Fyctia

MIA

Ce n'était jamais arrivé auparavant. Léo n'avait jamais montré de violence envers moi, bien au contraire. Il était plutôt mon refuge, mon sanctuaire, mon cocon de sécurité.

Je reste médusée par ce qu'il vient de se passer quand je le vois s'agenouiller rapidement près de moi.

-        Mia, putain, merde, je.. balbutie-t-il les yeux perdus.

Les yeux dans le vague. Il a une expression dans les yeux que je ne lui connais pas. Je peine à reprendre mes esprits, à me relever quand j'entends soudain une voix familière.

-        Mes chous, je suis avec Isabela, rhabillez-vous ! s'exclame-t-elle d'une voix enjouée.

Merde, la mère de Léo, avec ma fille. Nom de Dieu, non. Je ne veux pas que ma fille assiste à ce remue-ménage, non je ne veux pas qu'elle vive ce que j'ai vécu, cet endroit doit rester son refuge de tranquilité et d'amour.

Je m'empresse de me lever afin que ni ma belle-mère ni ma fille ne s'aperçoive de la situation. C'est peine perdu, Léo est dans un état pitoyable, j'ai du sang sur les doigts, je suis à moitié décoiffée et j'ai le visage rouge d'avoir trop pleuré.

-        Qu'est ce qui se passe ici ?

Ma belle-mère a cette faculté de passer du chaud au froid en un instant. C'est encore le cas. Pour une fois, sa froideur et son self contrôle me font du bien.

-        Isabela chérie, dit ma belle-mère avant que la petite ne puisse entrer dans cette pièce respirant le chaos. Va dans ta chambre, papa et maman vont venir te faire un bisou dans quelques minutes, le temps de préparer une petite surprise.

J'entends ma fille s'écrier avant de détaler en trombe jusqu'à sa chambre.

-        Bon, expliquez-moi. Que s'est-il passé ?

On dirait un robot. Je sens le regard de sa mère fixer mes doigts pleins de sang, ainsi que ma chevelure défaite. Elle n'oscille pas un mot. Mais je perçois son agacement. Est-il dirigé sur moi ? Sur Léo ?

-        J'ai reçu une clé USB dans une lettre anonyme, lui dit Léo avec un détachement que je ne lui connais pas.

-        Léo ! Non, nous réglerons ça ensemble, ne dis rien, lui dis-je en le suppliant des yeux.

Je n'apprécie pas sa mère, c'est vrai, mais pour autant, je ne veux pas qu'elle sache que je suis une salope qui a trompé son fils. Elle s'efforcerait de penser qu'elle avait raison et que je ne me suis mariée que par intérêt, pour l'argent, la sécurité, et le confort.

-        Qu'y avait-il sur cette clé USB ?

-        Mia qui baise avec son patron, et ils se disent qu'ils s'aiment, je ne sais pas trop quoi... répond Léo toujours plus froidement.

-        Dieu du ciel, marmonne-t-elle le visage regardant le sol.

-        Je suis tellement désolée, dis-je d'une voix à peine audible.

-        Le moment des excuses viendra plus tard. Si quelqu'un connait ce secret, il est impossible que cela se sache, notre famille entière jouit d'une réputation à tenir. Hors de question que cela sorte d'ici. Léo appelle ton père.

Je suis stupéfaite par ce que j'entends. Tout cela est d'une telle froideur que je n'en reviens pas ! J'ai l'impression d'être au cœur d'un scandale politique qui ne doit pas s'ébruiter.

-        Bravo Mia, tu es fier de la merde dans laquelle tu nous mets ? m'interroge mon mari d'un ton acerbe.

-        Bien sûr que non.

-        Léo, si j'étais à ta place, je ne lui reprocherais pas ses secrets. Lui as-tu fait part des tiens ? De ceux que nous avons cachés il y a huit ans ? Nous allons devoir étouffer cette situation de la même manière. Il est crucial que vous soyez transparents les uns envers l'autre. Les problèmes se résolvent en famille, réponds ma belle-mère sèchement.

Mon regard se tourne vers Léo et la pièce semble tourner autour de moi. Quoi encore ? Un autre secret ?

Soudain, je sens mon téléphone vibrer dans ma poche, je regarde rapidement et je ne peux m'empêcher de lire le message qui m'est adressé. Un choc supplémentaire, encore un.

• Connard Arrogant : C'est Sophie l'autrice du courrier, j'en suis persuadé. Il faut qu'on en parle.