Fyctia
Chapitre 33
MIA
- Je viens d'avoir ton père au téléphone. Nous sommes impuissants pour l'instant, dit ma belle-mère. Nous allons engager quelqu'un qui surveillera votre maison et les environs afin de voir si quelqu'un dépose un nouveau courrier. Si c'est le cas, nous coincerons le coupable. Nous n'avons plus qu'à croiser les doigts pour que ce maître chanteur ne fasse rien de plus. Mia, tu n'as vraiment aucune idée de qui pourrait se cacher derrière tout ça ?
Instantanément, je pense au message de Gabriel « C'est Sophie l'autrice du courrier, j'en suis persuadé. Il faut qu'on en parle ».
- Non, je ne sais pas. Il n'y a aucune raison à l'envoi de ces vidéos absurdes.
- Si ce n'est de nous réclamer de l'argent pour ne pas diffuser cette vidéo à notre entourage et ainsi bafouer notre réputation, rétorque avec calme Léo.
- En effet, lui répond sa mère. Mia, tu sais que tu dois mettre fin à cette histoire avec cet homme.
Le visage de Léo se ferme, et quand je ne réponds pas, les larmes gagnent ses yeux. Il quitte la pièce, désemparé.
Sa mère s'approche de moi, et je ne remarque que maintenant qu'elle est revenue de son mystérieux appel avec notre petite « boîte à bobo » de secours.
- Viens t'asseoir, je vais m'occuper de ça, me dit-elle d'un ton décider en désignant le haut de ma tête, ma blessure.
Ma blessure, mon bobo, ma plaie ne se situe pas à hauteur de ma tête, même si du sang s'en écoule.
Cela dit, je ne rechigne pas. Je m'installe dos à elle, assise par terre, quand elle prend appui sur le bord du bureau pour avoir un meilleur angle de vue sur ma lésion.
Alors que l'adrénaline commence à redescendre doucement, je sens la douleur envahir mon corps, celle due à ma chute, ainsi que celle due au creux dans mon cœur.
- Je sais ce que tu ressens Mia. Je n'ai pas grandi dans une famille fortunée.
Je me retourne vivement, stupéfaite par cette confidence, quand elle me retourne de nouveau, me retrouvant une nouvelle fois dos à elle.
Elle écarte ensuite mes cheveux de ma plaie, et je sens une décharge lorsqu'elle passe le coton imbibé de désinfectant sur ma plaie.
- Aïe...
Je grogne de douleur. Elle continue de me soigner et poursuit son récit.
- Nous sommes des femmes, nous faisons partie de la même famille, et nous devons nous entraider. Je n'ai pas toujours été comme ça, un robot. Je sais que tu me vois comme ça, Mia. Mais ce comportement de femme froide, j'ai dû l'adapter et l'apprendre à mes dépens, je l'ai appris face aux erreurs de mon mari, face à celles de mon fils, et maintenant face aux tiennes. Je ne peux pas te raconter toutes les erreurs des hommes de ma vie au risque de te faire fuir, mais sache que j'ai moi aussi beaucoup souffert.
Je me tais, de crainte qu'elle interrompe son récit.
Sa voix est douce et rassurante, je ne la connaissais pas sous ce jour, sauf quand elle parle à Isabela, ces moments où elle a toujours semblé retrouver son humanité.
- J'ai également connu des moments de flottements, car je m'ennuyais, parce que je ne ressentais plus de bonheur, parce que je ne me sentais plus à ma place, parce que j'étais épuisée que tout repose sur mes épaules, parce que je désirais ma liberté. Je comprends que tu aies voulu toucher du doigt cette idée. Mais tu dois comprendre que, même si mon fils a commis des erreurs dans le passé, il t'aime plus que tout, Mia. Il tuerait pour toi. Il deviendrait fou si tu le quittais. Et si je te demande de quitter cet homme...
Elle me retourne de sorte à ce que je lui fasse face et poursuit, ses yeux ancrés aux miens :
- Si je te demande de quitter cet homme Mia, ce n'est pas pour notre famille ou notre réputation, c'est pour mon fils. Tu es une femme forte et tu es indépendante. Je sais que tu seras capable de te débrouiller sans cette famille et sans lui. Mais lui... Lui, il ne s'en remettrait pas.
Mon regard et mon expression s'assombrissent devant la vérité qui m'assaille, me broyant sous son poids.
- Je ferai tout mon possible pour te préserver, Mia, car tu fais partie de notre famille. Je ferai également tout mon possible pour Isabela. Cette petite aura tout ce que tu n'as pas eu. Elle ne manquera jamais de rien. L'argent, le statut, le pouvoir, la protection, l'amour et la famille. Ainsi... Pour Léo, pour Isabela, fais les bons choix. Ne nous mets plus en danger.
Pour Isabela. Ses mots résonnent encore en moi alors qu'elle se dirige vers la porte du bureau.
- Pensez-vous que Léo soit violent ? Dites-moi la vérité, je vous en prie, la supplié-je du regard.
Puis, dans un souffle, elle me répond d'un calme assourdissant.
- Je crois que l'Amour peut tous nous rendre fous, Mia.
Je m'apprête à m'adosser, quand mon regard balaye la pièce.
L'ordinateur est encore allumé, la clé USB est branchée à celui-ci, les papiers sont éparpillés sur le bureau et par terre, le Scotch remplit à peine sa carafe en verre.
Les bouts de verre brisés en mille morceaux sont dispersés sur le sol, les gouttes de mon sang tachent le plancher ainsi que le rebord du mur sur lequel je me suis blessée, et le silence résonne dans ce vaste chaos destructeur.
Mon téléphone retentit à nouveau.
C'est la première fois qu'il me l'écrit. Plus de papillons dans le ventre.
Je suis vide.
Je ne ressens plus rien.
Anesthésiée.
10 commentaires
La Plume d'Ellen
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Il y a 16 jours
Lydie ADI
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Il y a 16 jours
Justine Laurier
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Christelle Colombini
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Carl K. Lawson
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biggy
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Lydie ADI
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