Fyctia
Chapitre 29 🥼🕐 J-34
J-34
J’évite Simon depuis maintenant huit jours. Il m’a prise pour une idiote, alors, j’ai rompu tout contact. Seulement, style de rien, lundi matin, il m'a contactée par message :
Sa proposition m’a stupéfaite, surtout après la scène dont j’ai été témoin vendredi dernier. Je revois encore sa main dans le bas du dos de cette sirène de la côte d'Opale et je frissonne de dégoût. Ils avaient l’air si intimes.
En guise de représailles, je l’ai laissé mariner toute la journée avant de lui répondre :
Message clair et sans équivoque. Je ne lui ai même pas proposé un autre créneau.
Sa réaction n’avait pas tardé :
Et puis, comme il y a quelques jours, le sort s’est de nouveau acharné contre moi. Je l’ai aperçu le mercredi midi en me promenant sur la place du village. Prise de court, je me suis cachée in extremis derrière le coin d'une habitation. Il se fichait de moi alors à quoi bon discuter avec lui ? Ceci dit, curieuse, je l’ai épié de loin un moment. Il semblait pressé. L’air préoccupé et téléphone collé à l’oreille, il est monté dans sa voiture puis a démarré en trombe. Il avait sans doute hâte de rejoindre sa dulcinée.
****
Me prélassant dans mon lit ce samedi matin, je consulte les nouvelles de Lille. J'en profite pour passer un coup de fil rapide à mes parents, leur confie que le temps passe un peu plus vite à présent et cela grâce à Marion. Elle tente de me divertir comme elle le peut. D’ailleurs, la voici qui débarque dans ma chambre.
— Coucou ma belle. Prépare-toi, je t’emmène au Cap Gris Nez. Ça te va ?
Toujours partante pour de nouvelles aventures, j’accepte volontiers.
— Nickel ! On part dans une heure alors. Je viens de passer à la boulangerie.
Marion referme la porte derrière elle. Je pose mon portable sur la table de chevet et me rallonge. Deux bips stridents annonciateurs d’un nouveau message fendent le silence qui règne dans la pièce. Je récupère mon téléphone et suis surprise de voir le nom de l’expéditeur s’afficher. Simon.
À quoi joue-t-il ? Pourquoi insiste-t-il ? Serait-ce un jeu pervers pour lui ?
Désorientée par ce soudain revirement, je reste sur mes positions et décline une nouvelle fois son invitation.
Je sors du lit et me dirige vers ma penderie pour y prendre ma tenue du jour, mais les messages échangés avec Simon me préoccupent. Que dois-je en penser ? Lui qui semble si parfait ne l’est finalement pas. Je ne cesse de me torturer l’esprit. Aucun doute ne subsiste sur le fait qu’il joue sur deux tableaux en même temps. Il me faut éclaircir ce point. J’ai besoin de crever l’abcès et d'être fixée une bonne fois pour toutes. Ni une, ni deux, je prends mon courage à deux mains et lui dégaine la question qui fâche :
Des tas de scénarios différents se mélangent dans ma tête. Jouera-t-il la carte de l’honnêteté ? Ou sera-t-il comme Louis ? Mon instinct avec la gent masculine est-il aussi défectueux que je ne le pense ?
De longues minutes insupportables s’écoulent avant d’entendre la sonnerie résonner dans la chambre. Le verdict est tombé et moi aussi, littéralement.
Mais quel goujat ! Quel salaud ! Quelle enflure ! Je le déteste ! Je me déteste. Je le traite de tous les noms qui me traversent l'esprit mais cela ne suffit pas à me calmer.
Je te déteste, Simon.
Je n'en reviens pas. Je lui tends une perche et il ne la saisit même pas. Je le pensais différent de Louis mais finalement, il n’y en a pas un pour rattraper l'autre.
J'éteins mon téléphone et retrouve Marion au rez-de-chaussée, en train de râler. Elle vient de faire tomber sur le sol une tranche de pain à la confiture. Et tout le monde sait qu'elle tombe toujours du mauvais côté. C’est physique. La loi de la gravité. Je m’imagine alors en train d’entartiner Simon. Le visage dégoulinant de gelée de fruits rouges, il grimacerait de dégoût et d’incompréhension. Je souris à cette idée grotesque. Pourtant, il ne l’aurait pas volée celle-là.
— T’as besoin d’aide ?
— Non, elle m’a glissé des mains. Les sandwichs pour ce midi sont dans le sac. On va se régaler. Mais avant il faut prendre des forces. Un bon petit-déj bien copieux fera l’affaire.
— On a combien de temps de trajet en voiture ? m’intéressé-je.
— Comment ça en voiture ? Merde… t’as pas compris. C’est une randonnée. Quatre heures aller-retour.
La mine décomposée, je souffle de dépit.
— Tu vas pas le regretter. Le paysage est époustouflant.
Sac à dos sur les épaules, baskets, jogging et lunettes de soleil sur le nez, nous empruntons le sentier vers la plage. Je m'arrête une seconde, le vent frais et iodé me remplit de bonheur. J'inspire profondément. Toutes mes pensées négatives s’envolent comme par magie. J’oublie tout. Plus rien n’est important. Je me focalise sur ma respiration et ce rituel me détend instantanément.
Nous longeons un petit chemin sinueux en haut de la falaise. Au détour d'un virage, nous passons devant une roulotte au milieu des herbes hautes, à la décoration extérieure de style hippie. Plusieurs attrape-rêves et des logos "peace and love" sont peints et disséminés un peu partout sur la tôle de couleur rose flashy. Un petit espace extérieur est aménagé, comprenant une table en bois avec des chaises pliantes, protégé par un auvent en tissu. Des lanternes, des carillons qui tintillonnent avec la légère brise venant de la mer, des bougies, de l’encens, décorent l’ensemble.
— Comment a-t-elle fait pour se retrouver ici ? Y'a même pas de route ! Quelqu’un vit dedans ? apostrophé-je Marion.
— Oh, ça, c'est LE mystère de Châtelet. Madame Crystal vit ici depuis toujours. C’est une personne pour le moins atypique. Cela fait un moment que je ne l’ai pas vue d’ailleurs. J’espère qu’elle va bien. Attends.
Mon amie s’avance alors vers la porte et toque. Mais personne ne répond.
— Elle n’est pas là. J’espère pouvoir te la présenter mais elle vient rarement au village. Elle aime sa tranquillité.
— Pour être tranquille, elle l’est. Pas de voisins. À part les mouettes. C’est le pied total !
— Oh mais c’est que tu commences à apprécier le calme de la campagne ?! jubile Marion.
— Tu vas vite en besogne. J’ai juste dit…
— Tu vas t'enfoncer alors arrête…
Le petit sourire moqueur qu'elle affiche annonce la couleur. Marion pense arriver à ses fins. Et… finalement, elle n'a pas tout à fait tort. Je commence à aimer ce trou paumé. Vraiment.
16 commentaires
Caroline-Noëlle
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Il y a 2 ans
clecle
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Maddy Son
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Axelle Georges
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Maddy Son
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Il y a 2 ans