Fyctia

MIA

8H15, 14 novembre 2022, Parking du CABINET SUAREZ ASSOCIES, Westminster.

Lors de l'entretien d'embauche, je n'ai rencontré que Filipe Suarez, le premier associé de ce cabinet d'avocat familial. C'est le plus jeune des deux frères.

Il a 30 ans et m'a expliqué que cette entreprise est pour eux le joyau de leur existence. Ils sont deux : lui et son frère Gabriel Suarez, tous deux avocats, et travaillent dans le domaine des affaires. J'ai également croisé Chloé lors de l'entretien, une jeune et belle nana de mon âge qui était jusqu'à présent seule secrétaire de ces deux avocats. « C'est trop de travail », m'a-t-on expliqué. Chloé n'arrive plus à tout gérer seule. Le cabinet a fortement progressé depuis sa fondation il y a deux ans.

Donc, me voilà.

J'ai une bonne demi-heure d'avance. De loin, je distingue Chloé, qui est absolument magnifique. Elle porte un manteau long et noir, des bottes élégantes de la même couleur que son manteau et un sac à main rouge vif. Ses longs cheveux blonds tombent en cascade sur son manteau, ses traits délicats rehaussent sa peau de porcelaine impeccablement lisse, et son visage angélique me sourit doucement lorsqu'elle m'entend l'appeler au loin. Elle attend patiemment mon arrivée en souriant. Chloé dégage une aura chaleureuse.

J'ai mis du temps à choisir mes vêtements ce matin. Je voulais quelque chose qui ne soit ni trop chic, ni trop sexy. Juste élégant.

J'ai opté pour un pantalon noir qui moule bien mes fesses, un chemisier noir bordé de dentelle sur le décolleté et au niveau des manches et une petite veste par-dessus, accompagné d'escarpins qui me permettent de me grandir un peu et de me sentir plus confiante. J'ai légèrement ondulé mes cheveux, un peu de fond de teint, de blush, et de mascara pour souligner mes yeux verts et mes lèvres teintées de rouge foncé.

-        Alors, prête pour ta première journée ? me demande Chloé.

-        Plus que jamais !

Je ressens déjà une pointe d'excitation. J'ai hâte d'entrer dans cet endroit et de m'y faire une place. Chloé et moi faisons connaissance ; je perçois déjà son côté sociable et un peu chipie. Je sens que je vais l'apprécier, le feeling passe déjà.

Elle m'apprend que les deux frères seront là aujourd'hui et qu'une réunion est prévue pour mon arrivée. Parfait, je vais pouvoir mieux comprendre le fonctionnement de ce nouvel environnement de travail.

Le cabinet se trouve dans un bâtiment magnifique. À l'extérieur, les belles pierres apparentes donnent au bâtiment un aspect majestueux. Lorsque nous entrons, je découvre un magnifique escalier en colimaçon avec une rampe en bois.

L'odeur qui émane des lieux reflète son âge, mais elle me charme davantage. C'est un côté rustique, mais extrêmement classieux. J'adore l'idée de monter ces marches chaque jour pour y retrouver mon bureau. De plus, cela me fera faire du sport ! Enfin du sport, tout est relatif, mais pour moi c'est déjà sportif !

Au bout de ce couloir, un tableau représentant deux visages entremêlés me fascine. Je ne peux m'empêcher de m'arrêter devant et je reste hypnotisée quelques instants par cette œuvre exquise quand Chloé m'appelle pour que je poursuive mon chemin.

Et nous voilà à l'entrée du cabinet. Une jolie porte en bois qui sent la luxure comme porte d'entrée. Un grand couloir que nous longeons. Au bout de ce grand couloir, deux portes : l'une ornée d'une inscription « Filipe Suarez » et l'autre « Gabriel Suarez ».

Entre ces deux portes, deux bureaux arrondis, face à face, avec des chaises disposées le long des murs. C'est sans doute là qu'attendent les clients. Le choix des matériaux est onéreux, ça sent le fric à plein nez là-dedans !

Chloé pose ses affaires sur l'un des bureaux, et me propose de faire de même sur le mien. Il est magnifique. Tout y est prêt. Un mac en guise d'ordinateur. Quand je vous disais que ça sentait le fric ! Je ne m'en plains pas, j'adore ça. Le fric. Même si j'en ai toujours manqué avant mon Léo.

À côté de mon MAC, des stylos, des classeurs, en bref, tout ce qu'il faut pour bien bosser. Il y a même une tasse de bienvenue. Lorsque je souris en la soulevant, Chloé m'adresse un clin d'œil malicieux.

-        C'est de ma part, alors n'oublie pas d'apporter le petit-déj' demain pour me remercier.

Puis, une voix grave et masculine se fait entendre derrière moi.

-        On est là pour travailler, ou pour discuter boutique ?

Cette fois, il n'y a pas de sourire malicieux dans la voix, simplement un grand calme et un certain sérieux s'échappent de cette réflexion acerbe. C'est une voix que je ne connais pas et j'ai déjà envie de l'envoyer chier. C'est à ce moment que je me retourne et que je le vois. Gabriel Suarez. Le futur fantasme de mes nuits. Peut-être déjà même l'actuel. Qu'est-ce que je raconte ?

Un homme grand, il doit frôler le mètre quatre-vingt-dix, brun, des yeux noisette et rieurs avec de légères ridules sur le coin qui lui donnent un charme fou et naturel. C'est un homme qui ne doit pas avoir atteint la quarantaine, mais je pense qu'il s'en approche de quelques années. Il porte un costume noir qui met en évidence son teint légèrement hâlé. Quel putain de canon bordel ! Je ne m'attendais pas à ça. Son frère est plutôt bel homme, c'est certain. Mais Filipe transpire le sexe. Je veux dire, il a l'air plus immature, plus jeune, et je l'imagine facilement passer d'une conquête à l'autre et faire la fête tous les week-ends. Le stéréotype du riche et jeune célibataire londonien, et ce n'est pas ce qui m'attire chez un homme.

En revanche, son frère, Gabriel Suarez, est un dieu ! Son charme me subjugue complètement, pourtant, je dois l'affronter et maîtriser deux impulsions : celle de lui lancer un de mes regards meurtriers pour sa remarque déplacée, et celle de lui lancer un de mes regards de séductrice. Oui, j'aime plaire, c'est plus fort que moi. J'aime le jeu de séduction, et puisqu'il est inexistant avec mon mari, je me laisse parfois séduire, mais je ne dépasse jamais les limites.

Cependant, Gabriel Suarez est mon patron, et il est hors de question de jouer à quoi que ce soit ! Alors, je ne laisse rien transparaitre. Je lui tends alors ma main en affichant mon plus joli sourire.

-        Mia Lopez. Je suis la nouvelle recrue.

-        Ah, c'est vous. On a du travail. La réunion commence dans 10 minutes.

Sans même jeter un coup d'œil à Chloé, il s’éloigne. Mais c’est quoi ce connard arrogant? Il se fout de moi là? Je sens que ce boulot va me donner du fil à retordre, tant avec les airs supérieurs de mon boss qu’avec les fantasmes qui hantent déjà mon esprit. Et mon corps.