Fyctia
Chapitre 32
MIA
- Pardon ? J'ai mal compris, ce n'est pas possible. Jamais tu n'aurais agi ainsi, Léo.
- Il faut croire qu'on ne se connaît pas, me dit-il, le regard perdu.
Léo est devant moi, droit, les mains dans ses poches, la tête basse, le regard évitant le mien, les lèvres tirées, comme un enfant pris sur le fait. Il tente de faire bonne figure, de paraître froid et sans cœur, mais bon sang c'est Léo !
Je n'ai pas pu me tromper à ce point sur sa personne.
Nous avons tant de fois évoqué le milieu aisé de ses parents qui lui ont apporté tout ce dont il avait besoin dans sa vie.
Il a toujours semblé mal à l'aise à l'idée d'avoir eu ce privilège de pouvoir accéder à tout ce dont la plupart des êtres humains étaient privés.
Une merveilleuse maison, avec un étage rien que pour lui, il bénéficiait du service de domestiques dévoués.
Il étudiait dans des écoles renommées, participait à des activités extrascolaires qui développaient sa créativité et lui permettaient de se dépenser.
Tout cela visait l'excellence et le désir profond de réussir dans la grande société.
Il m'a répété tant de fois qu'il ne voulait pas avoir cette renommée de gosse de riche, embarrassé par sa vie, par ce qui l'a conduit à ce qu'il est.
Je suis convaincu que Léo n'aurait jamais utilisé sa position pour nuire à autrui, encore moins pour être complice d'un crime. Du moins, j'en étais convaincue, jusqu'à présent.
Je recule en tâtonnant de ma main droite, cherchant à m'accrocher au bureau ou à une chaise, n'importe quoi qui m'empêche de m'écrouler au sol.
Léo vient de me raconter cette terrible histoire, et j'ai du mal à imaginer cet homme prévenant, doux et attentionné ne pas porter assistance à une femme, ne pas appeler la police pour ses prétendus amis de merde, qu'il voit encore !
- Putain, Léo, ces ordures sont venues passer le week-end à la maison ! Isabela était présente, comment as-tu pu ?
- Cesse de tout exagérer, Mia ! m'a-t-il ordonné d'un ton sec. Ils ne sont pas...
- DES VIOLEURS ? protestai-je, la gorge nouée. Putain de merde, Leo, ils ont agressé sexuellement une femme ! Tu es fou ! Comment as-tu pu laisser faire une telle chose ? Tu me dégoûtes.
- Tant mieux, on ressent la même chose l'un pour l'autre... marmonne-t-il, regardant fixement le sol. Et ils ne l'ont pas touchée, ils me l'ont dit.
- Bien sûr, tu peux leur faire entièrement confiance à ces ordures ! lui dis-je avec sarcasme.
- ÇA SUFFIT ! ASSEZ ! Cessez vos enfantillages.
Puis, ma belle-mère regarde son téléphone qui vibre et sort du bureau, elle vient de recevoir un coup de téléphone et s'éclipse.
Léo et moi cessons notre dispute un moment, puis je reprends subitement mes pleurs. Je ne peux plus les retenir, je suis tellement bouleversée.
- Et si c'était Isabela ? lui dis-je doucement. Si c'était notre fille qui était agressée, là aussi on appellerait tes parents pour dissimuler ce qui s'est passé ? Pour préserver la réputation de cette chère putain de famille de merde ?
- Isabela est toute ma vie, je ne laisserai jamais personne lui faire de mal.
Tout à coup, mes réflexions deviennent plus claires, et la crainte m'envahit.
- Et si c'était moi qui posais un problème dans cette famille ? Que se passerait-il si cette clé USB tombait entre de mauvaises mains ? Serais-tu capable de me protéger, ou serais-tu celui qui appuierait sur la gâchette afin de m'éliminer de l'équation ? Mon cher et tendre mari, comment gérerais-tu cette histoire ? craché-je avec ressentiment.
Léo fixe intensément mes yeux. Son regard rempli de larmes, de désespoir, de haine et de dégoût.
Et, brusquement, je me demande comment nous parviendrons à surmonter cette épreuve.
Est-ce seulement possible ?
Ai-je peur de mon mari ?
5 commentaires
La Plume d'Ellen
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Il y a 16 jours
Justine Laurier
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Il y a 2 mois
Lydie ADI
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Il y a 2 mois
Da Silva Costa José
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Il y a 2 mois
Lydie ADI
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Il y a 2 mois