Fyctia

ACTE III : L'ENVIE

De l'envie dérive la tristesse ressentie face à la possession d'autrui de ce que l'on convoite. La jalousie, insidieuse et corrosive s'immisce dans l'esprit nourrissant le ressentiment face aux autres.

CHAPITRE 27

LÉO

C'est l'anniversaire de Mia aujourd'hui, ma petite merveille. J'ai réservé une table dans son restaurant préféré pour ce soir. J'ai pris soin de réserver pour éviter toute déception, comme ce fut le cas pour la Saint-Valentin.

Son cadeau d'anniversaire est déjà emballé et attend patiemment dans l'un des tiroirs de ma commode. J'ai tout prévu, rien ne pourra gâcher sa soirée d'anniversaire.

Aujourd'hui, Isabela est chez ses grands-parents. J'ai informé ma mère que j'avais pris l'après-midi pour faire les courses et préparer un apéritif pour ce soir. Je lui ai demandé de nous ramener ensuite Isabela une petite heure, le temps de déguster l'apéritif en famille.

Cela permettra également à Mia de passer du temps avec sa fille avant notre départ, car je sais que sa fille lui manque.

Puis nous nous retrouverons enfin à deux, seulement à deux, pour une soirée et une nuit en amoureux, comme un jeune couple. Comme avant.

Je rentre des courses les bras chargés, nous serons trois à ce minuscule apéritif pourtant, j'ai l'impression que nous sommes toute une tripotée.

Je voulais faire plaisir à Mia, alors j'ai pris une très bonne bouteille de champagne, je sais qu'elle adore ça. J'ai également pris des petits mets à grignoter qui lui feront plaisir, et des Kiris pour Isabela qui en raffole.

Je regarde autour de moi, et je ne suis pas peu fier d'avoir réussi à ranger un peu la maison. Je remarque qu'il est déjà 15h à l'horloge. Le temps est passé à une vitesse, occupé à tout préparer, je n'ai rien vu passer.

Je sors de notre maison pour me diriger vers la boite aux lettres, je n'ai pas relevé le courrier de la journée.

Au milieu des publicités et de notre facture d'électricité, une enveloppe blanche en format A4 avec seulement mon prénom inscrit dessus « LÉO ».

J'avoue que je ressens instantanément une boule dans mon estomac à la vue d'une enveloppe mystérieuse dans ma boîte aux lettres, sans aucune adresse et ne contenant que mon nom.

Je cherche autour de moi vérifiant la présence d'une personne qui me regarde, puis mes pensées se tournent vers le passé, huit ans plus tôt, et je suis soudainement saisi par la peur que ce cauchemar, dont Mia n'a aucune idée, refasse surface.

Et si, c'était cette histoire qui revenait à moi maintenant que je suis heureux, pour me punir ?

J'emboite le pas et me décide à rentrer rapidement chez moi pour ouvrir cette enveloppe et y découvrir la preuve de mon irréparable péché.

Je ne réfléchis plus, je suis comme un robot et je veux arracher le pansement afin de m'en débarrasser le plus rapidement possible.

Je dépose les publicités et la facture sur le bar et je m'assieds sur le tabouret, je tâtonne rapidement l'enveloppe pour me rendre compte que celle-ci contient une sorte de forme dur.

J'ouvre, et... Une clé USB.

Seulement une clé USB. Je m'empresse de récupérer l'ordinateur qui est habituellement dans le bureau. Et malgré la peur que je ressens, le tournis qui s'empare de moi à l'idée de faire face à mes vérités, je branche la clé USB.

J'ai toujours su qu'un jour cette histoire referait surface, que son frère ne lâcherait pas l'affaire, qu'il aurait besoin de réponses. Peut-être les a-t-il déjà obtenus ? Peut-être veut-il me rendre fou ?

Cependant, si cela peut le tranquilliser, je dors mal la nuit et cette terrible date, le 1er février 2016, me hante.

Je ne pourrai jamais oublier ce que j'ai fait, et cela me ronge de l'intérieur, tout comme lui, je n'en doute pas. Je ne pourrai jamais l'oublier, elle, Louna.