Fyctia
Chapitre 3 🚙🎶🤠👢
Ma conversation avec ma meilleure amie me trotte dans la tête. Je regrette de lui avoir ri au nez puisque sa proposition éveille ma curiosité. J’ai failli tout faire foirer avec mon erreur de traitement. Si l'infirmière avait, elle aussi, manqué d'attention, la patiente aurait pu y passer et ma carrière aurait été fichue. Non... Je ne peux pas me laisser aller de cette manière. Pas à cause de lui. Je dois prendre du recul et changer d'air. Celui que je respire est devenu trop suffoquant, trop étouffant.
Même si cette idée farfelue trace doucement son chemin dans mon esprit, elle est en complète contradiction avec la personne que je suis : une pure citadine pour qui le confort est une nécessité. J'ai toujours vécu dans la métropole lilloise. J'y ai mes habitudes, mes boutiques de vêtements, mes restaurants, mes parcs préférés. Arpenter les ruelles pavées est un de mes passe-temps favoris. Jamais je ne pourrais quitter cette ville, ne serait-ce que pour quelques semaines.
Je klaxonne. Ma mère, déjà sur le qui-vive, chapeau sur la tête et santiags aux pieds, m'attend sur le perron.
Le mercredi, c'est soirée country, hiii haaa !
Sourire aux lèvres, cette dernière s'avance lorsque ma voiture ralentit à sa hauteur.
— Salut Maman, comment tu vas ?
— Coucou ma puce. Bien... bien... Tu sais que je suis toujours impatiente de te voir.
— Dis plutôt que tu es impatiente d'aller danser ! la taquiné-je.
— Tu m'as démasquée ! Je ne peux rien te cacher décidément.
Nous rions aux éclats mais je sens son regard peser sur moi alors que je redémarre. Elle me connaît par cœur. Elle sait quand le moral n'est pas au beau fixe. J'essaie de noyer le poisson en chantonnant le refrain d’I feel lucky today, parce que, je le sais, la chance finira par tourner. Cependant, impossible de la duper.
— C'est quoi cette mine affreuse ma chérie ? Tu as l'air contrariée. Quelque chose te tracasse ?
Ma mère s'inquiète pour sa fille adorée. D'ordinaire, en tant que femme forte, je ne me permets aucun relâchement, mais aujourd’hui, le stress prend le dessus. Je lui explique tous mes déboires au boulot, sans oublier le principal, ma mise en retrait suggérée vivement par mon supérieur.
— Ma chérie. Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé avant ? Tu peux tout me dire. Que vas-tu faire ? Poser des congés ? Je suppose que tu n'as pas le choix. Tu devrais partir quelques jours au soleil. Tu as le teint pâle.
— Merci Maman. Ça fait plaisir ! On en reparle plus tard. Là, j'ai besoin de me vider la tête et de ne penser à rien d'autre.
Notre engouement commun pour la danse country nous a énormément rapprochées. Qui a eu cette idée ? Je ne m’en souviens même plus. Notre crédo était de nous amuser, rire et passer du bon temps ensemble. L’initiation gratuite, un vrai traquenard, s'est transformée en une réelle passion. C’était il y a cinq ans. La country nous a adoptées et nous compte aujourd'hui parmi ses plus fidèles adhérents. Mon agenda de médecin overbooké affiche toujours ce créneau comme indisponible.
Nous passons les portes de la salle des fêtes. Les apprentis-danseurs sont déjà tous prêts, sur la piste. Nous faufilant à nos places habituelles, nous effectuons quelques pas de danse. L’animateur décide de ne pas nous épargner aujourd'hui. Le rythme intense nous achève. Le jour où je donnerai des cours moi aussi – eh oui je suis en phase d’apprentissage pour devenir professeure – je serai plus indulgente avec mes élèves. Quoique… non. Je prendrai un malin plaisir à les torturer ! J'ai tellement hâte !
Les danses s'enchaînent à un rythme effréné. Les pauses ultra-courtes nous laissent peu de répit. Alors au milieu d'une chorégraphie, je confie à ma mère que Marion m'a proposé de venir l'aider à son cabinet.
— Oh mais c'est génial. Où habite-t-elle déjà ?
La musique à fond, nous peinons à nous entendre mais continuons notre conversation entre deux tours complets. Je lui indique la ville sous les cris de cow-boys des uns et des autres. L'ambiance américaine dans toute sa splendeur.
— J'y suis déjà allée avec ton père, s'exclame-t-elle. C'est magnifique avec son château et sa longue plage de sable fin. Tu pourrais t'y plaire si tu acceptes.
Elle me tire par le bras pour nous mettre sur le côté avant de continuer :
— La ville est charmante et huppée. Moins touristique que Le Touquet à côté mais ce n'est pas plus mal. Elle est authentique et a un charme fou. Ton père m'avait invitée dans un super restaurant de poisson, un délice. Tu n'as rien à perdre à y aller et tu le sais très bien.
Sur ces belles paroles, le cours est déjà terminé. Sans vraiment insister, ma mère me pousse doucement à prendre le large. Or, la fuite n'a jamais rien résolu. Abandonner ne fait pas partie de mon vocabulaire. Je suis une battante. Je l'ai toujours été.
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Agathe Pearl
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Patricia Eckert Eschenbrenner
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clecle
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