Fyctia
Chapitre 3
MIA
20 h 32
Léo passe la porte de la maison avec un magnifique bouquet de fleurs. Des lys blancs, mes préférés. Il arbore le sourire d'homme amoureux. Ce n'est certainement pas le rictus d'un homme qui voit sa femme accoudée au rebord du bar, vêtue d'une petite nuisette noire à dentelle assortis de bas sexys et de talons plus hauts que la Tour Eiffel. Ce n'est pas le sourire d'un homme qui brûle de désir pour sa femme. C'est simplement le sourire d'un homme rempli d'amour. Je ne m'en plains pas. Je ne crois pas.
- Salut mon amour, je suis désolée j'ai eu des merdes à gérer j'ai un peu de retard, me dit Léo en me tendant le bouquet de fleurs.
Puis il dépose un doux baiser sur mes lèvres pulpeuses teintées de rouge. Sans même prendre le temps de presser réellement ses lèvres contre les miennes. Comme s'il n'attendait pas de réponse à son baiser. Un baiser mécanique. Furtif.
- Salut beau goss, réponds-je avec mon petit sourire malicieux, consciente du charme qu'il dégage et que mon Léo connait déjà par cœur.
- Ça sent bon, merci ma puce d'avoir préparé tout ça. Tu es sublime. Isabela est couchée ?
- Elle est effectivement endormie, ne laissant que nous deux dans cette grande pièce.
Bien sûr que je l'allume ! C'est mon mari. Je suis perchée sur mes talons à moitié à poil et je suis carrément pompette. Mais c'est à peine si mon Léo me regarde. Enfin, si. Il me regarde. Mais il ne me voit pas. Et c'est pour cette raison qu'il ne me prend pas dans un élan de fougue et de désir.
Il file sous la douche en un temps record, et je reste là, plantée, à attendre.
À son retour, je suis installée à table et je l'attends encore. La nuisette remontée et les bas toujours en évidence. Mais il s'assied simplement à mes côtés.
- Qu'est-ce que tu es sexy ! J'ai tellement de chance d'avoir une femme comme toi ! Me souffle-t-il en me regardant avec des yeux d'amoureux.
« Alors prends-moi, baise-moi sauvagement! Retourne la table, retourne-moi! Fais de moi une femme et pas que ta femme. » C'est ce que je voudrais lui dire. Mais je ne dis rien.
Je lui souris simplement et on se met à dîner. Il me raconte sa journée : les caries, les détartrages, les papiers, les assurances, les rendez-vous. Je fais de même. Isabela et moi qui avons joué à la dinette. Comment je lui ai préparé ses petits pots naturels et bio, tout comme il faut.
Aujourd'hui, j'ai passé ma journée entière à nettoyer, rêvant secrètement de ce que notre soirée aurait pu être, loin de l'ennui actuel. J'aurais aimé qu'elle soit plus chaude, plus excitante. Plus caliente ! J'omets volontairement de lui exprimer cette partie de ma journée et de mes pensées.
Je ne lui dis pas non plus que j'ai dû trouver un stratagème pour occuper Isabela pendant que je m'apprêtais sous la douche, avec mes soins corporels, mes cheveux et mes ongles; que je me suis vraiment faite jolie et sexy pour lui ! Que j'avais envie de plus ! Besoin de plus. Et tout à coup, je me sens de nouveau triste.
J'ai besoin d'un nouveau projet.
- Chéri, j'aimerais travailler.
Ces mots ont échappé à mes lèvres sans que je ne puisse les retenir. En réalité, j'étais encore dans le doute il y a quelques heures quand le cabinet Suarez m'a contacté pour me dire que j'étais sélectionnée pour le poste convoité.
Cependant, le déroulement de cette soirée a fait tilt dans mon esprit.
- Comment ça ?
- C'est plutôt clair non ? J'en ai marre de ne pas avoir de projets à moi. J'ai déjà eu un entretien il y a une semaine pour un cabinet d'avocat.
- Ah oui ? Donc ta décision est prise si je comprends bien. Et c'est pour quel poste ?
Léo s'intéresse à cet entretien. Je vois bien qu'il est surpris, pas forcément dans le bon sens. Je ressens son incompréhension face au besoin irrépressible que j'ai d'en vouloir toujours plus. Mais je suis comme ça. Éternelle insatisfaite. Et capricieuse en plus.
- C'est pour un boulot de secrétaire. Ce n'est pas le paradis, mais ça me permettra de toucher du doigt ce dont j'ai envie.
Il me demande si ce travail me plairait vraiment et m'observe d'un air sceptique.
- Écoute chéri, je veux juste sortir d'ici. J'aime notre vie, je sais qu'on n'a pas besoin d'argent. Mais j'ai juste besoin de bouger. Tu es peu à la maison, je ne te reproche rien, et j'aime notre puce de tout mon cœur, mais j'ai besoin d'avoir des conversations d'adulte. Une vie en dehors de nous.
- Et pour Isabela justement ? Qui va la garder ?
- Je me suis dit que tes parents pourraient... Lui dis-je en affichant une moue mignonne à laquelle il ne sait résister.
- C'est sûr. Bon, et quand commencerais-tu ?
- Dans 15 jours. Ça nous laisse le temps de nous organiser. Pourquoi ne pas trouver une nounou si la solution de tes parents ne convient pas ?
Léo acquiesce. Il se lève en ma direction et me félicite en m'embrassant tendrement. J'en profite pour le serrer contre moi. Je l'aime davantage lorsqu'il fait preuve de compréhension, au moins en apparence. Quand il place mes désirs avant les siens.
Il resserre mon étreinte. Le baiser que nous échangeons devient plus langoureux, plus intense, plus vif. Ses mains se posent et se baladent sur moi, et je me délecte déjà de ce qui m'attend. Ça fait deux semaines qu'on n'a pas couché ensemble. Et il me touche enfin. En général, il est trop crevé quand il rentre du boulot. Et puis la vie, la routine. C'est un homme après tout. Il paraît que les hommes ont plus de mal à comprendre l'importance de se séduire même après des années d'amour. Dommage. Léo n'a jamais été un grand séducteur de toute façon.
17 commentaires
Alsid Kaluende
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Il y a un jour
Lune34
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Il y a 2 jours
Lydie ADI
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Il y a 2 jours
La Plume d'Ellen
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Il y a 16 jours
Lydie ADI
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Il y a 16 jours
Justine Laurier
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Il y a 2 mois
Lydie ADI
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Il y a 2 mois
Patricio
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Il y a 2 mois
Lydie ADI
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Il y a 2 mois
biggy
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Il y a 2 mois