Fyctia
ABANDON
Très vite, IL a fait partie intégrante de ma vie.
Je ne pensais qu’à Lui.
Il m’obsédait.
Je respirais avec Lui. Je me promenais avec Lui.
Il m’accompagnait au travail et chez mes parents. Nous étions inséparables.
Cela ne faisait que quinze jours que nous nous connaissions quand IL a commencé.
D’abord, IL m’a coupé de mes amis.
Après ma visite au Doc Gyneco, j’ai appelé Lucie. Je voulais tout lui raconter.
Lucie était ma BFFE. Best Friend For Ever. Quinze ans que nous nous connaissions. C’est sur les bancs du lycée qu’était née notre belle amitié, à la manière d’un bon vieux cliché. Les deux blondes rivales qui se disputaient les faveurs des garçons jusqu’au jour où, au détour d’une sortie scolaire, nous ne nous étions plus quittées. Nous nous confiions tous nos secrets, échangions nos fringues, nos cigarettes et nos mecs. C’est donc sans crainte que je lui ai parlé de ma rencontre. Nul doute qu’elle serait là pour m’accompagner dans cette histoire qui, je le savais, allait durer.
Le lycée était derrière nous depuis une dizaine d’années. Nous habitions à une centaine de kilomètres l’une de l’autre, et malgré cette distance, nous avions à cœur de nous voir aussi souvent que possible.
Nous avons convenu que c’était moi qui viendrais et nous nous sommes donné rendez-vous sur la plage. Je voulais sentir le sable caresser la plante de mes pieds et cette odeur iodée à laquelle j’étais attachée.
Quand elle est arrivée, nous avons sauté dans les bras l’une de l’autre. Malgré le passage du temps, nous gardions, ensemble, des comportements adolescents.
Nous avons marché le long du rivage.
— Comment vont les garçons ?
— Très bien. Ils te réclament. Quand je leur ai dit que j’allais retrouver Tata, ils voulaient absolument venir avec moi ! Mais j’ai pensé que nous serions mieux en tête à tête pour parler.
— Tu as bien fait. Je ne me serais pas sentie à mon aise s’ils avaient été là. Je suis encore toute retournée.
J’ai pris une grande inspiration et je lui ai raconté ma rencontre avec Lui. Ma surprise, mes craintes mais aussi mes espoirs. Sa présence au quotidien, la place qu’Il avait pris dans ma vie en très peu de temps.
Au fur et à mesure de mon récit, je voyais son visage se fermer. Bien qu’étonnée par sa réaction, je ne me suis pas méfiée. Il est vrai que nous avions toujours été fusionnelle, alors cette rencontre, c’était un peu un nouvel obstacle entre elle et moi.
— Ne fais pas cette tête, s’il te plaît, Lucie.
— C’est juste que je suis inquiète. Tu vis loin de moi et je ne voudrais pas qu’il t’arrive quoi que ce soit. En tout cas, si ça se passe mal, tu sais que tu peux compter sur moi.
Elle m’a prise dans ses bras, puis nous sommes remontées sur la digue.
Nous sommes allées dîner dans un petit restaurant dans lequel nous avions nos habitudes.
Nous avons passé la soirée à rire en partageant, une fois encore, nos nombreux souvenirs.
Au moment de nous quitter, elle m’a à nouveau dit qu’elle serait toujours là pour moi.
Mais après ce soir-là, je ne l’ai jamais revue.
Lui ne me quittait pas. Compagnon de vie. Voilà ce qu’IL était devenu. IL partageait mes matins, mes journées et mes nuits.
IL ne me laissait aucun répit. Où que j’aille, IL allait.
Si j’essayais de m’éloigner pour aller seule faire des courses, rendre visite à un collègue, ou encore à un rendez-vous médical, Il s’invitait. Et je ne pouvais pas lutter. Il me l’aurait fait payer. Je le savais et je n’osais pas même essayer.
J’étouffais mais je ne pouvais pas le quitter. C’était impossible. Je n’en avais ni la force, ni la possibilité. En moins d’un mois, Il avait pris possession de ma vie et tout tournait autour de Lui.
Alors à qui pouvais-je me confier ?
La dernière fois que je l’avais vue, elle m’avait assurée de sa présence indéfectible. Lucie.
Je l’ai appelée, plusieurs fois. J’ai laissé des messages.
Sans réponse, j’ai baissé les bras.
Un matin d’août, mon téléphone a sonné. C’était elle.
J’étais épuisée d’avoir enchaîné des nuits sans sommeil. Lui me regardait en souriant. Satisfait de me réveiller chaque nuit et d’être devenu mon cauchemar vivant. Alors j’ai pris l’appel, m’accrochant à l’espoir que mon amie serait à mes côtés.
— Je suis désolée, j’ai été très occupée.
— Effectivement, j’ai vu ça. Deux mois que tu ne me réponds pas.
— Je sais oui, mais tu sais entre les garçons, le boulot, c’est compliqué.
— Mouais… Si tu le dis. Oublions alors. Quand peux-tu passer à la maison ? J’ai vraiment besoin de te voir.
— Je sais oui, mais ça va être compliqué. On part en vacances demain, et puis après il y a la rentrée…
Je n’ai rien rétorqué. Je n’avais ni le courage, ni l’envie de me heurter à d’autres murs que ceux au milieu desquels Il m’avait enfermée.
Nous avons épuisé les banalités, puis raccroché. Au fond de moi, je savais. Elle ne voulait pas Le rencontrer.
Lucie n’a pas été la seule. Beaucoup de personnes de mon entourage m’ont tourné le dos quand IL est entré dans ma vie. Était-ce moi qui ne les avais pas assez sollicitées ? Était-Il à ce point présent qu’Il leur avait fait peur ? Il est vrai qu’en peu de temps, IL avait pris une place immense dans ma vie. Si j’avais vite compris que notre relation serait difficile, j’étais loin d’imaginer ce que j’allais endurer.
18 commentaires
Azilizaa
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Il y a 4 ans
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Il y a 4 ans
cedemro
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Lyaminh
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Sonyawriter
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Il y a 4 ans