Fyctia
Chapitre 18 🍺💬💞⛈️
— Je vous ressers, docteur ? me demande-t-il.
— Volontiers monsieur Le Maire !
Timide, je ne le suis pas. Dans mon métier, il ne vaut mieux pas.
— Alors… comment s'est passée votre première semaine à Châtelet ? Vous avez pris vos marques ? s'intéresse-t-il. Les habitants ne vous ont pas trop fait tourner en bourrique ?
Je ris. Je ris bêtement. Un peu trop d'ailleurs. Et ce n'est pas mon genre habituellement. Je ne maîtrise pas ce rire nerveux et sûrement ridicule. Je ne maîtrise rien en tout état de cause.
— Les habitants sont surprenants, c'est certain. Ils devaient mettre les nerfs de mon prédécesseur à rude épreuve. Peu de moments d'accalmie. C'est du non-stop quasi.
— Disons que le prédécesseur aurait dû lâcher du lest bien avant mais il a fait comme il a pu. On est resté plus d'un mois sans médecin avant que vous n'arriviez. Il a besoin de repos.
— On peut se tutoyer ?
En guise de réponse, un sourire à en faire pâlir plus d'une. Et ce mec est célibataire ? Trop beau pour être vrai.
— Qu'est-ce qu'il a eu si ce n'est pas indiscret ?
— Je préfère ne pas en parler. Tu es là pour prendre sa relève, c'est l'essentiel. Châtelet t'en remercie.
Le torchon balancé sur l'épaule, un voile de tristesse obscurcit soudain son regard bleu azur.
— Sinon ! se reprend-il. Marion s'occupe bien de toi ?
— Marion est une hôte incroyable. J'ai cru comprendre que vous étiez parents ?
— Oui en effet. Sa mère et ma mère sont cousines. Ce qui fait de nous des cousins éloignés.
— Il ne me semble pas qu'elle t'ait jamais mentionné auparavant. Pourtant nous sommes amies depuis toutes petites…
— C'est marrant parce que c'est comme si moi, je te connaissais depuis toujours, m'avoue-t-il.
Tout à coup, le rouge me monte aux joues et mon corps se contracte. Je gesticule sur la chaise haute, embarrassée par cet aveu.
— Ah… ah bon… comment ça ? balbutié-je.
— Marion vante les mérites et le parcours de sa meilleure amie à tout le village. Tu es pour elle un véritable modèle de réussite.
— Elle exagère sûrement un peu… Marion est du genre à édulcorer la réalité.
— Je ne suis pas d'accord sur ce point… De ce que j'ai pu entendre à droite et à gauche ces jours-ci, ta patience et ton altruisme sont très appréciés. Je l'ai vu aussi de mes propres yeux ce matin au marché. Et en plus de ça, tu as…
La voix tonitruante d'Yves Leborgne s'élève dans le bar nous coupant dans notre conversation et détournant l'attention de Simon. Ma curiosité ne sera pas sustentée ce soir visiblement. La suite… au prochain épisode. Yves accuse Antoine d'avoir triché et les deux s'emportent. Marion essaie d'apaiser les gaillards, sans succès.
— Oh le vent se lève sérieusement, alerte Robert en jetant un œil par la fenêtre. On devrait y aller Jeanne. Ça va souffler cette nuit.
À ces mots, Yves et Antoine stoppent net leurs chamailleries pour constater par eux-mêmes que pluie et vent se sont intensifiés. Tous se mettent d'accord pour rentrer. Chacun paie ses consommations et quitte le bar dans la foulée en souhaitant bonne nuit aux autres. Marion s'approche de moi avec un immense sourire plaqué sur les lèvres.
— Alors vous deux, ça discute ?
— Une tempête se prépare les filles, vous devriez rentrer vous aussi. Je vais envoyer un message à Jean-Paul pour lui dire que je vais fermer plus tôt finalement, répond Simon.
— C'est ce qu'on va faire, dit Marion, reprenant son sérieux.
Elle enfile son manteau et m'enjoint à la suivre.
— Vas-y Marion, j'arrive dans deux minutes. Je vais régler les bières et te rejoins chez toi.
La petite brune s'exécute, non sans m'adresser un petit clin d'œil empli de sous-entendus. Je sors donc ma carte et passe à l'encaissement.
— Merci doc ! s'exclame le beau blond lorsque le TPE expulse le ticket bancaire.
Je pensais qu'il allait reprendre la conversation là où nous l'avions stoppée mais malheureusement il n'en est rien. Je devrais donc m'en contenter et rester sur ma faim. Cependant, au moment où je m'apprête à lui souhaiter une bonne nuit, il se lance :
— Au fait, ce matin au marché… Tu as été géniale. Personne n'aurait pu faire mieux. Si tu n'étais pas intervenue, ils en seraient venus aux mains. Qui sait comment ça se serait terminé ? Les habitants tiennent à leur marché. Si Thomas et Cerise décident d'arrêter de collaborer, on pourra faire une croix sur fruits et légumes. Alors, je tenais à te dire merci, au nom de tous.
C'est emplie de fierté qu'un sourire satisfait s'étire sur mon visage.
— Je t'en prie…
— On a besoin de gens comme toi ici. C'est sincère.
Sur ce compliment, il détourne le regard mais sourit, creusant une jolie fossette sur sa joue droite.
— Bonne soirée Simon…
— Bonne soirée… Élisa.
13 commentaires
ClemZ
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Il y a 2 ans
Elisha Lowann / Myrtille Lalau
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Il y a 2 ans
clecle
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Il y a 2 ans
Maddy Son
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Morgane Rigan
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Il y a 2 ans
Maddy Son
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Il y a 2 ans