Fyctia

MIA

🎵 Lovely - Billie Eilish, Khalid 🎵

Je m'apprête à me retourner pour lui échapper, mais le son de sa voix et sa main autour de mon bras m'en empêchent.

- Ne pars pas, Mia, je t'en prie. Ne me quitte pas... murmure-t-il, la voix tremblante.

Les larmes roulent sur mes joues, je ne peux plus les retenir, et je ne peux m'empêcher d'étouffer de nouveaux sanglots lorsqu'il se met à genoux devant moi, ses bras entourant mes genoux, sa tête enfouie au même niveau.

- Je suis incapable de vivre sans toi, Mia, sanglote-t-il. « Je suis trop impliqué », tu te souviens, c'est toi qui me l'avais dit.

Mes larmes coulent sans relâche, je l'observe, et soudain, tous nos souvenirs, tous nos moments, envahissent mes pensées.

J'ai envie de me laisser aller à son amour, de me donner entièrement, corps et âme, à cœur perdu, dans cette histoire d'amour qui m'a redonné vie quand je me sentais invisible.

Malheureusement, mon rôle de mère et ma vie m'en empêchent. Cette famille fera de mon existence un enfer si je ne cède pas et que je ne quitte pas cet homme désespéré, à genoux devant moi.

Je me laisse tomber devant lui. Je m'écroule face à lui, les tourments qui assaillent mon esprit et mon cœur intensifient encore davantage ma détresse.

Nous sommes tous les deux en larmes, à genoux ; anéantis, nos cœurs brisés, nos âmes meurtries.

Comment puis-je savoir que mon choix est le bon ? Je dois être forte et partir. Je dois mettre fin à notre relation.

- Je vais prendre une semaine de congé pour qu'on n'ait pas à se revoir dans les prochains jours. Ensuite, dis-je, entre deux sanglots, avec la morve au nez, nous agirons comme deux adultes. Je ne peux pas perdre ce travail, en plus de te perdre toi. S'il te plaît, ne complique pas les choses. Rends-moi ma liberté.

Gabriel reste silencieux. Il m'enlace, très fort, comme si j'étais la plus précieuse de ses possessions. Je savoure chaque seconde à sentir son odeur, à le sentir contre moi. Me sentir à lui.

Dans l'amertume de cette terrible et douloureuse situation, je réalise que nous avons la chance de pouvoir mettre fin à notre histoire avec dignité. Pas sur un simple coup de téléphone. Nous avons cette possibilité de savoir que c'est la dernière fois.

La dernière fois que je le serre, que je le touche, que je le sens contre moi. Une dernière fois de nous.

Finalement, après quelques minutes de ce moment suspendu dans ce douloureux silence, j'écarte lentement mes doigts des siens pour lui lâcher les mains.

À cet instant, c'est comme si nos mains représentaient tout ce qu'il restait de nous, la douleur que nous nous infligeons. Je ne veux pas le lâcher, il ne le veut pas non plus parce que nous n'avons plus que ça.

Nos mains et nos doigts sont à présent séparés, je me relève lentement, et je quitte le bureau, cet endroit que j'ai considéré pendant des mois comme ma bulle de bonheur et d'amour, mon délicieux et doux cocon représente à présent mon antre de souffrance.

Je ne me retourne pas ; je continue, comme un automate, avec seulement la sensation du regret qui m'accompagne déjà.

Puis, je ressens chaque battement de mon cœur comme un coup de couteau à l'intérieur de moi.

Une douleur cruelle, ma douloureuse descente en enfer.

Je prends conscience que l'amour, aussi intense soit-il, n'est pas toujours suffisant.