Fyctia

MIA

15 septembre 2023, Bureau, Westminster, Londres.

Il est 20 h.

Ce soir, une réception est organisée au bureau. Nous devions tous être présents. Nous célébrons les trois ans du cabinet SUAREZ ASSOCIÉS. Je me sens tellement mieux, me remettre au travail a été très bénéfique pour moi.

J’ai pu mettre de côté cette histoire avec Luka. Je passe du temps avec Isabela, et Chlo et moi déjeunons presque tous les midis ensemble, quand elle ne s’envoie pas en l’air avec son mec.

En ce qui concerne notre histoire à Léo et moi, nous avons repris une vie de couple normale. On s’ennuie. Parfait.

Je déambule fièrement parmi les invités, vêtue de ma petite robe noire qui dévoile mon dos nu et mes jambes dorées. Des bretelles plus fines qu’une ficelle de string et un décolleté mettent en valeur ma silhouette.

Enfin, des sandales à talons et une montre discrète complètent ma tenue. J’ai légèrement maquillé mes yeux avec un trait d’eye-liner pour souligner mon regard et j’ai appliqué un gloss rosé pour parfaire mon maquillage. Mes longs cheveux, bouclés pour l’occasion, tombent en cascade sur mon dos.

Je me sens irrésistible.

Oui, j’ai mis les petits plats dans les grands pour montrer à Gabriel ce qu’il a perdu. C’est un peu immature, mais ça flatte mon égo. Après mon petit numéro dans son bureau il y a deux jours, il n’est pas réapparu au cabinet. Je me suis dit que j’étais sans doute allé trop loin.

Allait-il me dénoncer pour harcèlement sexuel ?

Très drôle, n’importe quoi, Mia.

Soudain, je l’aperçois au loin. Je fais mine de ne pas l’avoir vu et je me retourne pour aller récupérer une coupe de champagne. Je souris poliment au serveur comme un signe de remerciement. Quand il avance vers moi, je sens instinctivement sa présence. Je me retourne pour lui faire face.

Il me regarde de son air de connard arrogant, et me reluque sans se cacher encore une fois. J’adore ça ! Je sens son odeur envahir mon espace personnel.

- J’ai besoin de te parler, viens dans mon bureau.

Comme à son habitude, il n’attend pas ma réponse et se dirige vers celui-ci. Je récupère une seconde coupe de champagne et je le rejoins.

Il est debout, toujours dans sa position favorite à sa place habituelle. Son cul est posé sur le bord du bureau, ses bras sont croisés, sa tête inclinée sur le côté, et il m’observe longuement, toujours sans se cacher.

- Ma jolie petite insolente Mia, lâche-t-il le regard rivé sur moi.

Je reste muette, immobile.

Subitement, un tourbillon d’émotions m’envahit.

Mon cœur s’emballe, tandis qu’une douce mélancolie envahit déjà mon esprit, faisant remonter à la surface des souvenirs enfouis, les rendant plus intenses encore.

Son regard se pose sur le mien une fois de plus, et le temps semble suspendu, la pièce semble se rétrécir, comme si rien n’avait changé entre nous.

Cette sensation me fait ressentir le bonheur de me sentir à nouveau à lui, mais elle me rappelle aussi la douleur persistante que j’éprouve au souvenir de nos promesses brisées.

Mon esprit flotte entre le passé et le présent.

Tout me revient : les sourires, les gestes, les instants volés, les étreintes, les éclats de rire… Ils m’envahissent.

Alors, la peur me saisit, implacable et écrasante, et des milliers de questions assaillent mes pensées.

Je me demande si la magie opère toujours, si nos âmes autrefois si proches pourraient retrouver cette connexion absolue, ou si elle est restée figée dans le souvenir de notre histoire. Ressent-il la même chose que moi ?

Savoureux mélange de nostalgie, d’espoir, d’amour. C’est un instant suspendu où mon cœur, tout en battant la chamade, cherche une réponse dans son regard.

Comme pour répondre à ma question, silencieusement, il s’approche de moi.

Je reste immobile, fixée au sol. J’attends qu’il me rejoigne ; qu’il réponde à mes supplications.

- Trésor, souffle-t-il sur ma peau.

Ses lèvres effleurent à peine ma tempe tandis qu’il respire mon odeur.

Frissons.

Je recule pour pouvoir me tenir à quelque chose, au mur, afin de ne pas vaciller tant mes jambes ressemblent à du coton.

C’est le pouvoir qu’il a sur moi. Je ne suis plus que liquide à son contact.

Me voyant reculer, il approche de moi au même rythme de sorte à ce que nos corps ne se décollent pas.

Lorsque le mien heurte le mur, un sourire satisfait sur son visage se dessine.

Il se tient face à moi, son bras gauche étendu et sa main prenant appui contre le mur, tandis que son autre main, la droite, glisse lentement dans mes cheveux. Ses yeux se ferment, comme si mon contact lui était douloureux.

- As-tu fait exprès de t’habiller comme ça dans l’espoir que je ne puisse pas te résister ? m’interroge-t-il de sa voix rauque à peine audible et terriblement sexy.

Oui.

- Le monde ne tourne pas autour de toi, Gabriel, mens-je délibérément.

Je plaide coupable.

Je savais que Gabriel ne résisterait pas à me voir me trémousser dans cette minuscule petite robe.

- Menteuse, siffle-t-il d’une voix suave.