Fyctia

LÉO

Huit ans plus tôt, le 1er février 2016, Londres.

Je suis un étudiant de 22 ans, en troisième année de médecine à l'Université Queen Mary. Elle est extrêmement coûteuse, mais elle est aussi très bien classée, ce qui me permettra d'ouvrir toutes les portes nécessaires pour mon futur emploi.

J'ai cette chance d'avoir grandi dans une famille aisée. Je n'irai pas jusqu'à dire que je suis née avec une cuillère en argent  dans la bouche, mais presque. Mes parents m'ont toujours surprotégé et ont placé tous leurs espoirs en moi, leur fils unique. C'est beaucoup de pression.

Eh oui, je fais partie de ces gosses de riches privilégiés qui se plaignent de la pression subie.

Je sors avec Louna depuis un an. Je suis fou d'elle, elle est sublime, drôle, intelligente. Malheureusement pour elle, impossible de suivre des cours dans cette superbe université puisqu'elle n'a pas un rond. Cela ne m'empêche pas de la soutenir, et de faire tout ce que je peux pour l'aider au quotidien.

Elle vit avec moi, chez mes parents. Ils n'ont acceptés que parce qu'ils craignent que je sois influencé par elle et que je finisse par m'enfuir je ne sais où avec elle. C'est le seul hic dans cette histoire : ni mes parents, ni mes potes, ni son frère ne croient en notre histoire.

Et pour cause ! Louna n'est pas de notre monde.

Je lui ai promis de tout lui offrir une fois que j'aurai décroché mon diplôme. Je lui ai promis de lui décrocher la lune, ma Louna. Je sais, ça fait un peu le gars amoureux qui en fait trop.

Son frère ne peut pas me blairer, c'est simple. Il n'y a pas de raisons particulières, hormis le fait que je suis un gosse de riche. Il est persuadé que je finirai par lui briser le cœur.

C'est le dealer de notre université, je le sais parce que, même si je ne consomme pas moi-même, en dehors des soirées, mes amis, eux, sont des clients fidèles et assidus.

Il a la meilleure came de la ville.

Heureusement, Louna ne s'approche jamais de ces conneries, et je dois admettre que ça me rassure. Je flipperais en la voyant déambuler dans nos soirées, l'esprit embrouillé.

-        Alors t'as tout ce qu'il faut pour ce soir, mon pote ? s'exclame Josh surexcité.

-        T'as déjà pris un truc ou quoi t'es excité comme un taré. Ouaip, j'ai tout ! Par contre, pour la came, je te laisse gérer, le frère de Louna va me fusiller sinon.

-        Il sait très bien que la soirée est chez toi de toute façon, rétorque Oliver.

Oliver et Josh sont mes deux meilleurs potes. Ce sont aussi les gars les plus populaires. Notre amitié est faite de vacheries de temps en temps, mais ça nous va. Ils sont contents d'avoir un endroit où faire la fête, puisque mes parents partent souvent en voyage.

Moi, j'ai enfin réussi à me trouver des amis avec qui atteindre la popularité dont je rêve depuis longtemps.

Je suis plutôt réservé, je sais que mon humour ne me distingue pas des autres. Je suis plutôt mignon, sympa, riche, et ma maison est dispo' pour les fêtes trois week-ends par mois. Je sais que c'est spécial comme amitié, mais ça ne me gêne pas. On rigole pas mal ensemble. Ils y trouvent leur compte, et moi aussi.

-        Ouais enfin, j'ai pas envie qu'il fasse chier Louna en sachant que sa merde va circuler à la soirée.

-        Elle touche à rien ta petite chérie de toute façon, minaude Josh. Il le sait. Allez, porte tes couilles bordel !

-        OK. Je m'en occupe, j'irai le voir, je prends quoi et pour combien ?

Je sais que je suis trop facilement influençable, mais il parait que c'est mon problème. C'est surement ma manière de me faire apprécier par mes potes. Je ne veux pas avoir l'air d'un con sans amis. Alors, la plupart du temps, je cède.

***

23H

Tout le monde commence à arriver et la fête bat déjà son plein. La musique « One Dance » de Drake résonne partout. Les jeunes sont sous l'influence de l'alcool et des drogues. Les filles, elles, se déchaînent. L'ambiance est idéale pour faire la fête et s'éclater.

Juste avant l'arrivée des autres, on s'est fait une petite fête à deux avec Louna. On a bu un peu et on a commencé à coucher ensemble, mais ces abruitis de Josh et Oliver sont arrivés, ce qui a mis Louna très mal à l'aise. Depuis, elle reste cloitrée à notre étage.

Je décide de monter la voir, je n'ai pas envie qu'elle soit mal à l'aise.

-        Bordel, qu'est-ce que tu fous ? lui dis-je, agacé par ce que je vois.

Elle est dans le lit, à picoler seule comme une dépravée. Ma future femme ne se comportera pas comme ça, c'est hors de question.

-        Quoi ? Dégage, me répond-elle froidement les yeux rivés sur le plafond.

-        Mais qu'est ce qui te prend ? C'est parce que Josh et Oliver nous ont vus ?

-        Bien sûr que oui espèce d'imbécile ! S'écrit-elle en se relevant, me plantant son regard glacial. Tu as ri avec eux, tu as mis au moins deux minutes à leur dire de partir.

-        Ça va Lou, c'est rien, c'est mes potes !

-        Justement, putain ! s'exclame-t-elle en riant nerveusement. Léo, quand tu es avec eux, tu ne me défends jamais. Tu es leur putain de jouet, et je ne le supporte plus. C'était la fois de trop. Je me demande si tu es vraiment un homme sur qui on peut compter, souffle-t-elle dans un murmure.

-        Et donc, tu vas rester ici à picoler comme une vieille alcolo ? T'as l'air taré.

-        PUTAIN BARRE TOI !!

-        C'est chez moi ici, si quelqu'un doit se barrer c'est bien toi !

Je suis conscient que ma remarque est ridicule, mais mon égo est blessé. Je ne suis pas le jouet de mes potes. Je déconne avec eux, c'est tout.

Je prenais Louna en levrette quand ils sont arrivés et elle portait sa robe, je suis sûre qu'ils n'ont rien vu. Alors, quand ils se sont mis à se marrer, je me suis marré avec eux, ça va pas de quoi s'emballer.

Louna se relève, et vient dans ma direction. Elle plante son regard et je pourrai presque y discerner une flamme dans ses iris tant elle est furieuse.

Puis, calmement, elle dit ces mots qui brisent mon cœur en mille morceaux.

-        Tu n'es pas un homme pour moi Léo, j'ai besoin d'un homme, un vrai. Demain, je passerai récupérer mes affaires.

Et elle s'en va.

***

Les heures passent et je n'ai pas profité de ma soirée. J'ai à peine croisé mes potes, et Louna est certainement déjà partie depuis longtemps. Les nanas ici ne m'attirent pas autant que Louna, elles manquent de feu et de caractère.

Je commence lentement à ressentir les effets de la drogue. J'ai bu de l'alcool et j'ai pris des petites pilules magiques. D'habitude, la combinaison de ces substances en soirée me procure une euphorie intense et un sentiment de bien-être profond.

C'est tout ce dont j'avais besoin après cette dispute avec Lou. Je décide de bouger pour retrouver mes potes et profiter de cet état avec eux. Impossible de les trouver.

Je me rends dans la chambre et, putain, je plane trop ou quoi ? C’est quoi ce bordel ?