Fanny, Marie Gufflet LOVED Chapitre 10-2

Chapitre 10-2

— Tu dois te différencier des autres sis. Tu dois marquer des points pour gagner son coeur.

Gagner son coeur ? Hum ! Hardly. Je n’ai pas envie de perdre le mien au passage.

— Tout ce dont je désire c’est rester le plus longtemps possible pour vous. Le temps d’emmagasiner suffisamment d’argent pour retomber sur nos pattes et devenir amie avec lui. C’est tout !

— Ava…c’est…c’est…mal ! intervient maman, la tête rivée sur le côté. Tu…l’u…l’utilises !

— Non ! m’indigné-je. Je me sers de son argent, pas de lui. En plus, je veux vraiment apprendre à le connaître. J’aimerai même garder contact.

— C’est tout ? Tu n’éprouves donc rien à son égard ? insiste Charlotte, la main posée sous son menton.

— Nope !


Le reste de la soirée se poursuit dans un flot de rires. Ce n’est qu’a 1h du matin que nous décidons de se coucher. Charlotte regagne sa chambre, je reprends la mienne. Je lâche mes cheveux qui retombent sur mes épaules, retire le pull de maman et mes vêtements que j’envoie ballades sur le sol. J’enfile mon vieux pyjama avant de me fourrer dans mon lit. Je tapote l’oreiller et le retourne pour lui donner une forme adéquate. Ce que je trouve sous le coussin me foudroie le coeur. LA LETTRE. La fameuse lettre dont je n’ai pas eu le courage d’ouvrir depuis toutes ces années. Si elle est là, ça veut dire que Charlie a fouiné dans mes affaires. Elle a trouvé la cachette sous mon lit. Quelle enquiquineuse !

Je repousse rageusement les draps, pose mes pieds sur le sol. À tâtons, je cherche cette fichue boîte en carton. Elle a glissé au fond contre le mur. Je la tire vers moi dans un vacarme sourd. Je l’ouvre. Tout est là : mes vieux démons dissimulés sous mon lit. Les photos du passé, les cailloux ramassés avec papa au bord du lac, les paquets de bonbons. Ces derniers me reluquent avec désir. Je me dégoûte pour ce que je m’apprête à faire. Cela fait un an que je n’avais pas replongé dans mon addiction, la nourriture. C’est plus fort que moi ! Dès que je me sens seule, dès que je me sens mal, je plonge dans le gouffre infernale du chagrin. Je noie ma solitude en fourrant des poignées de jelly fish ou de nourriture dans ma bouche. Revoir la lettre m’a ramené à la dure réalité que je cherche à éviter à tout prix. Elle a réouvert la plaie que je tentais de couvrir d’un simple pansement.

J’ouvre le paquet, plonge ma main dans les bonbons et les fourre dans ma bouche. Quelques-uns tombent sur le sol, d’autres glissent de mes lèvres. Telle une furie, je me presse de les ramasser. Je me goinfre encore et encore. Le goût acidulé et sucré réveille mes papilles. Je me délecte à l’idée de me remplir, de meubler cette abîme-là. J’envahis ce vide que j’éprouve à mon sujet : je suis vide d’intérêt pour les hommes. Vide d’intelligence car j’ai cessé les études. Dépourvue de beauté. Démunie de vulnérabilité. Vide de protection. Je compense l’absence de mon père, ce trou qu’il a laissé dans mon coeur, par la nourriture. J’en avale davantage jusqu’à ce que le paquet se vide, jusqu’à ce en avoir des hauts le coeur. Étrangement, je me sens soulagée. Réconfortée. Remplie.

Puis la culpabilité me ronge. Qu’ai-je encore fait ? Je me rue vers les toilettes sans faire de bruit. J’ai des années d’expérience à dissimuler l’évidence. Des années de pratique à fureter dans les couloirs sans réveiller les miens. Des années à me cacher des autres.

J’ouvre la porte, me glisse dans le noir vers la cuvette des W.C. Je dois réparer les tords. Je prends soin d’attacher mes cheveux, puis fourre deux doigts au fond de ma bouche pour vomir. Des spasmes me secouent. Je sue comme un porc.

Je me mets soudainement à pleurer, tout en essuyant ma bouche du revers de la main. Cela faisait un an. Douze mois que j’avais enfin stoppé. Et ce soir, il a fallu que je rechute. Il a fallu que le monstre que j’avais créé depuis cette fameuse nuit, est réapparu pour m’emmener avec lui dans les bas-fonds.

Je retourne dans mon lit avec le monstre calfeutré dans mon âme. Je sens ses griffes se poser sur moi, lacérant le peu d’estime qu’il me reste de moi. Et je m’endors avec cette pensée insidieuse : je suis seule, les hommes finissent toujours par me quitter.



***J'ai enfin trouvé comment faire les remerciements (enfin je crois) LOL. Sinon, n'hésitez pas à passer me voir sur Seconde Chance (concours Populaire), j'ai besoin de vos avis et retours... Retrouvez-moi également sur Wattpad (j'ai écrit 5 histoires déjà finies). Mon pseudo est Marie Gufflet 0

Bisous et à bientôt

Tu as aimé ce chapitre ?

6 commentaires

stanos974

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Il y a 7 ans

Genial

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 7 ans

Bientôt

Patricia L974

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Il y a 7 ans

Vivement la suite !

Pauline Maël Dianin

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Il y a 7 ans

Je l'ai lu déjà

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 7 ans

Mrrci Pauline je mets la suite dans la journée

Pauline Maël Dianin

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Il y a 7 ans

J'ai adoré bravo
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