Fyctia
Chapitre 31 - Suite
LÉO
Toujours huit ans plus tôt, à la même soirée, le 1er février 2016, Londres.
Il me faut quelques minutes pour rassembler mes idées. Josh et Oliver sont allongés sur une jeune femme qui porte la même robe que Lou. Ils la tripotent et je perçois des murmures provenant d'elle.
Je m'approche, et je me rends compte que cette nana c'est Lou.
- Putain, mais qu'est-ce que vous foutez, c'est quoi ce bordel ? m'écriai-je en me dirigeant vers eux.
- Ça va, ta petite chérie avait besoin d'un remontant, elle était triste et elle allait partir alors on lui a filé un petit quelque chose, rigole Josh complètement défoncé.
- C'est bon Léo, on est potes non ? Viens, elle est d'accord, ajoute Olivier, tout aussi défoncé.
- Mh... Léo... t'es là.. non.. Arrêtez, murmure Louna dans le flou, inconsciente.
Je suis abasourdi, je suis incapable de réagir. Je ne comprends pas ce qui se passe devant moi. Bien sûr que si, je comprends. Ils ont filé ces merdes à Louna et mélangé à l'alcool, elle fait un sérieux bad trip.
Elle ne se rend pas compte de ce qui se passe.
- Arrêtez putain, barrez-vous, laissez là !
Je deviens fou. Comment peuvent-ils la toucher ? Celle que j'aime ? Je pousse Oliver et Josh, manquant de trébucher tant ils sont défoncés, pour les empêcher de se rapprocher de Louna. Je menace Josh de mon poing lorsqu'il tente de se relever pour revenir vers moi.
- Barrez-vous, ou j'appelle les flics. BARREZ-VOUS, PUTAIN !
Ils sortent enfin de la pièce et j'en profite pour nous enfermer à clef. Ma vision est de plus en plus trouble, je ne distingue presque plus rien. Je crains que Louna ne distingue rien non plus.
Je me tourne vers elle, et je remarque sa culotte par terre et le bas de sa robe remontée. Qu'ont-ils eu le temps de lui faire ?
Je passe ma main sur mon visage et mes genoux tremblent à l'idée qu'ils aient pu lui faire du mal.
Je devrais appeler les flics, mais la maison est pleine de jeunes, de drogues et d'alcool. Mes parents me tueraient.
Avec un peu de chance, Louna ne se souviendra de rien. Comment je peux dire ça ?
- Léo... viens.. J'ai besoin de toi, reste près de moi, je suis pas bien... je me sens à l'ouest.. J'ai.. J'ai du mal à respirer.. murmure Louna.
- J'arrive, ma puce, lui dis-je tentant de masquer mon trouble.
Je me glisse derrière elle, l'enveloppant dans mes bras, en posture de cuillère. Cette situation est surréaliste. Et si Louna se souvenait de tout et qu'elle appelait la police dès demain ?
Je resserre mon étreinte et je respire l'odeur de ses cheveux, comme pour m'en imprégner, comme si je savais déjà que d'une façon ou d'une autre, je n'aurais plus jamais l'occasion de le faire.
***
- Louna ? Louna, putain, réveille-toi ! PUTAIN LOUNA ! m'écriai-je comme un fou, en la secouant frénétiquement.
Louna est allongée sur le dos, et un reste de vomi ressort de sa bouche. Sa peau est aussi pâle qu'un linge blanc. Sa peau est froide. Son regard n'a plus d'expression, sinon celui de la peur. Et son cœur... Son cœur ne bat plus.
Je ne l'ai pas entendu, j'étais tellement défoncé que j'ai dormi comme une masse près d'elle et bien que nous nous sommes endormis sur le côté. Mon habitude est de me tourner de l'autre côté, tandis qu'elle préfère s'allonger sur le dos.
J'ai l'impression que, inconsciemment, nous avons repris nos positions favorites, et, ce matin, je me réveille dans un état d'effroi, allongé auprès du corps inanimé de celle que j'aime, rongé par la culpabilité.
Je contacte mes parents en panique et après trois heures d'attente, ils arrivent sur les lieux avec un homme que je ne connais pas. Je reste assis sur une chaise, écoutant leur conversation, essayant de comprendre comment ils vont éviter de me faire porter le chapeau de cet homicide, bien qu'il soit involontaire.
C'est cet homme d'une quarantaine d'années en costume qui chapeaute tout. Une fois leur décision prise, il appelle plusieurs autres hommes et leur donne les prochaines instructions.
La version sera donc celle-ci : Louna était une camée, morte d'une overdose, chez elle. Elle n'est pas restée ici hier soir, elle est passée cinq minutes à la fête, et elle est partie prétendant qu'elle avait besoin de se retrouver seule.
Je suis stupéfait de constater que, grâce à l'argent, on peut cacher un crime sans effort.
Son frère n'a pas un rond. Il cherchera la vérité, mais il n'aura jamais suffisamment de moyens pour déployer son désir de vérité sur ce qui s'est passé. Alors je crois que, dans cette situation, mes parents ont sauvé ma peau et mon avenir.
Ils me regardent à peine, déçus par mon comportement. Je partage leur sentiment de déception envers moi-même.
Cependant, je me surprends à ressentir une vague de soulagement à l'idée que personne ne découvrira jamais le secret de mes amis que j'ai soigneusement gardé secret jusqu'à la mort de Louna.
La loyauté entre potes, c'est important.
6 commentaires
La Plume d'Ellen
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Il y a 16 jours
Lydie ADI
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Il y a 16 jours
Justine Laurier
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Il y a 2 mois
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Il y a 2 mois
Christelle Colombini
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Il y a 2 mois
Lydie ADI
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Il y a 2 mois