Fyctia

Hugo fait glisser un pouf jusqu'à la petite table de salon pour être en face de son chéri, assis sur le sofa. Sa nouvelle vie, en couple, va enfin pouvoir commencer, mais pour que tout arrive parfaitement sans encombre, il faut passer par la case ''explication'' sinon c'est retour à la case ''départ''. Hugo le sait très bien. Même si c'est surtout lui qui voulait en savoir plus sur les secrets cachés d'Aaron, ce dernier semble moins anxieux à l'idée de tout avouer. En effet, Hugo ne veut pas inquiéter son amant en lui disant qu'il culpabilise toujours autant pour son coma éthylique. Aaron décide de prendre la parole, il souhaite s'excuser pour son comportement avec lui même si cela fait désormais partie du passé.

— Bon. Quand il faut y aller, faut y aller. Tu veux que je commence par quoi?

— Hmm... Je ne sais pas trop... Peut-être commencer par ton mariage.

— Je vois, oui, le sujet fâcheux... J'ai été marié à Bérélia durant six ans, mais je l'ai rencontré trois ans auparavant à une soirée en discothèque. Avec son travail, elle était beaucoup absente à la maison et moi, je sortais souvent dans des bars pour tuer l'ennui. J'y ai fait la connaissance d'un homme, Jérémy, et je me suis rendu compte au fil du temps que j'éprouvais des sentiments pour lui. J'ai aussi pris conscience que je n'aimais pas Bérélia comme elle le pensait, que j'aimais les hommes et que j'étais donc gay. Malheureusement, je n'ai pas su le lui expliquer avant qu'elle ne le découvre, et c'est parti dans un drame conjugal. Je me suis retrouvé à la rue, Jérémy m'a accueilli chez lui et tout se passait très bien par la suite. Bérélia a simplement entamé la procédure de divorce et s'est plutôt bien efforcée de trouver le meilleur avocat afin que je ne touche que très peu d'argent lors de la séparation des biens.

— Et tu es sûr que tu es gay? Ou l'as-tu vraiment aimé et désiré?

— Je pense que je me suis voilé la face pour ne pas assumer mon homosexualité. En plus de cela, je pense aussi que je n'aurais pas pu la supporter encore longtemps, elle était hautaine avec moi, elle ne se prenait pas pour de la merde et elle ne s'empêchait surtout pas d'aller montrer son corps à d'autres hommes lorsque j'étais en garde à mon ancien hôpital.

—Donc elle te trompait aussi.

— Oui, je ne pense pas que notre mariage aurait duré de toute façon.

— D'accord, je comprends mieux.

Aaron prend les mains de son amant et le regarde intensément avant de se perdre dans ses yeux bruns envoûtants. Il lui sourit.

— Tu sais, qu'importe ce qui a pu se passer avec cette femme, je n'ai jamais senti quoi que ce soit de plus fort pour quelqu'un qu'avec toi. Tu es l'homme de ma vie et je ne laisserai plus jamais rien entraver notre vie de couple, même nos secrets. C'est pour cela que nous avons besoin de parler de tout ça. Ce n'est pas grave si cela nous prend toute l'après-midi, le plus important c'est vraiment que l'on arrive à communiquer tous les deux.

— Je suis d'accord avec toi mon amour.

— Je suppose que je peux continuer avec ma mutation et la raison de ma venue dans ton hôpital.

— Je t'en prie.

— Il y a plusieurs raisons à cela, pour commencer, Bérélia a détruit ma réputation dans mon hôpital en racontant que je me tapais un tas de mecs. Bien sûr, je me suis beaucoup fait lyncher pour mon homosexualité dévoilée au grand jour, surtout que je venais à peine de faire mon propre coming-out. En plus, une patiente m'a aguiché, et en refusant ses avances, elle s'est mise en colère et elle a porté plainte contre moi pour attouchements sexuels. Bien sûr, ce n'était pas vrai, mais après deux ans de lutte face à la loi, j'ai réussi à obtenir gain de cause. Malheureusement, il était trop difficile pour moi de reprendre du service avec tout ce qui s'était passé, mon patron m'a donc proposé une mutation après qu'un troisième problème ait surgi. Jérémy a ensuite décidé de me quitter car il ne pouvait pas se relever de tous les maux de notre couple à cause de cette histoire qui s'est terminée en procès.

— Waouh, en effet, je comprends mieux. Mon pauvre, il t'est arrivé tellement de choses. Je suis désolé pour tout ce qui a pu t'arriver...

Hugo caresse le dos des mains de son médecin préféré tout en lui souriant pour lui montrer qu'il est là et qu'il le sera toujours.

— Tu sais, Aaron. Tu n'étais pas obligé de me cacher tout cela... Je sais très bien que l'on venait de se rencontrer, mais tu aurais pu tout me raconter.

— J'avais peur que tu me fuis si tu apprenais que j'étais encore marié et que j'avais fait des mois de prison.

— Tu as été incarcéré?

— Oui, quatre mois, le temps que le jour du procès arrive. La patiente avait des soi-disant preuves et elles m'ont permises l'incarcération. Mais elle avait tout inventé et créé, ça s'est heureusement retournée contre elle et j'ai pu être blanchi. L'autre jour, quand je suis retourné au commissariat, j'ai vraiment eu peur que l'on me renvoie là-bas parce que j'avais frappé quelqu'un...

— Mais il n'en est rien, la personne n'a pas porté plainte et maintenant tu peux tout recommencé à zéro, avec moi.