Fyctia

MIA

Heureusement que je suis assise, le sol se dérobe sous mes pieds. Je peine à croire ce que je vois, c'est irréel, un cauchemar dont je ne me réveille pas, puisque je suis déjà éveillé.

Je reste paralysé, contemplant cette scène avec horreur. Mes pensées sont empreintes d'une douleur sourde, tandis que mon cœur tambourine frénétiquement contre ma poitrine. Ma gorge est desséchée, rendant chaque inspiration de plus en plus difficile et un faible bourdonnement résonne dans mes oreilles.

Autour de moi, le monde continue de tourner, et je suis à deux doigts de m'évanouir. Je m'empresse de cliquer sur la petite croix rouge à droite de la vidéo pour fermer ce que je viens de voir.

Gabriel et moi. Gabriel et moi, dans ce bureau. Gabriel et moi en train de s'envoyer en l'air. Gabriel et moi allongés sur un plaid par terre. Gabriel qui replace une mèche derrière mon oreille. Gabriel et moi post orgasme. Gabriel et moi post orgasme à nous avouer nos sentiments.

Je me souviens exactement de cet instant, puisque c'est la première fois que Gabriel m'a dit qu'il m'aimait. Le son n'était pas activé. Je ne sais donc pas ce qu'on entend dans la vidéo, je dois prendre le temps de la revoir seule.

Ce midi, quand tout le monde sera parti déjeuner.

Mon dieu, mon monde s'écroule, j'ai peur. Ma vie, mon mari, ma fille. Tout ce que j'ai construit, bâti, tout ce pour quoi je me suis battu. Ce n'est pas possible.

- Mia ? me crie Chlo.

- Ou.. Oui Chlo.. je.. Pardon, je .. Balbutié-je encore troublé et revenant petit à petit dans le monde réel.

- Chérie, ça va ? Ça fait trois fois que je t'appelle. C'était quoi ce courrier alors ?

- Rien Chlo, rien, je ne sais pas, je l'ouvrirai plus tard, lui dis-je sans réussir à me remettre de mes émotions.

J'ai bien conscience que ce que je lui réponds n'a pas de sens, mais je ne réussis ni à réfléchir ni à garder mon sang froid. Je me lève pour aller voir la seule personne à qui je peux parler de ça. Gabriel, dis-moi que c'est un souvenir que tu m'as envoyé et que tu voulais que je garde.

Je me dirige non sans mal dans son bureau la clé USB en main et, quand je m'empresse d'y entrer, je referme la porte comme pour enfermer un secret.

- Gabriel, pitié, dis-moi que c'est toi, je t'en supplie.

- Que c'est moi quoi ?

Je lui montre la clé USB, il se lève et s'avance d'un pas pressé vers moi. Ses yeux révèlent qu'il n'a jamais manipulé cette clé USB auparavant.

Les larmes me viennent aux yeux à la vue de cette vérité brutale, qui m'assaille de toute sa force.

La personne qui m'a envoyé cette clé USB sous couvert d'un courrier anonyme ne me veut pas de bien, c'est certain, et si je l'ai déjà reçu, peut-être que Léo aussi.

Des larmes roulent sur mes joues quand cette idée me vient à l'esprit. Gabriel se précipite pour m'enlacer.

- Qu'est-ce qu'il y a sur cette clé, trésor ? Montre-moi, me demande-t-il d'une voix douce.

- C'est nous Gabriel, C'EST NOUS ! tenté-je de crier en chuchotant pour ne pas que Chlo m'entende.

Je lui tends la clé USB et je vois dans son regard toute la détresse et l'incompréhension qu'il ressent face à mes lamentations et à mon comportement qui n'a ni queue ni tête, car il ne comprend rien à ce que je lui dis, à juste titre.

Gabriel se dirige vers son ordinateur et branche la clé USB. Les images affluent et je détourne le regard, honteuse de ce que je vois. Cette femme qui me ressemble, mais qui ne semble pas être moi pourtant. Comment ai-je pu me laisser autant aller ?

J'active légèrement le son afin de vérifier s'il y a du son et oui, évidemment, il y a du putain de son et on entend mon amant me dire qu'il m'aime et on me voit glousser comme une ado attardée en clignant des yeux pour réponse.

BORDEL ! Je suis au bord du malaise.