin humide. Ses larmes se logent dans la cavité du bas de ses yeux.

— Je ne veux plus que l'on se dispute. Parlons-nous sincèrement à présent. Propose Aaron.

— Je suis d'accord avec toi.

Hugo avale sa salive avant de soupirer. Aaron se tend et comprend qu'il a encore quelque chose à avouer.

— Tu sais, même si tu continues de me dire que ce n'est pas ma faute si tu as été dans le coma et que je ne dois pas m'en vouloir. Je ne peux pas. Pendant toute cette année, j'ai broyé du noir, je me suis retrouvé impuissant, je ne savais pas si le destin allait me rendre ton sourire et tous ces moments ensemble que l'on ratait. J'avais peur d'avoir bousillé ta vie et que par ma faute, ta carrière de médecin s'achève. Je n'étais même pas sûr que tu en sortirais indemne si tu te réveillais. Cela a tout simplement attiser ma culpabilité et ce de jour en jour. Puis, j'ai accepté les avances d'un autre homme, j'ai dîné avec lui et je me suis senti plus coupable encore. Comment pouvais-je essayer et ne penser qu'une seconde que je pouvais refaire tranquillement ma vie alors que j'avais éteint la tienne?

Aaron le regarde sans intervenir, le laissant ainsi vider son sac. Hugo enchaîne alors sans s'arrêter pour prendre une grande inspiration.

— Je me sentais comme une merde, j'ai regretté de t'avoir mis de côté durant une semaine entière pour être aussi égoïste. Je me suis ensuite rendu compte que tu étais la personne la plus importante à mes yeux et que tu étais même plus important que ma carrière. Je ne te mettrai plus jamais au second plan. C'est pourquoi aujourd'hui, j'ai décidé de lever le pied et de me mettre une semaine de pause afin de pouvoir passer du temps avec toi.