Maddy Son 🍀Lucky 🍀 Chapitre 21 🇮🇪🤝🏡👨‍🚒

Chapitre 21 🇮🇪🤝🏡👨‍🚒

— Jean-Paul ? Non, c'est vrai que j'l'ai pas vu c'ti là, s'étonne Yves. Il est passé où c’t’idiot ?


Un couple s'avance vers Simon. Une petite femme, cheveux gris coupés courts, se réchauffe en enfilant une polaire par-dessus son pyjama nettement plus discret que le mien. Elle récupère son chihuahua réfugié dans les bras de son supposé mari. Visiblement stressé par le brouhaha environnant, elle le cajole. L’homme à ses côtés, coiffé d’une casquette au motif écossais, semble soucieux. En ôtant son couvre-chef, son crâne dégarni se dévoile. Téléphone vissé à l’oreille, il tente sûrement de l'appeler.


— No bips, s'enquiert-il avec une intonation très britannique.


Sa façon de s'exprimer dénote en comparaison de l’accent ch’ti à couper au couteau !


— On a été évacués din l'rue. Y peut pô être à s’baraque, ajoute Yves, lui aussi inquiet.


Simon, équipé d'un talkie-walkie lui permettant de suivre l’intervention des pompiers, leur demande confirmation en indiquant le numéro de sa maison. L'appareil grésille. Chacun attend avec impatience la réponse qui rassurera tout le monde. De longues secondes sont nécessaires pour obtenir enfin un retour.


— Affirmatif Simon. On a frappé plusieurs coups mais personne n'a ouvert. La maison est vide. Terminé.


— Bien compris. Terminé.


Simon, à la fois chef du village et pompier volontaire ce soir, coupe la discussion avec un de ses camarades de brigade.


— Walter, tu as eu de ses news récemment ?


— Only one message. Il a quitté le bar pour rentrer at home, il se sentait…


— Chui bête mi, l'interrompt aussitôt Yves. J'aurais dû min rappeler. Il a des soucis de transit, pour être poli. Y doit être coincé au water ou y'est tombé din l'trou.


— Water ? demande la petite dame. What is it ?


— Restrooms, darling, in french toilettes, rebondit son mari.


Des fous rires résonnent dans toute la pièce. Seul Simon reste impassible.


— Trêve de plaisanterie. Nous n'avons pas une minute à perdre. Walt, tu viens avec moi. Les autres, vous restez ici.


— Walt, no ! s'angoisse la dame, en s’accrochant au bras de son époux pour le retenir.


— Gemma… Stay here please. Don't worry !


Walter demande à sa femme de rester en sécurité, de ne pas s’inquiéter et dépose un baiser sur son front ainsi qu’une rapide caresse à son chien avant de suivre Simon vers la sortie.

 

— Simon, crié-je. Je viens avec vous et c'est non négociable.


Ferme sur mes positions, je ne lui laisse pas le choix. Il sait d’ores et déjà qu’il n’aura pas le dernier mot, alors, c’est résigné qu’il approuve d’un haussement d’épaules. Nous nous précipitons vers la sortie, les rafales de vent soufflant toujours aussi fort. Je manque de tomber. Walter agrippe alors mon bras pour m'aider. Celui-ci profite de ce rapprochement inopiné pour faire plus ample connaissance avec moi.


— Hello miss. My name's Walter. And you ?


Je me risque à lui répondre en anglais.


— Élisa ! Where… where do you come from ?


— From Galway in Ireland. Have you ever been there ? It's kind of different from here but you would love it for sure !


Il parle vite. Mon Dieu, je n'ai compris que le début de sa phrase, sa prononciation so british me laisse pantoise. Que faire ? Faire mine d'avoir tout saisi, sourire et hocher la tête bêtement ? Pas besoin car Simon juge bon de traduire. Son air taquin confirme qu'il a noté ma détresse intérieure.


— Walter vient de Galway en Irlande, intervient-il. Il te demande si tu y es déjà allée ! C'est différent d'ici mais tu adorerais !


— Simon… j'aurais besoin d'un traducteur d'anglais et de ch'timi à l'occasion ! m'amusé-je à mon tour.


Des clins d'œil entre nous fusent mais je me concentre sur Walter et sa question. J'essaie de lui expliquer, avec mon anglais scolaire, que je me suis rendue une fois en Irlande pour un road trip et un concert à Cork dans le sud. Un souvenir inoubliable, des paysages incomparables et magiques, les châteaux, les immenses espaces verts, les lacs du Connemara ainsi que les falaises de Moher. Absolument époustouflant. L'homme à la casquette a remarqué lui aussi que son accent très prononcé ne facilitait pas la communication. Il change d'approche et reprend dans un franglish très drôle.


— I know, I know… Nous sommes venus in France three years ago pour des holidays et nous sommes… How do we say ? Restés ?


Je souris et le laisse poursuivre :


— Nous avons a bed and breakfast in Galway, you know. Notre daughter Suzie travaille là-bas ! Nous avons vu le wonderful potential pour open un autre ici et voilà ! No regrets !


Avec mes yeux de citadine, j'ai du mal à voir la Côte d'Opale comme un "wonderful potential". C'est sûrement dû à la saison. Rien de plus déprimant que le passage de l’été à l’hiver, qui gâche ce beau panorama. Quoi qu'en Irlande, Mère Nature, ne les gâte pas plus !


— You are so lucky, Ireland is a beautiful country !


— Beaucoup de britanniques viennent s’installer dans la région, notamment pour leur retraite, ajoute Simon. Walt et Gemma ont leur gîte en bas de la rue.


Nous interrompons notre conversation passionnante une fois devant la maison de Jean-Paul.


— Les volets sont fermés, constaté-je. Pas moyen de voir à l’intérieur. Mince !


Simon toque plusieurs fois mais aucune réponse, la porte reste close.


— J’ai besoin d’aide ici, hurle-t-il. Faut venir avec le bélier. On doit rentrer tout de suite.


Deux pompiers arrivent en courant, puis un seul s'élance avec une grosse matraque noire, quand soudain, Walt les intime de tout stopper.


 — God ! No ! Stop ! Jean-Paul cache une clé dans un pot de terre. Wait a minute. Je cherche !


La tension est palpable. Simon s’impatiente mais Walter réapparaît quelques instants plus tard avec le fameux sésame. Il le transmet au maire qui l’introduit dans la serrure.


— Jean-Paul ! Jean-Paul ! Tu es là ? s’époumone Simon en pénétrant dans la maison.


Il colle la main au mur à la recherche de l’interrupteur. La suspension en rotin illumine enfin la pièce à la déco cosy. Les deux hommes vérifient le rez-de-chaussée alors que je file à l’étage. Sur le palier, je découvre avec effroi le gérant du bar, allongé au sol.


— Simon, Walter ! Je l’ai trouvé, m’écrié-je à leur encontre. Jean-Paul ! Réveillez-vous !


Je me précipite vers lui et relève son pouls. Sa respiration est lente. Il a perdu connaissance. Je lui tapote la joue mais rien n'y fait. Les pompiers accourent immédiatement, je m’écarte pour les laisser faire leur travail. Ils l’auscultent, prennent sa tension et lui enfilent un masque à oxygène.


— Y’a plus qu’à attendre. Il s’est juste évanoui. Il devrait se réveiller bientôt.


Malgré les paroles rassurantes du soldat du feu, l’angoisse grimpe. Les yeux braqués sur lui, je me ronge les ongles bien que d'ordinaire, ce ne soit pas mon style. Les secondes défilent aussi lentement que les heures. L’espoir renaît quand j’aperçois ses paupières papillonner, puis s’ouvrir doucement.


— J’chui au paradis ou quoi ? Pourquoi le doc’ est habillé en lapin rose ? chuchote Jean-Paul, en reprenant ses esprits.

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11 commentaires

ClemZ

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Il y a 2 ans

J'aime beaucoup le fait que tu ais amené la traduction à travers un dialogue ou de la narration pour ne pas encombrer ton texte. La réaction de Jean-Paul à la fin, c'est quelque chose ! J'imagine que découvrir son médecin dans un tel accoutrement après s'être réveillé doit être bizarre !!

Patricia Eckert Eschenbrenner

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Il y a 2 ans

Ouf il va mieux! Simon est vraiment... parfait!

Maddy Son

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Il y a 2 ans

Oui parfait... jusqu'à quel point ?!

Caroline Guerini

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Il y a 2 ans

👍❤️

clecle

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Il y a 2 ans

Jean-Paul a tout compris : il vient de se réveiller dans une comédie romantique. Bienvenue coco :)

Maddy Son

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Il y a 2 ans

🤣 sacré Jean-Paul
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