Maddy Son 🍀Lucky 🍀 Chapitre 27 🥼🕐 J-42

Chapitre 27 🥼🕐 J-42

J-42


Suite à notre balade sur la plage, aucune nouvelle de Simon. Trois jours, ce n'est pas grand chose quand on y réfléchit… Mais d'un autre côté, trois jours après un rencard… c'est une éternité. À moins que… cela n'en était finalement pas un. Je n'ai pas imaginé cette complicité entre nous pourtant ! Ou peut-être que si. Alors oui, il est maire. Oui, il est barman. Oui, il est pompier bénévole et oui, il est prof de sport… mais ça ne change rien au fait qu'il puisse me donner des nouvelles. Il a mon numéro à présent !


J'essaie de l'oublier le temps de rendre visite au père de Laurent Rose. Dans mon planning ultra-chargé de neuf à dix-neuf heures, je n'avais pas encore trouvé de créneau. J'ai donc pris la décision de rogner sur ma pause déjeuner du vendredi. Le vieil homme vit en face du pré dans lequel se prélassent parfois les vaches de Robert et Jeanne-Marie. En contrebas, coule le Châtelet, la rivière qui traverse le village. D'ici, la vue est époustouflante. Monsieur Rose jouit d'un panorama à couper le souffle sur la Manche et les falaises de craie du Cap Blanc Nez. Le ciel est dégagé mais pas suffisamment pour pouvoir observer les côtes anglaises.


Dans ce cadre champêtre, trône une demeure imposante d'un étage aux murs en pierre salis par les intempéries et les années passant. Du lierre a envahi toute la façade et ses lianes s'enchevêtrent dans les joints abîmés. A contrario, les espaces verts sont bien entretenus. Au printemps, cet endroit doit être absolument magnifique. Un paradis floral où tulipes et jonquilles sont disséminés le long de la grille en fer forgé. J'imagine les buissons de rhododendrons de différentes couleurs, ou encore ces rosiers épineux qui ne demandent qu'à faire naître de nouveaux bourgeons. Une multitude de nuances et d'odeurs apaisantes que je n'aurai pas l'occasion d'apprécier, car d'ici là, j'aurai déjà retrouvé mon cocon à Lille. 


C'est donc impressionnée que j'avance sur le parking de graviers blancs. Quelques marches m'amènent vers une double porte vieillissante, qui aurait besoin d'un bon coup de ponçage et de peinture. De part et d'autre, deux immenses pots en terre cuite gardent l'entrée. Dans ces derniers, sont plantés des arbrisseaux parés de grappes de petites boules rouges aux effluves puissants et aromatiques.


— Des skimmias ! s'esclaffe une voix derrière moi. Des plantes de saison !


Je me retourne et découvre un homme aux cheveux poivre et sel, au teint hâlé, vêtu d'une salopette, d'une chemise à carreaux bleus et blancs ainsi que de bottes en caoutchouc. Une pelle dans les mains, il s'appuie sur le manche avec difficulté.


— Je ne connaissais pas cette variété ! rétorqué-je avec enthousiasme. C'est magnifique ! Vous êtes monsieur Rose ?


— Qui le demande ?


— Docteur Élisa Delatour, je remplace…


Pas le temps de finir ma phrase que mon interlocuteur m'interrompt aussitôt :


— Je sais qui vous êtes. Vous êtes venue pour rien. Vous pouvez repartir.


Son ton se fait tout de suite moins accueillant et plus ferme. Il pose sa pelle, se met à genoux et s'affaire à retirer les mauvaises herbes qui tentent une évasion à travers les petits cailloux. D'une main, il se tient le bas du dos. Il souffre, certes en silence, mais je vois clair dans son jeu.


— Monsieur Rose…


— Michel, moi c'est Michel. Je n'ai besoin de personne. Laurent devrait se mêler de ses affaires. Vous voyez bien que ça va. Je m'occupe de mon jardin. Mon fils refuse que je vienne bosser avec lui. Je me fais chier et je dois bien passer le temps du coup !


— Et pourquoi donc d'après vous ? Pourquoi refuse-t-il que vous effectuiez les marchés avec lui ? D'ailleurs, est-ce vraiment raisonnable de travailler au jardin ? De solliciter ainsi votre dos, plutôt que de vous reposer ?


— Je sais pas ! Il invente n'importe quoi pour m'empêcher de bosser. Mais je fais ce que je veux ! J'ai passé l'âge qu'on me dicte quoi faire ! 


— Cela n'a rien à voir et vous le savez très bien. Il s'inquiète pour vous. Laurent m'a confié que vous aviez fait une chute dans les escaliers et que depuis, vous souffrez. 


Le jardinier grommelle entre ses dents.


— Je n'ai pas mal, affirme-t-il.


En essayant de se relever, il pousse un cri rauque lorsqu'un éclair de douleur le surprend soudain au niveau des reins. 


— Clairement, vu votre grimace, permettez-moi d'en douter. J'aimerais vous ausculter pour être certaine qu'il n'y a rien de grave. Cela prendra quelques minutes à peine. Après, je déguerpirai, je vous le promets.


Je me précipite vers lui et supporte son poids du mieux possible. Je l'oblige à rentrer et l'allonge sur le canapé du salon. L'intérieur de la maison est dans son jus et tout comme la porte d'entrée, mériterait un bon rafraîchissement. De la poussière recouvre d'une fine couche les vieux meubles massifs rétrécissant drastiquement l'espace. Visiblement, Monsieur Rose s'occupe bien mieux de son jardin que de sa maison. Sur le canapé, il gémit et tente de trouver une position moins douloureuse.


— Vous n'aviez pas mal, vous disiez ?


C'est plus une affirmation qu'une véritable question.


— C'est rien de méchant, je me suis fait un tour de reins en me relevant voilà tout ! Ça arrive à beaucoup de gens. Ça va passer.


Je pose ma sacoche en cuir sur la table basse envahie de catalogues de jardinage et de fleurs. Je lui demande s'il peut se rasseoir, pour que je jette un œil à sa colonne vertébrale, puis le manipule avec précaution. Lorsque mon pouce appuie sur une zone sensible, il hurle. Je stoppe aussitôt. 


— Bon, il va falloir passer une radio. Je vous établis une ordonnance. Si vous voulez, je peux prendre un rendez-vous et m'arranger pour vous y emmener ?


— Non laissez, je vais m'en occuper. Je verrai avec mon fils.


— Vous êtes sûr ?


— Certain.


— OK soit. Je vous prescris également un anti-douleur en attendant et beaucoup de repos. Stop le jardin. C'est compris ?


Michel Rose roule des yeux. J'ai conscience que je l'emmerde sérieusement. Monsieur est un dur à cuire, une tête brûlée. Cependant, il ignore que moi aussi… mais puissance dix. Je vais veiller au grain.


Une fois ressortie de chez lui et installée dans ma voiture stationnée sur le bas-côté de la route menant à sa propriété, je suis surprise par une voiture qui me dépasse à vive allure sans me prêter la moindre attention. Le poing levé, j'insulte le chauffard que j'aperçois très succinctement et réalise que c'est Simon. Enfin… il en a tous les airs. Enfin… peut-être l'ai-je rêvé ? Et puis, un maire ne transgresserait pas ainsi le code de la route, si ? Cet homme s'immisce un peu trop dans mon esprit et j'ai l'impression de le voir partout ! 


Trois jours. 


Trois jours que Simon est aux abonnés absents et je m'interroge de plus en plus. Il me faut assouvir cette curiosité qui me ronge même si ce vilain défaut m'a déjà joué des tours par le passé. J'arrête donc de tergiverser. C'est donc la clef insérée dans le démarreur que j'enclenche le mode filature et que je revêts… mon costume de détective privé.

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11 commentaires

Romy Bexley

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Il y a 2 ans

Plein de soutien !!!👍🏼🥰

Ana_K_Anderson

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Il y a 2 ans

<3

Aurora Auremma

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Il y a 2 ans

💜

Mélia MC

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Il y a 2 ans

Petit coup de pouce, bonne chance pour le concours !! N'hésite pas à passer lire notre roman "L'amour en plusieurs étapes" :)

Rose Foxx

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Il y a 2 ans

Salut ! Je voulais te dire à quel point j'ai adoré ce chapitre ! Franchement, tu as su créer une ambiance tellement immersive et captivante. J'ai été totalement transporté sur cette plage et dans la demeure de Monsieur Rose. Tes descriptions détaillées m'ont permis de visualiser chaque petit détail, des murs en pierre aux pots de skimmias. C'était comme si j'y étais ! Et puis, l'intrigue se corse avec le mystère autour de Simon. Trois jours sans nouvelles après leur rendez-vous, ça fait beaucoup de questions qui se bousculent dans ma tête ! Je suis aussi intrigué que la protagoniste pour découvrir ce qui se passe. Et la rencontre avec Monsieur Rose, quel personnage ! Son caractère têtu et sa préférence pour son jardin plutôt que de se reposer malgré ses douleurs, ça donne du relief à l'histoire. Ton style d'écriture est super fluide et agréable à lire. J'ai été complètement happé par l'histoire et les dialogues si réalistes entre les personnages. Et j'adore comment tu développes la protagoniste, le Dr Élisa Delatour. Sa détermination à découvrir la vérité sur Simon malgré ses doutes, c'est génial ! Franchement, bravo pour ce chapitre plein de suspense et d'intrigue. J'ai vraiment hâte de savoir la suite et de voir comment la protagoniste va mener son enquête. Continue comme ça, tu as un vrai talent pour raconter des histoires captivantes !🎀

Maddy Son

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Il y a 2 ans

Merci bcp pour ton retour, ça fait chaud au cœur ❤️ ❤️

Fanfan59166

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Il y a 2 ans

Quel suspens ..j attends la suite avec impatience

Elisha Lowann / Myrtille Lalau

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Il y a 2 ans

Mais où est Simon ! Merde…

Patricia Eckert Eschenbrenner

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Il y a 2 ans

Moi aussi je veux savoir ce qu'il fiche, non mais!

clecle

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Il y a 2 ans

Et si finalement monsieur Parfait ne l'était pas tout à fait ? Du genre à laisser en plan une fille dingue de lui ou pire : c'est peut-être effectivement un chauffard !!
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