Fyctia
Chapitre 38 - Suite
MIA
Lui, sa voix, son parfum, ses paroles, ses gestes, son expression. Nous.
Tout me revient, je me souviens de tout, comme un flashback accéléré de notre histoire malheureuse et tumultueuse.
Je me retourne pour lui faire face. Il se tient droit devant la baie vitrée, là où il se tenait quand je suis entrée, cette nuit où nous avons mis fin à notre relation, une pointe au cœur me submerge à l'idée de ce douloureux souvenir.
Nous nous dirigeons tous dans la salle de réunion, prenant place, comme d'habitude. Je sens le regard de Gabriel sur moi, le feu brûle déjà en moi.
- Bon, comme vous le savez tous, Mia était en congé la semaine dernière. L'objectif est de lui faire un résumé de ce qui s'est passé et de planifier la semaine à venir. Je compte sur chacun de vous pour laisser nos affaires personnelles à tous, à la maison et éviter les commérages.
- Gabriel, tu ne peux pas nier que ce qui s'est passé nous affecte tous ici pour le boulot, le coupe Filipe ; visiblement blasé par la situation.
- La ferme ! tranche Gabriel. Quand tu t'envoyais Chloé et que tu la trompais tous les quatre matins et qu'elle revenait la gueule en vrac, quand j'entendais vos disputes dans ton bureau, quand je revenais de rendez-vous et que je vous surprenais en pleines baises au milieu de l'après-midi.
Il poursuit.
- Quand maintenant, tu rampes derrière son cul comme un clébard, je ne l'ai jamais ramené. Alors, tout le monde va me faire le plaisir de faire exactement la même chose ! Tant que tout le monde fait son putain de boulot, je ne veux rien entendre. C'est clair ? gronde-t-il.
Nous acquiesçons tous. Le revoilà mon ours mal léché. Je suis satisfaite du déroulement de cette réunion. Il a mis tout le monde tellement mal à l'aise que personne n'osera en reparler, sauf Chloé bien sûr. Elle a l'air de n'en avoir rien à faire.
Je ne comprends pas comment cette fille peut tout prendre à la légère, sans que rien n'ait d'importance pour elle. Je l'envie.
Nous passons la demi-heure suivante à tout reprendre et je me mets à jour sur ce qui s'est passé au cabinet. Être ici, à travailler avec eux, me permet de retrouver progressivement mes esprits. Mon corps semble se réveiller lentement.
Alors que nous nous apprêtons à quitter la salle de réunion pour reprendre nos tâches individuelles, une voix m'interpelle.
- Mia, tu viens dans mon bureau.
- Mais, je... hésité-je
- Tout de suite ! rétorque-t-il sans même me regarder.
Chloé me regarde, fronçant les sourcils et pressant ma main afin de me donner du courage.
Les pas jusqu'à son bureau me semblent passer à la vitesse d'un éclair. J'ai tellement repoussé ce moment où je devrai affronter à nouveau cet homme... Je sens mon corps se liquéfier à chaque enjambée. Je tente de garder la tête froide.
Tout va bien, Mia.
Il se tient droit devant moi et prend appui sur le rebord de son bureau, les bras croisés, la tête inclinée, me dévisageant sans se cacher.
Il revêt un superbe costume gris foncé qui met en évidence chaque courbe de son corps, et une chemise blanche ornée d'une élégante cravate bien assortie.
Une magnifique montre brille à son poignet et habille ses mains délicates. Ses mains délicates qui ne portent toujours pas d'alliance.
Connard.
Il est coiffé impeccablement et sa barbe de trois jours accentue toujours autant sa masculinité et son pouvoir sur moi. Connard.
Pourtant, dans son regard, je lis tout...
Il est triste et je le vois. Je suis connectée à lui, il ne peut rien me cacher. Je ressens l'intensité de son désarroi face à cette situation, et une pointe au cœur me submerge, encore.
Connard...
- Comment vas-tu ? m'interroge-t-il la voix tremblante.
Il perd son assurance. Et cela renforce la mienne.
- Très bien, et toi ?
- Menteuse.
- Je vais bien, je t'assure, il me tardait de reprendre le travail.
- Menteuse.
- Bon, Gabriel ça suffit les conneries, je vais bien regarde ! lui dis-je en dirigeant mes mains vers moi comme pour lui prouver mes dires.
Regarde, je suis habillée, coiffée, debout, je vais bien. Ses bras se décroisent, et il soulève ses fesses de son bureau pour s'approcher lentement de moi.
- Menteuse. Tes yeux me disent le contraire, répond-il d'une voix suave.
Toi aussi, Gabriel, tu me connais, tu es connectée à moi, et je ne peux rien te cacher.
Je recule pour éviter qu'il n'arrive à ma hauteur trop rapidement, mais je me heurte au mur, incapable de reculer davantage.
Quant à lui, il continue de s'approcher de moi, tel un lion devant sa proie.
- Écoute Gabriel, je souhaiterais que nos relations soient strictement professionnelles. Tu ne peux pas t'avancer vers moi de cette manière. C'est inconvenant, débité-je presque paniquée. Notre relation est terminée, j'ai ouvert les yeux, c'était une énorme bêtise.
Arrivé à ma hauteur, il est proche de moi. Trop proche. Je peux sentir son envoûtant parfum et son délicieux souffle sur ma peau.
- Menteuse, susurre-t-il à mon oreille, son doigt effleurant délicatement mon cou et descendant sur mon épaule.
Frissons.
Je ferme les yeux, tentant de reprendre mes esprits. Je ne vais pas céder au bout d'une minute quand même, bordel de merde !
Puis je ressens une sensation de froid glacial qui se répand, tout à coup, autour de moi. Il s'est reculé.
- Tu peux disposer, me dit-il, arborant un rictus triomphant.
Pardon ? Est-ce qu'il se fout de ma gueule ?
Ce petit égocentrique de merde a tenté de voir si son pouvoir de séduction fonctionnait encore sur moi. Et, quand il a réalisé que c'était toujours le cas, il m'a demandé de disposer avec son sourire de connard arrogant.
Je suis furieuse de ne pas avoir été assez forte face à lui. Force est de constater que je ne dispose pas des armes suffisantes pour me protéger de lui, de ce qu'il est, de ce qu'il représente pour moi.
Cette attraction enivrante et puissante, ce jeu intense et toxique qui m'avait tant manqué.
Je le dévisage, consternée et excitée par son attitude, puis je me dirige vers mon bureau tentant de me remettre de l'effet que cet homme a sur moi.
CONNARD !
8 commentaires
Alsid Kaluende
-
Il y a un jour
Justine Laurier
-
Il y a un mois
Lydie ADI
-
Il y a un mois
Carl K. Lawson
-
Il y a un mois
biggy
-
Il y a un mois
Lydie ADI
-
Il y a un mois
Christelle Colombini
-
Il y a un mois
Lydie ADI
-
Il y a un mois